id
stringlengths 3
248
| text
stringlengths 433
1.85M
|
---|---|
Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/671
|
de sa bande. La civilisation avait vaincu. Ce sont ces victoires qui font la joie et l’espérance de Jacob Riis.
Dans un réduit sordide où végétaient de pauvres enfans peu accoutumés aux cadeaux, il dressa un arbre de Noël. Trois semaines après, l’arbre verdoyait encore, debout dans un coin de la chambre : — J’ai eu bien envie de le brûler du froid qu’il fait, dit la mère, dont le mari était à l’asile des aliénés, mais je n’ai pas pu. C’est si gai de l’avoir là !
— Mon arbre, ajoute Jacob Riis, avait produit les fruits que je souhaitais.
Il saisit ainsi toutes les occasions de consoler en moralisant, et il s’entend à les faire naître. Ses propres enfans ont un jour l’idée de le charger, pour les petits pauvres, de bouquets cueillis dans les champs. L’idée lui paraît heureuse et, le soir même, un soir de juin, il écrit dans son journal : « Les trains, qui amènent chaque matin des milliers d’individus de la banlieue qu’ils habitent aux magasins et aux bureaux de New-York, passent par des campagnes en fleur que les yeux des enfans pauvres n’ont jamais vues. Dans les logemens fétides de la grande ville, l’été est la pire des saisons ; il répand la maladie et la mort. Combien d’yeux se fermeront sans s’être jamais reposés sur un champ de trèfle ou de marguerites ! Si nous ne pouvons leur donner les champs, pourquoi ne pas leur donner les fleurs ? Que chaque voyageur parti de la campagne, homme, femme ou enfant, apporte une gerbe de fleurs sauvages. Ce sera une œuvre de charité qui en vaudra beaucoup d’autres. Les bouquets seront reçus au bureau de police de ''la Tribune''. »
Il eut presque lieu de regretter ce dernier paragraphe, car les fleurs arrivèrent par charretées ; c’étaient des caisses, des tonnes, des bourriches, des paniers expédiés souvent de loin. La police crut à une émeute. La populace assiégeait le bureau des agens portèrent sur différens points de la ville cette moisson odorante dont la distribution arrêtait les cris des enfans et amenait un sourire sur des visages désespérés. Les Italiens eux-mêmes interrompirent leurs querelles pour « maintenir l’ordre, » et un bon prêtre catholique improvisa le plus aimable quatrain en l’honneur des « pâquerettes pacificatrices qui, sans paroles, exhalent un message d’amour et charment le rude labeur de leurs frères, nés de la terre comme elles... »
Une vision de beauté passa, ce printemps-là, sur les ''slums''.
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/554
|
{{nr|548|REVUE DES DEUX MONDES.|}}de l’horizon. On eût pu, par conséquent, voir son limbe supérieur quelques jours plus tôt, mais le ciel avait été constamment brumeux. Cet événement heureux pour l’expédition produisit un effet tout opposé sur les Esquimaux, qui regardent l’hiver comme la saison la plus favorable pour eux, l’obscurité leur permettant de surprendre plus facilement les phoques, qui sont très rusés et très difficiles à approcher de jour. La température moyenne de ce mois, qui passe pour le plus froid dans ces régions, avait été de 25° {{abr|F.|Fahrenheit}} au-dessous du zéro. Le temps avait été presque constamment orageux, mais il n’était pas tombé de neige. La santé de l’équipage déjà emprisonné dans les glaces depuis trois mois s’était plutôt améliorée qu’elle n’avait souffert. L’armurier était mort, mais par une cause étrangère au climat, d’une maladie de poitrine dont il était atteint long-temps avant le départ de l’expédition.
« ''2 février''. — Une lentille de grande dimension, dont nous nous servions pour lire, avait disparu depuis quelques jours. Mes soupçons tombèrent sur le sorcier Otookiu, qui était resté seul et sans lumière dans la cabine, quelques instans après que je lui avais montré l’usage de cet instrument. Sa répugnance à me recevoir dans sa hutte lors de ma prochaine visite au village, me confirma dans mon opinion. Je lui dis alors que le gonflement de la face dont il souffrait en ce moment était causé par le verre magique, et qu’il eût à le rendre, s’il voulait guérir. Il avoua aussitôt sa faute, et je lui fis promettre de rapporter la lentille le lendemain, sans quoi je l’assurai que son autre joue enflerait comme la première. La lentille fut effectivement rendue le jour suivant, avec un marteau qui avait également disparu, et nous apprîmes que les mouchettes étaient en la possession d’une femme, ainsi qu’un des verres de mes lunettes qui était tombé, et qu’un enfant avait trouvé par hasard. La terreur du sorcier était si grande, qu’il rapporta par la même occasion un hameçon et une tête de harpon que je lui avais donnés en échange d’un arc. Afin de le confirmer dans cette impression de crainte salutaire, je consentis à annuler le marché. Le lendemain, le verre de mes lunettes fut rendu, et je donnai au porteur une boîte de fer blanc comme si ce n’eût pas été de sa part une simple restitution. Nous recouvrâmes également les mouchettes, et je fis savoir aux naturels que, si quelque objet disparaissait encore à l’avenir, aucun d’eux ne serait plus admis à bord.
« ''17 février''. — Nous fîmes quelques achats aux naturels, mais sans leur permettre d’entrer dans le navire. Leur visite avait néanmoins un autre but, celui de faire une restitution générale des différens objets qu’ils avaient dérobés, parmi lesquels un couteau de table était le seul instrument dont nous eussions remarqué la disparition. Nos canons, que nous
<references/>
|
Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/224
|
{{nr||MARCHE LENTE|217}}front droit que découvrait la mousse blonde, le
mystère était clos.
{{Mlle|Cloque}} passa dans sa chambre prendre
l’argent du terme ; elle mit son chapeau, ses
gants, et descendit résolument chez Loupaing.
Mariette l’attrapa au passage :
— Vous y allez donc tout de même, mademoiselle !
Voulez-vous de moi pour vous donner
un coup de main ?
— En voilà une idée !
— Oh ! mademoiselle, j’ai si grand peur de
cet homme-là ! Faites au moins ce que je vous ai
dit, sans ça il est capable de tout. Et qu’est-ce
que ça coûte un compliment, je vous le demande
un peu ?
— Laissez-moi donc tranquille et occupez-vous
de ce qui vous regarde. Vous monterez le bouillon
à mademoiselle dès qu’il sera chaud.
Le cœur lui battait cependant, en ouvrant dans
l’obscurité la petite porte grillagée qui fermait
son jardin, sous le magnolia ; car il lui répugnait
d’affronter l’imbécile jacobin. Par une fenêtre
éclairée du rez-de-chaussée, elle aperçut coup
sur coup les bonnets blancs de la mère et de la
femme de Loupaing. S’il était ivre, elle ne se
trouverait du moins pas seule vis-à-vis de
lui.
Elle frappa à la porte entr’ouverte. Une voix
de stentor répondit de l’intérieur :
— Entrez donc nom de D... !
<references/>
|
Archives israelites 13.djvu/446
|
HO ncmvss
Sous ls rapport de la famille et du sem :
512 hommes
512 ménages avec enfants i gangs; * 1591 individ.
_ 581 filles
121 ménages sans enfants, 242
14 familles où la mère est morte, 50
68 célibataires ou veufs sans enfants, 68
79 familles où le père est mort, 258
149 veuves sans enfants, 149
En tout 745 ménages ou 2,158 individus indigents auxquels
on peut ajouter 44 étrangers, ce qui porte le chiiïre total à `
2,182. ·
Nous n’imiton§ pas le Compte Rendu en confondant avec les
indigents:
1° Les militaires israélites en garnison à Paris, au nombre
de 80
2¤ Les détenus au nombre de 9
Sous le rapport de l’dge.
Au-dessous de 5 ans, 106
— de5à10ans, 405
l - de 11 à 15 ans, 552
· — de 16 à 20 ans, 84
Au-dessus de 20 ans, soutiens de leur famille, 17
` De 21 à 50 ans, 101
De 51 à 40 ans, 285
De 41 à 50 ans, 508
De 51 à 60 ans, 248
De 61 à 70 ans, 112
De 71 à 80 ans, 84
I De 81 à 90 ans, 45
D’où il résulte que les âges qui fournissent le plus fort contin-
gent à Yindigence, sont celui de 5 à 10 ans, et celui de 41 à p
50 ans, et qu‘il y a parmi les pensionnaires du comité 21 hommes
et 22 femmes plus qu’octogénaires. l
l
Digilized ny Google A}
�
<references/>
|
Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/221
|
{{nr||{{sc|de m. a. thouin.}}|ccxv}}plus généreux. Buffon l’avait vu naître et grandir ; il avait
été témoin de ses progrès. Il pensa que, dirigé par lui, un
jeune homme qui montrait de telles dispositions se formerait
mieux à ses idées, et remplirait ses vues plus complétement
qu’un jardinier venu du dehors et déjà habitué à
des routines que l’on aurait peine à vaincre. Ces motifs, et
l’intérêt que lui inspirait une famille malheureuse, le décidèrent
à confier à cet enfant la place qu’avait occupée son
père. Le roi Louis XV, qui était lui-même amateur de botanique,
et qui prenait part à tout ce qui la regardait, fut surpris
d’une telle résolution ; et il eut besoin, pour ne pas s’y
opposer, que Bernard de Jussieu et même son vieux jardinier
de Trianon, Richard, lui apprissent que M. Thouin n’était
pas un enfant ordinaire. Il ne l’était pas en effet : aussi arrêté
dans sa conduite qu’il avait été ardent dans ses études, dès
ce moment il crut avoir contracté les devoirs d’un père envers
la famille dont il était devenu le chef ; mais, dès ce moment
aussi, il crut devoir à M. de Buffon l’obéissance et la fidélité
d’un fils. Tout son temps, toutes ses forces furent consacrés
à l’exécution des projets conçus par ce grand homme, pour
le perfectionnement de l’institution à laquelle il était préposé.
Le Jardin du Roi, lorsqu’en 1739 l’intendance en fut
confiée M. de Buffon, était déjà célèbre par le grand nombre
d’hommes de mérite qui en avaient dirigé les diverses parties,
ou qui y avaient fait des leçons publiques ; mais on doit
se garder de croire qu’il approchât de l’étendue et de la
magnificence qui en font aujourd’hui l’un des principaux
objets de l’admiration des naturalistes, et, nous osons le
dire, de la reconnaissance de l’Europe envers le gouvernement
français. Considéré comme une sorte d’accessoire de
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/494
|
qu’il lui donne. Il a raison de penser que le talent de Cicéron, son esprit, sa belle humeur, les services qu’il a rendus à tant de personnes lui ont fait beaucoup d’amis, que la plus grande partie du peuple de Rome est bien disposée pour lui, que les électeurs des municipes italiens lui apporteront leur vote : tout cela paraît très vraisemblable. Mais ce qui l’est encore plus, c’est qu’il a dû principalement son succès à un concours de circonstances heureuses et imprévues, que le hasard lui donna de ces adversaires qui semblent créés tout exprès pour faire réussir leurs rivaux, et que, comme il arrive très souvent dans les élections, beaucoup de gens votèrent contre eux plus que pour lui.
Il avait en tout six concurrens : deux patriciens de race illustre, deux qui appartenaient à ces grandes familles plébéiennes qui formaient le second étage de la noblesse, deux enfin de moindre origine, mais dont les pères avaient obtenu des magistratures publiques ; Cicéron seul était, comme on l’a vu, un ''homme nouveau'' et un simple chevalier. Il semblait donc qu’il allait avoir affaire à très forte partie, mais, dès le début de la lutte, on s’aperçut bien que ces candidats qui portaient de si beaux noms n’étaient pas tous redoutables. La campagne électorale ne s’ouvrait réellement que l’année même où l’élection devait se faire, mais vers la fin de l’année précédente les escarmouches commençaient. Les candidats, qui voulaient se faire connaître et sonder l’opinion publique, profitaient de quelque circonstance qui réunissait la foule au Champ de Mars, et s’en allaient de rang en rang, serrant la main des électeurs, et, autant que possible, les saluant par leur nom. C’était ce qu’on appelait la ''prensatio'', cérémonie qui nous paraît assez étrange, non pas que les candidats en aient perdu l’habitude, mais ils y mettent aujourd’hui moins de solennité, et, quand ils le font, ils aiment autant qu’on ne le voie pas. Alors, au contraire, ils se donnaient volontiers en spectacle. On allait regarder leurs attitudes, on observait leur assurance ou leur timidité, on commentait leurs gestes, et l’on formait des conjectures sur leur succès ou leur échec d’après la manière dont le peuple recevait leurs politesses. Après quelques semaines de cet exercice, tout le monde, à Rome, était convaincu que quatre des concurrens n’avaient aucune chance, et que trois seulement pouvaient espérer de réussir. C’étaient, avec Cicéron, Catilina et Antoine.
J’ai parlé de Catilina. Antoine était le fils de ce M. Antonius,
<references/>
|
Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/159
|
'''Futur actif {{lang|he|dir=rtl|texte=יֵשֵׁב}}.''' La 2<sup>e</sup>{{lié}}voyelle {{lang|he|dir=rtl|texte=–ֵ}} provient de la voyelle primitive ''i'' des futurs d’action (§ 41{{lié}}''a''). En dehors des verbes {{lang|he|dir=rtl|texte=פ״ו}} le {{lang|he|dir=rtl|texte=–ֵ}} est très rare (par exemple {{lang|he|dir=rtl|texte=יִתֵּן}}).
La 1<sup>re</sup>{{lié}}voyelle {{lang|he|dir=rtl|texte=–ֵ}}, d’après de nombreux grammairiens, viendrait de ''i''. Dans cette hypothèse *''i̯išib'' serait une forme syncopée sans 1<sup>re</sup>{{lié}}radicale, comme le futur arabe des {{lang|he|dir=rtl|texte=פ״ו}} ''i̯alidu'' {{lang|ar|dir=rtl|texte=يَلِدٓ}} (de ''u̯alada'' {{lang|ar|dir=rtl|texte=وَلَدَ}}). Il semble beaucoup plus probable que ce {{lang|he|dir=rtl|texte=–ֵ}} vient de ''ai̯'' et est vraiment long. En effet :
<p style="text-indent: 8%">1) Au futur statif {{lang|he|dir=rtl|texte=יִירַשׁ}} la 1<sup>re</sup>{{lié}}voyelle ''ī'' est longue, car elle provient de ''ii̯'' ; l’analogie demande que dans la forme du futur actif la 1<sup>re</sup>{{lié}}voyelle ''ẹ'' soit également longue, et donc provienne de ''ai̯''.</p>
<p style="text-indent: 8%">2) En hébreu, d’une façon générale, le futur actif et le futur statif diffèrent, quand c’est possible, non seulement quant à la 2<sup>e</sup>, mais encore quant à la 1<sup>re</sup>{{lié}}voyelle (§ 41{{lié}}''e''). Il est donc normal qu’au futur statif *''i̯ii̯raš'' avec 1<sup>re</sup>{{lié}}voyelle ''i'' s’oppose un futur actif *''i̯ai̯šib'' avec 1<sup>re</sup>{{lié}}voyelle ''a''.</p>
<p style="text-indent: 8%">3) En faveur de ''ai̯'' on peut invoquer le parallélisme des formes {{lang|he|dir=rtl|texte=יוֺסֵף}} (pour ''i̯au̯sif'') et {{lang|he|dir=rtl|texte=יוֺרֶה}} (§{{lié}}''f'') qui sont des futurs qal dans lesquels le {{lang|he|dir=rtl|texte=וֵ}} primitif s’est conservé.</p>
<p style="text-indent: 8%">4) La longueur du {{lang|he|dir=rtl|texte=–ֵ}} est rendue probable par le fait qu’il ne tombe jamais ; on dit, p.{{lié}}ex. {{lang|he|dir=rtl|texte=אֵדָֽעֲךָ}} ''je te connaîtrai''<ref>Il est remarquable que ce {{lang|he|dir=rtl|texte=–ֵ}} long n’est jamais écrit avec ''mater lectionis'', sauf, probablement, Ps 138, 6 où il faut lire {{lang|he|dir=rtl|texte=יֵידֵע}} pour {{lang|he|dir=rtl|texte=יְיֵדֵע}}.</ref>.</p>
'''Remarque.''' Avec le waw inversif {{lang|he|dir=rtl|texte=יֵשֵׁב}} devient {{lang|he|dir=rtl|texte=וַיֵּ֫שֶׁב}} (De même au hifil on a {{lang|he|dir=rtl|texte=וַיּוֺ֫שֶׁב}}).
'''Futur statif {{lang|he|dir=rtl|texte=יִירַשׁ}}.''' Comme il a été dit (§{{lié}}''c''), les deux voyelles indiquent le futur statif.
À l’égard du ton, on remarquera que dans {{lang|he|dir=rtl|texte=וַיִּירַ֫שׁ}} le ton ne remonte pas (§ 47{{lié}}''b''). Il en est de même dans {{lang|he|dir=rtl|texte=וַיִּיטַ֫ב}} (§ 76{{lié}}''b'') ; opposer, p.{{lié}}ex. {{lang|he|dir=rtl|texte=וַיִּ֫חַר}} (de {{lang|he|dir=rtl|texte=חרה}}, § 79{{lié}}''i'').
Les deux futurs qal {{lang|he|dir=rtl|texte=יַשֵׁב}}, {{lang|he|dir=rtl|texte=יִירַשׁ}} semblent d’origine secondaire. Après la préformante on attendrait le {{lang|he|dir=rtl|texte=ו}} primitif, comme dans {{lang|he|dir=rtl|texte=נוֺשַׁב}}, {{lang|he|dir=rtl|texte=הוֺשִׁיב}}, {{lang|he|dir=rtl|texte=הוּשַׁב}}. Mais une forme telle que ''i̯au̯šib'' >{{lié}}{{lang|he|dir=rtl|texte=יוֺשֵׁב}}* avait l’inconvénient de ressembler au hifil jussif et au participe actif du qal. Cependant le {{lang|he|dir=rtl|texte=ו}} a été conservé dans {{lang|he|dir=rtl|texte=יוֺרֶה}}, {{lang|he|dir=rtl|texte=יוֺסִף}} (§{{lié}}''f'').
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 5.djvu/540
|
{{nr|536|REVUE DES DEUX MONDES.}}contenait six cent mille volumes : ce que devint ce trésor de l’esprit humain, nul ne le sait. Origine, religion, mœurs, tout était différent entre les vainqueurs et les vaincus ; ils ne parlaient pas la même langue. Les Musulmans emportèrent avec eux la clé qui ouvrait la porte des palais enchantés, et l’arbre de la poésie arabe, arraché de la terre d’Espagne, ne fleurit plus que dans les jardins du Généralif et de l’Alhambra.
Quant à la poésie nationale, dont le premier chant devait être la louange du Cid, elle n’était pas encore née.
La France, toute germanique sous les deux premières races, s’était nationalisée sous la troisième. Le système féodal de Hugues Capet avait succédé à l’empire unitaire de Charlemagne. La langue que devaient écrire Corneille et parler Bossuet, mélange de celtique, de latin, de teuton et d’arabe, s’était définitivement séparée en deux idiomes et fixée aux deux côtés de la Loire ; mais, comme les productions du sol, elle avait éprouvé l’influence bienfaisante et active du soleil méridional, et la langue des troubadours était déjà arrivée à sa perfection, lorsque celle des trouvères, comme les fruits de leur terre du nord, avait encore besoin de cinq siècles pour parvenir à sa maturité. Aussi la poésie jouait-elle un grand rôle au sud de la Loire ; pas une haine, pas un amour, pas une paix, pas une guerre, pas une soumission, pas une révolte qui ne fût chantée en vers ; bourgeois ou soldat, vilain ou baron, noble ou roi, tout le monde parlait et entendait cette douce langue, et l’un de ceux qui lui prêtait ses plus tendres et ses plus mâles accens, était ce Bertrand de Born, que Dante rencontra dans les fosses maudites, portant sa tête à sa main, et qui lui parla avec cette tête<ref><poem class="lang-it" lang="it">Sappi ch’i’ son Bertram dal Bornio, quelli
Che diedi al re Giovanni i ma’ conforti.</poem>
<p>{{FAD|{{abr|''Inf.|Inferno}} {{abr|c.|canto}} {{rom|xxviii|28}}.|marge=12em}}</p></ref>.
La poésie provençale était donc arrivée à son apogée, lorsque Charles d’Anjou, à son retour d’Égypte où il avait accompagné son frère {{roi|Louis|ix}}, s’empara, avec l’aide d’Alphonse, comte de Toulouse et de Poitiers, d’Avignon, d’Arles et de Marseille. Cette conquête réunit au royaume de France toutes les provinces de l’ancienne Gaule, situées à la droite et à la gauche du Rhône ; la vieille civilisation romaine, ravivée au {{s|ix}} par la conquête arabe, fut
<references/>
|
Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 2.djvu/71
|
{{SA|sion de <math>\rm V</math> devient encore, par les méthodes connues, intégrale par rapport à <math>q,</math> en y faisant <math>\operatorname{tang}q=t.</math> Dans ces deux cas, l’intégrale étant prise par rapport à une de ces variables dans ses limites, elle devient ensuite possible par rapport à l’autre, et l’on trouve que, <math>\rm M</math> étant la masse du sphéroïde, la valeur de <math>\rm\frac{V}{M}</math> est indépendante du demi-axe <math>k</math> du sphéroïde, perpendiculaire à l’équateur, et ne dépend que des excentricités de l’ellipsoïde. En multipliant donc les différents termes des valeurs de <math>\rm\frac{V}{M}</math> relatives à ces deux cas, et réduites en séries ordonnées suivant les puissances de <math>\frac{1}{r},</math> par les facteurs dont nous venons de parler, pour avoir la valeur de <math>\rm\frac{V}{M}</math> relative à un point quelconque attiré, la fonction qui en résultera sera indépendante de <math>k</math> et ne dépendra que des excentricités, ce qui fournit une nouvelle démonstration du théorème que nous avons démontré dans le n{{o}} 6.}}
Si le point attiré est placé dans l’intérieur du sphéroïde, l’attraction qu’il éprouve dépend, comme on l’a vu dans le n{{o}} 9, de la fonction <math>v^{(i)}</math>, et l’on a, par le numéro cité.
{{c|<math>v^{(i)}=\iiint\frac{\rho d{\rm R}d\mu'd\varpi'.{\rm Q}^{(i)}}{{\rm R}^{i-1}},</math>}}
{{SA|équation que l’on peut mettre sous cette forme}}
{{c|<math>v^{(i)}=\frac{1}{2-i}\iiint\rho\frac{\partial.{\rm R}^{2-i}}{\partial a}dad\mu'd\varpi'.{\rm Q}^{(i)}.</math>}}
{{SA|Supposons <math>{\rm R}^{2-i}</math> développé dans une suite de la forme}}
{{c|<math>z'^{(0)}+z'^{(1)}+z'^{(2)}+\ldots,</math>}}
{{SA|<math>z'^{(i)}</math> satisfaisant à l’équation aux différences partielles}}
{{c|<math>0=\frac{\partial.\left(1-\mu'^2\right)\frac{\partial z'^{(i)}}{\partial\mu'}}{\partial \mu'}+\frac{\frac{\partial^2z'^{(i)}}{\partial\varpi'^2}}{1-\mu'^2}+i(i+1)z'^{(i)}.</math>}}
<references/>
|
Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/92
|
de la Révolution ne débordait pas ; il s’était affaissé au contraire, et c’est de peur que la Révolution immobilisée sur une mer plate fût à la merci de l’ennemi que la Gironde déchaînait la guerre comme un vent de tempête. Avec quelle étourderie ! Avec quelle imprévoyance et quelle infatuation ! Quand on compte, pour réaliser un bilan de politique intérieure, sur les sentiments qu’excitera dans le peuple l’émotion de la guerre, quand on compte sur la colère que provoquera en lui la trahison, il faut s’attendre à toutes les fureurs et à tous les aveuglements ; il faut avoir fait d’avance le sacrifice entier de soi-même ; il faut prévoir que le soupçon de trahison n’enveloppera pas seulement les traîtres, mais peut-être aussi les bons citoyens ; il faut être prêt à pardonner au peuple qu’on aura ainsi soulevé, toutes les erreurs, toutes les violences.
Or les Girondins se flattaient de gouverner à leur aise ces sombres flots. Ils se flattaient de marquer aux colères patriotiques et populaires leur limite et leur chemin. Ils se croyaient les guides infaillibles et à jamais souverains, les maîtres du noir Océan, et ils s’imaginaient que sous leur conduite la barque de la Révolution repasserait aisément le Styx de la guerre, après avoir porté aux enfers la royauté morte.
La politique de la Gironde va donc se préciser ainsi. Elle ménagera le roi, pour ne pas découvrir trop brutalement son jeu. Elle harcèlera et attaquera les ministres jusqu’à ce qu’elle les ait obligés à prendre à l’égard de l’étranger une altitude provocatrice. Elle grossira les futiles incidents de frontière créés par la présence de quelques milliers d’émigrés à Coblentz ou à Worms. Au lieu de calmer les susceptibilités nationales, elle les excitera sans cesse ; et elle entraînera l’Assemblée, d’ultimatum en ultimatum, à déclarer la guerre. Elle se tiendra prête soit à gouverner au nom du roi, s’il se remet en ses mains, soit à le renverser dans la grande crise de la guerre et à proclamer la République. Et par un jeu d’une duplicité incroyable elle excitera tout ensemble et rassurera le pays, elle préparera la guerre en disant que les puissances ne la veulent pas, ne peuvent pas la vouloir.
Tout d’abord l’Assemblée, après le premier éblouissement du discours de Brissot, parut sentir le danger, et des conseils de prudence furent donnés. Koch, député du Haut-Rhin, démontra dans la séance du 12 octobre que les rassemblements d’émigrés ne pouvaient en aucune manière constituer un danger.
Vergniaud reprit, le 25, la thèse de Brissot et affirma que pour la France de la Révolution la sécurité serait dans l’offensive : « Certes je n’ai point l’intention d’étaler ici de vaines alarmes dont je suis bien éloigné d’être frappé moi-même. Non, ils ne sont pas redoutables ces factieux aussi ridicules qu’insolents, qui décorent leur rassemblement criminel du nom bizarre de ''France extérieure'' ; chaque jour leurs ressources s’épuisent. L’augmentation de leur nombre ne fait que les pousser plus rapidement vers la pénurie la plus absolue
<references/>
|
Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/103
|
La lutte, toutefois, n’était pas terminée. Il y
avait bien de la détresse encore mêlée à notre
espérance ! Le charpentier avait laissé se relever
Davesne. La brute parut n’avoir plus d’idée que
le corps à corps, l’étreinte où les forces se mesurent
plus directes. C’était, sans aucun doute, la
méthode la plus favorable à sa force prodigieuse,
maintenant que son adresse avait échoué. Il
demeura une bonne minute à épier l’adversaire ;
son œil ensanglanté, sa bouche féroce exprimèrent
une énergie à faire trembler. Le charpentier
même en était ému, attentif à chacun des
mouvements de Davesne. Enfin, celui-ci se rua.
Il y eut une mélée confuse de bras et de torses,
puis les antagonistes se trouvèrent enlacés, —
tous deux en bonne position. D’un effort énorme,
Davesne souleva l’autre ; nous crûmes tout perdu.
Mais le mouvement n’aboutit pas. Le charpentier
retomba sur ses pieds et, rapide, il prit à
son tour l’offensive. Davesne rusa, tournoya, —
mais terrassé d’une souple étreinte, retourné,
il se trouva touchant le sol des deux épaules.
— Te rends-tu ? fit le charpentier.
Davesne donna un coup de reins désespéré ; le
charpentier le recoucha, le maintint collé contre
le sol.
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/235
|
si prodigieusement grandi par la possession de Naples ? Mais ce serait la guerre civile entre des Italiens également partisans de l’indépendance et de l’unité de l’Italie ! Si les hommes d’état de Turin étaient capables de s’arrêter à cette pensée extrême, seraient-ils en mesure de la pousser jusqu’à l’action ? L’Italie agissante pourrait bien les abandonner et passer tout entière du côté de Garibaldi.
Au point où les choses sont arrivées, à quoi bon s’abuser ? Le maître de la situation, c’est Garibaldi. Il n’y aurait plus de prudence, et il y aurait un danger véritable pour l’Italie, à tenter de lui résister par la force. Ce n’est donc qu’avec l’assentiment de Garibaldi que le Piémont peut entrer officiellement à Naples et y rester. Les hommes d’état de Turin sont obligés de s’allier ouvertement avec Garibaldi ; mais, en admettant que le chef des volontaires consente à cette alliance, il est évident que c’est lui qui en dictera les conditions, et que ces conditions seront qu’il demeurera le général de l’Italie militante et le maître de la direction du mouvement. Le gouvernement piémontais ne peut conclure l’alliance qu’en acceptant tout de suite d’énorme compromissions, et en prenant à son compte le programme de Garibaldi. On voit que les inconvéniens et les périls du parti de l’abstention et du parti de l’action se balancent presque pour le Piémont. Pourtant, puisqu’il faut opter, il nous semble que la prudence, la franchise et l’honneur conseillent au cabinet de Turin de se concerter, si c’est possible, avec Garibaldi. Certes il eût mieux valu, nous l’avons assez dit, ne point se laisser acculer à telle extrémité ; mais puisqu’on s’est laissé entraîner dans un de ces dangereux défilés au bout desquels on se trouve en présence d’une faiblesse ou d’une folie, mieux vaut encore la témérité courageuse qu’une circonspection qui mène sans honneur aux mêmes périls. Le cabinet de Turin, — et il n’est pas après tout en mauvaise compagnie, puisque toute l’Europe en est là, — ne doit plus compter que sur le bon sens, la sagacité, la bonne foi de Garibaldi, et sur l’influence qu’il pourra exercer sur ce tribun armé pour conjurer, atténuer, ajourner les périls que provoque l’entreprise à laquelle il s’est voué.
La nécessité d’une entente ouverte et franche entre le ministère piémontais et Garibaldi nous paraît nécessaire, car c’est encore par là et ce n’est plus que par là qu’il sera possible au Piémont de coordonner non pas complètement, mais à quelque degré le mouvement italien : c’est ainsi et seulement ainsi qu’il pourra résister au débordement des passions qui le pressent. Nous venons d’avoir, par le dernier manifeste de M. Mazzini, la révélation saisissante du bouillonnement intérieur qu’excite la marche triomphante de Garibaldi ; bien que l’on nous assure que M. Mazzini a peu d’influence sur le mouvement actuel, bien qu’après avoir saisi d’abord ce manifeste, le ministère piémontais l’ait livré à la publicité, soir pour faire montre du dédain que lui inspire l’initiateur fanatique de l’idée unitaire, soit peut-être pour convaincre l’Europe de la nécessité où il est de s’unir au mouvement afin de n’en pas laisser la direction aux sectaires, il nous est difficile de
<references/>
|
La Femme libre, 1832.pdf/33
|
{{nr||6}}le regue de l’Amour va s’itablir sur cette lheureuse terre ;
nvuvel Eden, bien supérieur au premier, où il n’y avait que
l’absence du nial, ici il y aura bonheur complet. On n’oubliera
la prière qee our ne se iappeler dal’action de gràce...
Halte-la, mon imagiuation ! vous avez trop devancé l’auteur ;
rétrogradez, je vons prie, et voyez les choses s’itablir, nou
pas comme vous les desirez, inais bien comnie on vous les
décrit.
O ciel ! quel désappointement ! mais, en verité, M. de
Brémont, c’est à vous perdre tie réputation. Vous ressemblez
å s’y tromper à tous les maris de ma conuaissance. Quoi !
saus avoir un principe, ua point d’appui pour asseoir les
fondemeus de votre nouvelle société, vous yous entètez dans
vos moyens, vous faites du vieux, du replatrage. Ou vous
avertit : « mais un homze qui se respecte, ct qui doit avoir la
suprématie cn raison de ces quelques pouces et de ce qu’il
est le plus fort, et aussi le plis lardi : et que ce n’est pas
parce qu’il est le pius hardi qu’il est fort, mais qu’ii a conscience
de sa iorce, et d’autres causes inlhérentes à sa ature
Hasculine. » Enfie, c’est vertu de toutes ces ! rès-fortes
raisons données textuellement par la Gazette de France, le 2
de ce mois, que vous continuez quand meme. Avoucz-le, il y
a un instant, ou jecrois que si ce n’cit été l’extrème urgence
de peupler : votre monde, vons auriez dit aux conscilleuses,
come un certaia président de cour royale trės-connu da : as
Paris, à des danmes qui avaient prohablement aussi d’escellentes
choses à dire : « Femmes, si vous ne vous taisez, je
vous fais jeter à la porte. »
Ei bien ! clharmante comtesse, délicieuses marquises de
tous les pays, å qüoi vous servent vos grices, vos itres,
dans le : je vous fais jeter à la porte, prononcé dans la première
capitale da monde civilisé. Toutes ies femmes ne sontelles
pas humiliées, écrasées ? Elles n’ont pas plus les unes
que les antres de considération d’importance sociale. Ne serions-nous
pas en droit de demander aux hommes où sont
lears titres pour nous mettre hors la loi ; sommes-nous si
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/1088
|
blesse qui relève l’âme humaine. Et puis entre les deux systèmes, entre le temps ancien et le temps nouveau, quel est donc en vérité celui qui est le plus favorable à l’influence religieuse ? Où en était le monde vers cette heure de 1789 qu’on nous propose lestement d’effacer et qu’il est de bon ton aujourd’hui, dans certaines sphères, de railler presque agréablement ? La religion était-elle si florissante ? Les mœurs étaient-elles plus pures ? Les membres de l’église étaient-ils des modèles de science et de vertu ? Le progrès social avait-il pris un développement qui a été tout à coup interrompu par la révolution ? Où donc la domination ecclésiastique a-t-elle conduit particulièrement les états pontificaux ? Ici, il faut l’avouer, M. Relier est obligé de se jeter dans des explications un peu embarrassées ; il dit que « Rome est le centre où les misères de tous les temps et de tous les peuples sont venues se réunir et exercer sans relâche une influence fatale. » Retournant un mot de Lacordaire, il assure que ce n’est pas le saint-siège qui est un gouvernement d’ancien régime, que ce sont les Italiens qui sont devenus des peuples d’ancien régime. Comprenne qui pourra. — Quels sont au contraire les résultats de l’ordre nouveau partout où il a prévalu ? La liberté, par la séparation des pouvoirs, n’a-t-elle pas vu les chaires retrouver leur ascendant, les ordres monastiques reparaître, la science rentrer dans les études, dans les travaux d’apologétique chrétienne ? Il faut bien cependant juger les régimes par leurs fruits. Comparez les deux époques : j’aime mieux pour ma part, même dans cet ordre religieux, le temps qui produit Mgr Darboy, archevêque de Paris, et M. l’évêque d’Orléans, que le temps qui a produit le cardinal de Rohan, et ce serait presque une naïveté d’opposer ce présent à ce passé, si à tout instant ne revenaient ces vaines apologies où la frivolité se cache sous des airs de profondeur.
Oui certes, ce temps, qu’on représente souvent comme entièrement perverti dans son esprit, et à qui on fait l’obligation de répudier tout d’abord ce qu’on nomme les idées modernes, ce temps vaut mieux que beaucoup d’autres temps, à n’en juger que par le côté religieux. Il ne faut pas que l’influence de ces idées soit si funeste, puisque nos églises, et, entre toutes, celles qui ont le plus vécu dans cette atmosphère, valent mieux assurément que les églises de bien d’autres époques. La papauté, même dans le naufrage de son pouvoir temporel, et peut-être à cause de ces épreuves, vaut mieux que la papauté telle qu’on l’a vue à bien des momens de son existence. Les élections des papes ne laisseront plus voir les scènes que M. Petruccelli della Gattina raconte dans l’''Histoire diplomatique des Conclaves'', qu’il achève aujourd’hui. Bannissez la politique, que d’intrigues de moins ! Une histoire des conclaves, dis-je, c’est aussi une histoire morale, philosophique de l’Italie : œuvre passionnée, un peu enluminée de couleurs voyantes, mais copieuse et instructive. L’auteur est trop Italien, il a l’imagination trop ardente pour ne pas céder au ressentiment qu’éprouvent beaucoup d’Italiens contre la papauté politique et pour garder autant d’impartialité qu’il se le propose. Son livre fait du moins pénétrer dans des ré
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 96.djvu/554
|
contraires se rejoignent, que les plus ennemies se concilient, et qu’en un mot toutes choses se ramènent à l’unité. Au premier abord cependant il semblerait que ce livre prêche surtout le triomphe de la diversité. Jamais, en effet, ce Montaigne dont nous venons de rappeler le nom n’a énuméré avec plus de complaisance l’infinie variété des choses humaines que ne le fait Maundeville ; mais les conclusions qu’il tire de cette variété sont exactement à l’opposé de celles de notre grand sceptique, car, loin de ruiner les fondemens de la certitude, elles les affermissent au contraire, et loin de conduire au mépris de la raison par le spectacle de ses contradictions, elles conduisent à l’estimer dans le présent et à espérer en elle dans l’avenir. Toutes ces différences de mœurs, d’institutions, de croyances, ne sont que les efforts plus ou moins vigoureux, plus ou moins languissans de l’âme humaine vers la vérité. Partout le but est le même, et ce que nous appelons diversité n’est pas autre chose que les degrés inégaux de la force ou de la faiblesse de cet effort toujours identique.
Avant de nous donner cette haute leçon de philosophie, le tableau de cette diversité peut nous en donner une plus particulière et plus modeste, car n’est-il pas bien fait pour nous guérir de toute folle présomption, de toute sotte estime de nous-mêmes, de toute naïve crédulité en notre sagesse de petit village et nos perfections de clocher ? Nous nous croyons très volontiers en possession des plus sages coutumes et des meilleures institutions ; mais ainsi pensent tous les peuples que moi, Maundeville, j’ai visités dans ce long espace de trente-quatre ans. Si nous ne sommes pas en peine de justifier nos opinions, ils ne le sont pas davantage de justifier les leurs ; il ne s’en trouve pas un seul qui ne sache alléguer d’assez bonnes raisons en faveur de ses pires folies. Et il ne sert de rien de répondre, comme nous le faisons, qu’ils sont dans l’erreur, puisque c’est précisément ce qu’ils disent de nous. Il nous faudrait apprendre une bonne fois que nous sommes contenus dans l’univers et que l’univers n’est pas contenu en nous. N’est-ce pas la plus insigne des folies d’imaginer que la sagesse, au lieu d’être éparse dans le monde, s’est rapetissée au point de se condenser tout entière dans le petit coin de terre que nous nommons notre pays en ne laissant à tout le reste que le mensonge et l’erreur ? — Rappelez-vous quelle était la force de l’esprit local au moyen âge, combien était grand l’attachement du paysan pour sa paroisse, du chevalier pour son comté, du citoyen pour sa ville, et jugez des effaremens, des doutes, des hardiesses négatrices, des tristesses, des rêveries, des crédulités et des chimères que des livres comme ceux de Marco Polo et de Maundeville engendrèrent nécessairement chez les âmes encore si naïves du XVIe siècle.
<references/>
|
Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/36
|
comme un fer brûlant, et je vois bien à la pâleur de vos traits, à votre voix qui tremble, à la fièvre qui vous brûle, je vois bien tout ce que vous souffrez et quel horrible plaisir vous trouvez à reparler
de ces choses et à vous plonger dans ce triste passé. Écoutez-moi, je vous ferai tout ce que vous voudrez, tout ! je serai votre servante encore plus humble, encore plus soumise, encore plus dévouée. Vous
verrez comme je serai bonne ; mais, par pitié, ne m’accablez pas de la sorte.
{{personnageD|ambroix|c|a pris lu lettre d’envoi, et la lui montrant.}}
Cette lettre vous brûle les yeux... vous voudriez savoir ce que contient cette lettre, et comment ce portrait a pu vous être renvoyé ? ''(Vite.)'' Je vais vous le dire, moi ! ''(Il passe à droite après avoir remis vivement la chaise de Gertrude auprès de la table.)''
Ne me dites rien, Ambroix, je ne veux rien savoir.
Mais si, mais si !... Il faut que vous sachiez ce qu’est devenu l’homme que vous aimez.
Dieu m’a donné la force de ne plus l’aimer.
Vraiment !... Dieu vous a donné cette force. En étes-vous sûre ? Regardez-moi, Gertrude, vos yeux dans mes yeux et votre main dans la mienne : étes-vous sûre de ne plus l’aimer ?
<references/>
|
Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/498
|
Le fils du fleuve, le sage Bhîshma partit, emmenant
Mâdrî, et, bientôt après, il fit sa rentrée dans la ville
d’Hastinapoura. 4441.
Ensuite, dans un jour désiré, dans une heure estimée
favorable, Pândou, le roi des hommes, prit la main de
Mâdrî suivant les rites. 4442.
Ce mariage célébré, le monarque issu de Kourou établit sa noble épouse dans son magnifique palais. 4443.
''Là'', se promenait avec ses deux épouses, Kountî et Mâdrî, l’Indra et le plus vertueux des rois au gré de son
amour, au gré de son plaisir. 4444.
Après qu’il se fut diverti treize nuits, seigneur, le roi
Kourouide, Pândou sortit de sa capitale avec le désir de
subjuguer ''la terre''. 4445.
Le corps incliné, il salua les vieillards, à la tête desquels était Bhîshma, le noble Dhritarâshtra et les autres
chefs des Kourouides. 4446.
Ses adieux terminés, le roi, ayant reçu congé d’eux, se
mit en marche, comblé des bénédictions jointes aux formules pour attacher la bonne fortune à sa personne. 4447.
Ambitieux de conquérir la terre, le monarque, semblable à un enfant des Dieux, s’avança, environné d’une
grande armée et suivi par un fleuve de chars, d’éléphants
et de chevaux. 4448.
Pândou attaqua des ennemis en grand nombre avec ses
bataillons ardents et bien nourris. Il affronta d’abord les
Daçârnas, souillés de péchés. Ils furent vaincus en bataille
par ce lion des rois, enveloppé de la gloire des Kourouides. 4449.
Ensuite, mais en vain défendu par une armée portant
des étendards de mainte sorte, puissante par le nombre
<references/>
|
Féval - Les contes de nos pères, 1845.djvu/237
|
{{nr||JOUVENTE DE LA TOUR.|207}}rennais, — à moins qu’on ne préfère gagner le gué qui est à six lieues d’ici, au-dessus de la ville de Dinan.
L’étranger retourna tristement ses poches : elles étaient vides.
— Mes pieds saignent et je suis bien las, murmura-t-il ; mais il me faudra remonter jusqu’à la ville de Dinan, afin de trouver le gué.
— Ne faites point cela, mon compagnon, dit Jouvente, touché de compassion ; entrez dans mon bateau, je vous passerai pour l’amour de Dieu.
L’étranger n’eut garde de faire la sourde oreille. Il sauta dans le bac assez lestement malgré sa fatigue, et s’assit à l’arrière auprès du gouvernail. C’était un homme arrivé à cette période de la jeunesse qui précède immédiatement l’âge mûr. Il était beau ; sa riche chevelure noire tombait abondamment sur son front sans rides ; il y avait du feu dans sa prunelle, et ses façons étaient celles d’un noble homme. Jouvente ramait, le dos tourné à l’avant de la barque, de sorte que l’étranger et lui se trouvèrent face à face. Tous deux se regardèrent et tous deux eurent la même pensée.
— Dans un combat corps à corps, se dirent-ils chacun à part soi, mon voisin ferait rudement sa partie.
Mais c’était là une pensée vague et inspirée seulement par les mœurs batailleuses de l’époque. Loin d’avoir motif de querelle, Jouvente et l’étranger se devaient assistance et bon vouloir mutuel à cause du service rendu. En arrivant au bord ils se serrèrent la main.
— Mon compagnon, dit l’étranger, je prie Dieu qu’il me permette de vous payer ma dette quelque jour. En ce moment, je ne suis qu’un pauvre voyageur, sans ressource et
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/253
|
{{tiret2|bru|tales}} du hasard et de la force, et dont malheureusement nous avons été trop souvent nous-mêmes les perturbateurs étourdis. Nous avons un devoir libéral et révolutionnaire dans le bon sens du mot et un devoir conservateur. Nous voudrions que la France n’abdiquât ni l’un ni l’autre, car il est impossible d’en bien remplir l’un sans les remplir tous deux en même temps. Mais cette conciliation des deux missions qui nous sont confiées, elle n’existe que dans la pratique des institutions libérales. Par ces institutions seules, nous avons fait marcher l’Europe sans l’inquiéter ou l’irriter par des entreprises extérieures, et sans compromettre avec la paix toutes les prospérités et tous les progrès. Si nous en avions besoin, nous serions amplement confirmés dans cette conviction par le spectacle de ce qui se passe autour de nous, et par ce sentiment qui va se répandant chaque jour au dedans et au dehors, et qui est disposé à mesurer les garanties de la paix du monde aux progrès que ferait la France dans la voie des libertés intérieures.
Nous ne croyons pas être éloignés des conclusions auxquelles ces réflexions nous conduisent par le spectacle de la carrière du prince que vient de perdre la famille impériale. Le prince Jérôme avait connu ces extrémités de la fortune auxquelles le violent génie de Napoléon a lié avec sa propre destinée celle de la maison Bonaparte. Quoique l’ancien roi de Westphalie n’ait pas pu avoir de rôle politique éclatant à côté de son grand et terrible frère, il y a trois pages dans sa vie qui porteront avec honneur sa mémoire à la postérité. Le roi de Westphalie a eu le courage de dire à son frère, en temps opportun, de salutaires vérités. Nous lui avons toujours su gré d’une lettre qu’il écrivait à Napoléon à la fin de 1812 : « J’ignore, sire, y disait-il, sous quels traits vos généraux et vos agens vous peignent la situation des esprits en Allemagne. S’ils parlent à votre majesté de soumission, de tranquillité et de faiblesse, ils l’abusent et la trompent. » Puis, après avoir en traits énergiques décrit les mouvemens populaires de l’Allemagne, il ajoutait : « Le désespoir des peuples qui n’ont rien à perdre, parce qu’on leur a tout enlevé, est à redouter. » Il était temps encore pour Napoléon d’écouter ces sages avis. La belle conduite du prince Jérôme à Waterloo est assez connue : il y eut la bonne fortune d’honorer de son sang héroïquement versé le grand désastre de sa famille et de la France. Enfin les libéraux doivent être reconnaissans au prince Jérôme de s’être rallié, par sa rentrée en France en 1847, aux institutions libérales de 1830. La France libérale fut heureuse de pouvoir montrer, par l’accueil qu’elle faisait à un prince de la famille Bonaparte, que la liberté ne se défiait point du prestige d’un nom qui ne lui avait pas été favorable sans doute, mais qui avait répandu tant de gloire sur la France, et le roi Jérôme, malgré les faveurs inespérées que le sort lui a plus tard prodiguées, n’a pas dû considérer comme un des moins doux momens d’une vie si agitée les premiers mois de son retour dans la France libre, prospère, et qui ne se doutait point qu’elle {{tiret|al|lait}}
<references/>
|
Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/730
|
en quel endroit il devait probablement se trouver à tel ou tel
moment, soit pour baptiser un enfant, soit pour visiter les vieillards,
les malades, les affligés ou les mourants, et elle dressait
ensuite habilement ses plans. Dans ses excursions elle se faisait
quelquefois accompagner par sa sœur, que d’une façon ou de
l’autre elle parvenait à persuader ou à gagner ; quelquefois elle
allait seule, jamais avec moi : de sorte que j’étais frustrée du
plaisir de voir M. Weston, d’entendre sa voix même dans la
conversation avec une autre, ce qui m’eût encore rendue très-heureuse,
quelque jalousie que j’eusse pu en ressentir. Je ne
pouvais même plus l’apercevoir à l’église : car miss Murray,
sous quelque trivial prétexte, avait coutume de s’emparer de
ce coin, dans le banc de la famille, qui avait toujours été à moi
depuis mon entrée dans la maison ; et, à moins d’être assez
présomptueuse pour me placer entre M. et mistress Murray, il
fallait m’asseoir le dos tourné à la chaire, ce que je faisais.
Je ne retournais plus jamais à pied avec mes élèves ; elles
disaient que leur mère pensait qu’il n’était pas bien de voir
trois personnes de la famille marcher, pendant que deux seulement
allaient en voiture ; et, comme elles préféraient aller à
pied par le beau temps, j’avais l’honneur d’aller en voiture avec
les parents. « D’ailleurs, disaient-elles, vous ne pouvez marcher
aussi vite que nous ; vous savez que vous restez toujours en arrière. » Je savais que c’étaient de fausses excuses, mais je n’y
faisais aucune objection, et ne les contredisais jamais, sachant
les motifs qui les leur dictaient. Et pendant ces six semaines
mémorables, je ne retournai pas une seule fois à l’église l’après-midi.
Si j’avais un rhume ou une légère indisposition, elles en
prenaient avantage pour me faire rester à la maison ; souvent
elles me disaient qu’elles ne voulaient pas y retourner elles-mêmes,
puis elles se ravisaient et partaient sans me le dire.
Un jour, à leur retour, elles me firent un récit animé d’une
conversation qu’elles avaient eue avec M. Weston en revenant.
« Et il nous a demandé si vous étiez malade, miss Grey, dit
Mathilde ; mais nous lui avons répondu que vous étiez très-bien
portante, seulement que vous n’éprouviez pas le besoin d’aller
à l’église, de sorte qu’il va croire que vous êtes devenue méchante. »
Toutes les chances de le rencontrer pendant la semaine
étaient aussi écartées avec soin : car, de peur que je n’allasse
voir la pauvre Nancy Brown ou toute autre personne, miss
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 50.djvu/623
|
qui avait rêvé de ne plus coûter aux siens de nouveaux sacrifices
était contraint de tout recevoir de Saintonge. Il annonce à son père
la bonne nouvelle avec un cri de joie : « Il est arrivé deux dossiers.
J’espère bien, dit-il, ne plus te gêner longtemps! » Que ce double
envoi est d’heureux augure! Il commence donc à être connu! Des
deux cliens, l’un est ruiné, sa cause est excellente ; il la plaidera ;
l’autre est riche, mais son procès est mauvais ; il l’a renvoyé. Ainsi,
dès le premier jour, il accomplit simplement ce devoir supérieur de
l’avocat, celui qui fait de sa charge quand il en comprend la dignité
une première magistrature. Mais que son père se rassure. Ne va-t-il
pas recevoir le lendemain ses premiers honoraires? Il a plaidé au
tribunal correctionnel, et on lui a promis 30 francs. Avant même de
les toucher, il écrit à Mme Dufaure ; il n’oublie pas la destination
du premier argent gagné; il doit l’employer à acheter une montre
pour sa mère. Il en renouvelle la promesse et s’engage pour en hâter
l’accomplissement à ne pas aller au spectacle. Peu de mois après
arrivait à Vizelles une montre qui, aujourd’hui encore, est précieusement conservée. Assurément, elle le mérite quand on songe au
sentiment filial qui en a inspiré l’achat, au nombre de plaidoyers
qu’elle représente et à l’effort qu’il dut faire pour demeurer fidèle
à son engagement.
Le goût des livres, si vif à Paris, était devenu à Bordeaux une
passion. Dans les premiers mois, le stagiaire avait vécu de privations. Quand les honoraires commencent à paraître, rien n’est
changé à la vie matérielle, mais les livres affluent dans les petites
chambres transformées en bibliothèque. Les premiers mois se
passent à acheter des livres de droit.
Son père, en apprenant ses premiers succès, lui propose de
s’installer plus largement. Il ne souffre pas qu’on lui parle d’un
appartement plus élégant, il lui manque encore des milliers de
volumes. D’ailleurs, le logement qu’il occupe n’est-il pas bien situé,
vis-à-vis la grosse cloche qui lui montre l’heure le jour et le réveille
de bon matin? Il y restera; seulement il demande à son père de lui
avancer la somme nécessaire pour acheter une collection d’arrêts; il
lui promet, en février 1821, que ce sera le dernier argent employé
en livres. Sur ce serment de collectionneur, le père savait à quoi
s’en tenir, mais il lui pardonnait aisément, car il commençait à voir
ce qu’il savait faire de cet instrument de travail.
Vivant entre ses dossiers et ses livres, le jeune avocat négligeait
à dessein la société de Bordeaux. Il y paraissait fort peu, assez
cependant pour la scandaliser, lorsqu’en plein carnaval on vit un
jeune homme de vingt-quatre ans, venu de Paris et ne sachant pas
danser. « Pour réussir à Bordeaux, écrit-il avec indignation, il faut
<references/>
|
Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/232
|
que l’on admire en ton père ? ou montres-tu déjà même une gravité égale à celle de tes ancêtres ? As-tu soin de n’employer dans les plus grandes affaires que les plus grands des hommes, ces ministres de ton père et de ton aïeul, ces gens purs, qui ont passé dans le creuset de l’expérience ? Sans doute, fils de Raghou, les mets que l’on sert devant toi, substantiels ou délicats, tu ne les manges pas seul ? Tu invites, n’est-ce pas ? tes compagnons et tes serviteurs à les partager avec toi ?
« Le général de tes armées est-il adroit, vigilant, probe, de noble race, audacieux, plein de courage, d’intelligence et de fermeté ? Donnes-tu aux armées sans réduction, comme il est juste, ce qu’on doit leur donner, les vivres et la paye, aussitôt que le temps est échu ? —-Car, si le maître laisse écouler, sans distribution, le jour des rations et du prêt, le soldat murmure contre lui, et de là peut résulter une immense catastrophe.
« Tes places fortes sont-elles bien remplies toujours d’armes, d’eau, de grains, d’argent et de machines avec une nombreuse garnison d’ouvriers militaires et d’archers ? Tes revenus sont-ils grands ? Tes dépenses sont-elles moindres ? Tes richesses, prince, ne sont-elles jamais répandues sur des gens indignes ? Tes dépenses ont-elles pour objet le culte des Immortels, les Mânes, des visites faites aux brahmanes, les guerriers et les différentes classes de tes amis ? »
Alors Bharata, d’une âme troublée et dans une profonde affliction, fit connaître ''en ces termes'' au pieux Râma, qui l’interrogeait ainsi, la mort du roi, son père : « Noble prince, le grand monarque a délaissé son empire et s’en est allé dans le ciel, étouffé par le chagrin de l’œuvre si pénible qu’il fit en exilant son fils. Te
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/239
|
{{tiret2|avan|tages}} à remplir au Maroc la lourde charge dont nous prenions la responsabilité.
Devons-nous renoncer à des espérances aussi légitimes ?
Est-ce là ce qu’entend l’Allemagne lorsqu’elle affirme que toutes les
puissances doivent demeurer au Maroc exactement, strictement, sur
le même pied ? Prétend-elle que la France, — en dehors de la région
de la frontière où on veut bien nous reconnaître le droit de nous
défendre quand nous serons attaqués, — n’y ait pas une autre situation
que la Suède, par exemple ? Eh bien ! qu’elle le dise, et nous
reconnaîtrons tout de suite que son opposition ajourne à une époque
indéterminée la réalisation de toutes les espérances que nous avions
pu concevoir, de tous les projets que nous avions pu imaginer. Nous
lui abandonnerons l’avantage d’avoir, pour un temps plus ou moins
long, arrêté la civilisation à la porte du Maroc. Elle n’aura poursuivi
qu’un succès diplomatique immédiat, elle l’aura eu. Mais pourquoi
le ferions-nous consacrer par une conférence internationale ?
On a vu, dans notre grande Révolution, les ordres privilégiés
renoncer, au cours d’une nuit fameuse, à tous les droits dont ils
étaient investis : ils faisaient ce sacrifice à ce qu’ils considéraient comme
l’intérêt supérieur de la patrie. Admettons que nous n’ayons pas ici
des droits, mais seulement des prétentions : à qui, à quoi en ferions-nous
le sacrifice, pour éprouver le besoin d’y procéder avec tant de
solennité ? Si on nous inflige, et si nous devons nous infliger à nous-mêmes
un désaveu, qu’on nous permette du moins d’y mettre des
formes plus discrètes. Notre situation au Maroc est ce qu’elle est ;
nous la conservons telle quelle. Les engagemens que d’autres puissances
ont contractés envers nous valent ce qu’ils valent, vaudront
ce qu’ils vaudront dans la suite des temps ; nous les conservons
aussi tels quels. Quant à l’Allemagne, puisque le Sultan du Maroc est
tombé momentanément sous sa dépendance, qu’elle en use : nous les
laissons en tête à tête. Nous ne jugeons pas, — avons-nous besoin de le
dire ? — que le Maroc vaille un conflit entre l’Allemagne et nous. Que
l’Allemagne en fasse donc ce qu’elle voudra, si toutefois elle peut en
faire quelque chose, ce dont nous nous permettons de douter. Bien des
gens, chez nous, éprouvaient des appréhensions très vives en voyant
notre gouvernement s’engager dans une affaire dont ils le soupçonnaient
de n’avoir pas calculé d’avance toutes les difficultés. Nous
en étions, et ce n’est pas aujourd’hui la première fois que nous le
disons. Cependant, nous sommes voisins immédiats du Maroc ; nous
le connaissons mieux que personne, et nous avons plus que personne
des moyens permanens d’action sur lui ; nos expériences algériennes
<references/>
|
Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/148
|
{{tiret2|mal|gré}} son ennui de ne pas réveillonner dans la
famille de son fiancé.
Roberte et Félicité Damoure arrivèrent ensemble
toutes recroquevillées par le froid. Puis
ce fut Gabielle, les mains dans les poches de sa
jaquette, et rejetant son souffle comme si elle
avait trop chaud. Bouledogue entra, le nez tout
plissé et les dents à l’air. Et, comme toujours la
dernière de toutes, Bergeounette se précipita avec
sa turbulence et son air évaporé.
Lorsque {{Mme}} Dalignac eut avancé ou reculé les
lampes pour que chacune fût satisfaite, le travail
reprit en silence.
Un roulement de voitures montait de l’avenue
et les tramways faisaient grincer les rails.
Des bandes de jeunes gens descendaient de
Montrouge en chantant à pleine gorge. Et dans
les minutes d’accalmie, on entendait démarrer un
fiacre dont l’une des roues râpait le bord du trottoir,
tandis que les rires des femmes se mêlaient
aux claquements fêlés des fers du cheval.
À mesure que la soirée s’avançait, nous apportions
plus d’attention aux bruits du dehors. De
temps en temps l’une de nous laissait échapper
un gros soupir, et on ne savait pas si ce soupir
s’en allait plein de regrets vers la fête ou s’il était
causé par la fatigue de la veillée.
Un peu avant minuit, Bergeounette fit entendre
une sorte de chant très lent et triste comme une
plainte. Aussitôt Duretour se moqua :
— Voilà un air gai pour le réveillon.
<references/>
|
Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/276
|
{{nr|266|{{sc|revue philosophique}}|}}Un but, que nous croyons ''nôtre'' et qui nous fait ''siens'', entre en nous
un jour, s’empare de nous ; ce n’est point notre intérêt qui l’a fait
naître : le hasard a rassemblé en nous les fragments d’idées dont il
se compose. Et, quand même ce serait notre intérêt qui nous ferait
désirer ce but, que signifierait cela ? Notre intérêt, n’est-ce pas le
succès de quelque but antérieur, entré lui-même en nous comme je
viens de le dire ? En remontant à la source de notre vouloir, nous
n’y voyons qu’attraction irrésistible vers quelque chose d’étranger,
une expulsion hors de nous-même, hors de la sphère où nous nous
replions parfois pour savourer nos joies égoïstes. Bentham ne tient
nul compte de cet arbitraire fondamental, de cet irrationnel, essentiel
appui de toute logique et de toute nécessité ; et c’est là une lacune
énorme.
Mais il rachète tous ses défauts par un mérite éminent, sa sincérité
d’abord, son horreur de tout charlatanisme verbal, de toute phraséologie grandiloque et creuse, familière à nos juristes français,
quand, d’aventure, ils se hasardent à philosopher, et puis cette
sûreté d’instinct qui, tout droit, l’a conduit au vrai nœud des questions morales et économiques. « Il a senti la nécessité, dit son traducteur et metteur en œuvre, Dumont, d’établir un principe invariable qui pût servir de base à une ''mesure commune'' en morale et
donner cette ''unité'', le plus important, mais le plus difficile problème
de la philosophie. » (''Législation civile et pénale''.) Il ne l’a pas trouvée, cette arithmétique morale, mais il l’a cherchée passionnément.
Il faut donc qu’il ait longtemps souffert de son absence constatée,
qu’il ait heurté comme tant d’autres, mais sans y échouer comme
eux, sans y engloutir toute foi dans la possibilité de la justice, à ce
grave écueil de toute notion de valeur et de droit : l’hétérogénéité
des divers biens humains à sacrifier les uns aux autres dans le cours
des déterminations morales et des fluctuations sociales. Il a vu
cependant comme nous, il n’a pu ne pas voir la différence du
tout au tout qui éclate entre l’œuvre d’un plâtrier et une fresque
de Michel-Ange, entre la gaieté d’un ivrogne et l’inspiration d’un
poète, entre les plaisirs de l’adultère et les joies de la famille ; et
l’histoire lui a fait naître sans doute à chaque ligne, dans le défilé
des états sociaux ondoyants et divers, le regret de quelques beautés
spéciales, ''{{lang|la|sui generis}}'', à jamais irretrouvables, que chaque âge
emporte et scelle avec soi dans sa tombe, de cette flore de vertus
ou de charmes propres, patriotisme antique, fidélité féodale, résignation, abnégation, bravoure militaire, fleur de politesse et d’élégance des cours, qui reste attachée à chaque station historique et
ne laisse à la suivante que son souvenir Qui dira en quoi le nom de
<references/>
|
Arnaud - La Cousine Adele.pdf/365
|
Un peu plus loin, un jeune mari, homme du peuple,
d’une forme assez rude, soutenait de son bras robuste
une femme, belle et gracieuse, qui avait trop longtemps
marché. L’un et l’autre riaient de cette fatigue, suite
d’une journée de plaisirs exceptionnels. Ils se réjouissaient
du repos qu’ils allaient trouver dans leur famille,
avec la bonne réception des parents et des amis.
« Moi seul, se disait Olivier, je ne connais plus ni
l’affection, ni la joie. Ô solitude ! tu vas achever le travail
de la douleur ! »
Un jour, soit instinct, soit hasard, sa course errante
le conduisit près de la maison d’un ancien commerçant
de Saint-X***, qui avait prospéré et qui, en abandonnant
les affaires, était venu dépenser à Paris ses vingt
mille livres de rente.
Cet homme — il se nommait Marly — habitait, avec
sa famille, une jolie maisonnette à lui, tout près du
parc Monceau qui alors était vraiment un parc.
« J’en fais mon jardin, » disait-il avec une naïve jubilation.
« Au risque d’être navré de leur bonheur, pensa
M. de Frankallais, il faut que je voie l’intérieur de ces
gens-là. Ils m’ont souvent invité à leurs dîners, à leurs
fêtes. J’ai toujours redouté l’emploi du temps qui peut
se borner à bâiller ; mais, aujourd’hui, l’ennui ne saurait
m’effrayer.
« Je ressens le transport bizarre d’un homme ivre
qui crie : « Du vin ! » Je me sens pris de la fantaisie
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 2.djvu/169
|
{{nr||LEONE LEONI.|163}}poésies étrangères qu’il me traduisait avec une rapidité et une précision inconcevables ; pendant ce temps, je filais du lin dans le demi-jour de l’étable. Il faut savoir quelle est la propreté exquise des étables suisses pour comprendre que nous eussions choisi la nôtre pour salon. Elle était traversée par un rapide ruisseau d’eau de roche qui la balayait à chaque instant et qui nous réjouissait de son petit bruit ; des pigeons familiers y buvaient à nos pieds ; et, sous la petite arcade par laquelle l’eau entrait, des moineaux hardis venaient se baigner et dérober quelques graines. C’était l’endroit le plus frais dans les jours chauds quand toutes les lucarnes étaient ouvertes, et le plus chaud dans les jours froids quand les moindres fentes étaient tamponnées de paille et de bruyère. Souvent Leoni, fatigué de lire, s’y endormait sur l’herbe fraîchement coupée, et je quittais mon ouvrage pour contempler ce beau visage que la sérénité du sommeil ennoblissait encore. Durant ces journées si remplies, nous nous parlions peu, quoique presque toujours ensemble ; nous échangions quelques douces paroles, quelques douces caresses, et nous nous encouragions mutuellement à notre œuvre. Mais quand venait le soir, Leoni devenait indolent de corps et actif d’esprit ; c’étaient les heures où il était le plus aimable, et il les avait réservées aux épanchemens de notre tendresse. Doucement fatigué de sa journée, il se couchait sur la mousse à mes pieds, dans un endroit délicieux qui était auprès de la maison sur le versant de la montagne. De là nous contemplions le splendide coucher du soleil, le déclin mélancolique du jour, l’arrivée grave et solennelle de la nuit ; nous savions le moment du lever de toutes les étoiles et sur quelle cime chacune d’elles devait commencer à briller à son tour. Leoni connaissait parfaitement l’astronomie, mais Joanne possédait presque aussi bien cette science des pâtres, et il donnait aux astres d’autres noms souvent plus poétiques et plus expressifs que les nôtres. Quand Leoni s’était amusé de son pédantisme rustique, il l’envoyait jouer sur son pipeau le ranz des vaches au bas de la montagne. Ces sons aigus avaient de loin une douceur inconcevable. Leoni tombait dans une rêverie qui ressemblait à l’extase ; puis, quand la nuit était tout-à-fait venue, quand le silence de la vallée n’était plus troublé que par le cri plaintif de quelque oiseau des
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 26.djvu/76
|
se fait surtout sentir sur les nouvelles recrues, dont près d’un dixième est enlevé la première année. La rareté des communications établies avec la montagne rend le commerce de Derbent tout-à-fait nul. Les bazars consistent en quelques boutiques presque vides ; je n’y remarquai qu’une grande abondance de fruits excellens. La population de Derbent et du district de ce nom s’élève à environ quinze mille ames, parmi lesquelles on compte beaucoup de juifs et de musulmans des sectes d’Ali et d’Omar.
La route qui conduit de herbent à Kouba est praticable pendant une partie de l’année pour des chariots de poste ; elle n’est interrompue que par la crue des eaux qui suit la fonte des neiges. Le Samour, quoique se divisant en une multitude de bras, offre souvent un passage aussi difficile que dangereux. Les relais de poste sont établis dans de petites redoutes entourées d’un fossé et d’un mur en terre revêtu de palissade de bois. Quelques Cosaques gardent ces redoutes. Presque tous, ainsi que les écrivains des postes et les postillons, étaient attaqués d’une fièvre qui leur laisse à peine quelques instans de repos. A l’exception de plusieurs villages entourés d’eaux vives et ombragés de beaux arbres et d’immenses vergers, je ne remarquai aucun point intéressant sur la route de Kouba. Je traversai, pour me rendre dans la ville, la rivière de Kudialtchaï, laissant à ma droite un village de juif karaïtes. Ces juifs, fidèles à l’Ancien Testament, ont rejeté les compilations du Talmud et les commentaires des savans hébreux. La simplicité de leurs doctrines ajoute à la pureté de leurs mœurs, et les juifs karaïtes jouissent partout d’une considération refusée aux autres Israélites.
Je passai au milieu de la forteresse de Kouba ; elle est entourée d’une palissade en bois et d’un mur en terre défendu par quelques canons. Cette forteresse résista, en 1838, à l’attaque de quatre mille montagnards qui voulurent enlever Kouba. Le siège dura deux jours, mais on se borna à l’échange de quelques coups de fusil. Depuis cette tentative aussi maladroite qu’infructueuse, les habitans du district de Kouba, qui se compose de cent cinquante villages, et renferme une population de cent mille habitans, se sont vu retirer la permission de porter des armes. C’est la seule province dans laquelle les Russes aient pu appliquer cette mesure de précaution. Nulle part ailleurs ils ne l’ont tenté, et il serait douteux qu’ils pussent réussir, car les montagnards tiennent plus à leurs armes qu’à la vie ; leur poignard ne les quitte jamais, et dans toutes leurs excursions ils portent un long fusil et un sabre. Les pistolets sont peu en usage
<references/>
|
Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/94
|
{{Nr|88|{{Espacé|{{sm|THÉORIE DE LA TERRE.}}}}|}}{{Tiret2|s’é|lèvent}} le plus haut) ne les surpassent ensuite que de 3 à 400 toises, et n’excèdent par conséquent le niveau des mers que d’environ 3600 toises : ainsi, s’il y avoit des montagnes plus hautes encore, on leur verroit sous la zone torride une ceinture de neige à 2400 toises au dessus de la mer, qui finiroit à 3500 ou 3600 toises, non par la cessation du froid, qui devient toujours plus vif à mesure qu’on s’élève, mais parce que les vapeurs n’iroient pas plus haut.
M. de Keralio, savant physicien, a recueilli toutes les mesures prises par différentes personnes sur la hauteur des montagnes dans plusieurs contrées.
En Grèce, M. Bernouilli a déterminé la hauteur de l’Olympe à 1017 toises : ainsi la neige n’y est pas constante, non plus que sur le Pélion en Thessalie, le Cathalylium et le Cyllenou ; la hauteur de ces monts n’atteint pas le degré de la glace. M. Bouguer donne 2500 toises de hauteur au pic de Ténériffe, dont le sommet est toujours couvert de neige. L’Etna, les monts Norwégiens, l’Hémus, l’Athos, l’Atlas, le Caucase, et plusieurs autres, tels que le mont Ararath, le Taurus, le Libanon, sont en tout temps couverts de neige à leurs sommets.
{{Bloc|{{Droite|toises.|fs=smaller}}
{{Table|titre=Selon Pontoppidam, les plus hauts monts de Norwège ont|page=3000}}
{{sm|''Nota.'' Cette mesure, ainsi que la suivante, me paroissent exagérées.}}
{{Table|titre=Selon M. Brovallius, les plus hauts monts de Suède ont|page=2333}}}}
{{Brn}}
Selon les ''Mémoires de l’Académie royale des Sciences'' (année 1718), les plus hautes montagnes de France sont les suivantes :
{{Bloc|{{Droite|toises.|fs=smaller}}
{{Table|espace=.2em|titre=Le Cantal.|page=984}}
{{Table|espace=.2em|titre=Le mont Ventoux.|page=1036}}}}
<references/>
|
Annales de mathématiques pures et appliquées, 1829-1830, Tome 20.djvu/192
|
{{c|<math>
\begin{align}
S&=4\varpi x\sqrt{r^2-x^2},\\
\Sigma&=2\varpi\left(r^2-x^2\right)+4\varpi x\sqrt{r^2-x^2},\\
V&=2\varpi x\left(r^2-x^2\right).
\end{align}
</math>}}
De là on tire, par différentiation,
{{c|<math>
\frac{\operatorname{d}S}{\operatorname{d}x}=&4\varpi\frac{r^2-2x^2}{\sqrt{r^2-x^2}},&\quad \frac{\operatorname{d}^2S}{\operatorname{d}x^2}=&4\varpi x.\frac{2x^2-3r^2}{\left(r^2-x^2\right)^\frac{2}{3}},\\\\
\frac{\operatorname{d}\Sigma}{\operatorname{d}x}=&4\varpi\left\{\frac{r^2-2x^2}{\sqrt{r^2-x^2}}-x\right\},&\quad \frac{\operatorname{d}^2\Sigma}{\operatorname{d}x^2}=&4\varpi\left\{\frac{x\left(r^2-6x^2\right)}{\left(r^2-x^2\right)^\frac{2}{3}}-1\right\},\\\\
\frac{\operatorname{d}V}{\operatorname{d}x}=&2\varpi\left(r^2-3x^2\right)\,;&\quad\frac{\operatorname{d}^2V}{\operatorname{d}x^2}=&-12\varpi x.
\end{alignat}
</math>}}
{{SA|En égalant les différentielles premières à zéro, on obtient successivement}}
{{c|<math>
\left.
\begin{align}
&x=\frac{r}{\sqrt{2}},\\\\
&x=r\sqrt{\frac{3\pm\sqrt{-11}}{10}},\\\\
&x=\frac{r}{\sqrt{3}},
\end{align}
\right\}
\text{d’où}
\left\{
S=&2\varpi r^2,&\frac{\operatorname{d}^2S}{\operatorname{d}x^2}=&-16\varpi,\\\\
\Sigma=&&\frac{\operatorname{d}^2\Sigma}{\operatorname{d}x^2}=&\\\\
V=&4\varpi\left(\frac{r}{\sqrt{3}}\right)^3,&\frac{\operatorname{d}^2V}{\operatorname{d}x^2}=&-4\varpi\left(1+\frac{3}{2\sqrt{2}}\right).
\end{alignat}
\right.
Ainsi l’on voit, en résumé, 1.{{o}} qu’il n’y a proprement ni ''maximum'' ni ''minimum'' pour la surface totale, puisque, pour ce cas, la hauteur du cyliqdre est imaginaire ; 2.{{o}} que la hauteur du cylindre, dont la surface latérale est ''maximum'', est égale au côté du quarré inscrit à un grand cercle de la sphère, et que cette surface latérale est alors double de celle d’un grand cercle ; 3.{{o}} enfin, que la hauteur du cylindre de plus grand volume qu’on puisse inscrire à une sphère donnée est les deux tiers du côté du triangle équilatéral inscrit à un grand cercle de la sphère, et que ce volume ''maximum'' est triple de celui de la sphère qui aurait cette même hauteur pour diamètre.
<section begin="correction"/>{{CorrDiscussion/lst|1=<math>\frac{\operatorname{d}^2S}{\operatorname{d}x}=</math>|2=<math>\frac{\operatorname{d}^2S}{\operatorname{d}x^2}=</math>|3=|ligne=|par=|expl=|endroit=ligne 1, 1{{e}} système, à droite}}<section end="correction"/>
<references/>
|
Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/108
|
accumulation un champ statique équilibrant en chaque point les actions motrices. Si ces actions ne dérivent pas d’un potentiel ou si elles varient avec le temps, le courant se prolonge, continu ou variable selon les circonstances. Il en résulte des propriétés nouvelles que nous allons examiner maintenant.
'''Le centre électrisé en mouvement.''' — Tant qu’un centre électrisé reste immobile par rapport à l’éther, le champ électrique qui l’entoure reste invariable en tout point du milieu et, par conséquent, aucun champ magnétique n’est produit. Si, au contraire, un centre électrisé O de charge e est en mouvement (nous supposerons tout d’abord ce mouvement rectiligne et uniforme), le champ électrique qu’il produit en un point fixe du milieu tel que A varie avec le temps, augmente quand le centre électrisé s’approche, passe par un maximum quand le centre passe par le pied de la perpendiculaire abaissée du point A sur la trajectoire, puis diminue quand le centre s’éloigne. En même temps, sa direction change puisqu’elle est déterminée à chaque instant par la droite qui joint au point fixe A la position actuelle O du centre.
|
Laplace - Essai philosophique sur les probabilités.djvu/51
|
{{Numérotation|{{Sc|sur les probabilités.}}||43}}intitulé ''Methodus incrementorum'', ait considéré les équations linéaires aux différences finies. Il y donne la manière d’intégrer celles du premier ordre, avec un coefficient et un dernier terme, fonctions de l’indice. À la vérité, les relations des termes des progressions arithmétiques et géométriques que l’on a considérées de tout temps, sont les cas les plus simples des équations linéaires aux différences ; mais on ne les avait pas envisagées sous ce point de vue, l’un de ceux qui se rattachant à des théories générales, conduisent à ces théories, et sont par là de véritables découvertes.
Vers le même temps, Moivre considéra, sous la dénomination de ''suites récurrentes'', les équations aux différences finies d’un ordre quelconque, à coefficiens constans. Il parvint à les intégrer d’une manière très ingénieuse. Comme il est toujours intéressant de suivre la marche des inventeurs, je vais exposer celle de Moivre, en l’appliquant à une suite récurrente dont la relation entre trois termes consécutifs est donnée. D’abord, il considère la relation entre les termes consécutifs d’tme progression géométrique, ou l’équation à deux termes qui l’exprime. En la rapportant aux termes inférieurs d’une unité, il la multiplie dans cet état par un facteur {{Tiret|cons|tant}}
<references/>
|
Les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, 1874.djvu/96
|
{{Nr|82|LES JÉSUITES}}
{{tiret2|goû|ter}} de la belle Binot, qui poivra particulièrement
les pères Du Trone, De La Rue et
Petit d’une fine vérole dont les pauvres jésuites
pensèrent crever quelque tems après.
La fête de Vénus étant finie, l’on renvoya
les écoliers avec leurs récompenses, croyant
avoir rencontré une bonne fortune. Il n’est
point de bien que l’on ne dît des charmes
de Marie Binot que deux ou trois couvens
entretenoient ; mais, quand on vint à connoître
le mal qu’elle leur avoit causé, chacun
l’envoya mille fois au diable sans qu’elle
y allât pourtant, la menaçant de la rouer
de coups s’ils la pouvoient trouver, aussi
bien que la vieille maquerelle qui la leur
avoit envoyée. Après avoir maudit toutes
les putains de Paris, tout ce qu’ils purent
faire fut de se faire promptement guérir
par un chirurgien nommé Le Roux, qui leur
donna des drogues qui les guérit en apparence
sans aller en Suède.
Quelque tems après, comme la santé de
ces religieux étoit rétablie, il leur prit envie
de revoir des femmes, mais non pas des coureuses.
Le père Richard fit connoissance
avec une jeune fille qu’il confessoit, qui étoit
la fille d’un marchand de bois, enjouée et
jolie au dernier point ; et comme elle ne demandoit
que la compagnie des mâles, elle
reçut avec plaisir la proposition que son
confesseur lui fit, qui étoit de venir quelquefois
voir les révérends pères jésuites dans
<references/>
|
G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/243
|
connues dans le pays. Un chirurgien de l’endroit en
entendit parler, fit venir près de lui le petit Ambroise, et
voyant qu’il ne demandait qu’à s’instruire, le prit chez lui
comme aide.
A partir de ce moment, Ambroise Paré commença à étudier la
chirurgie, qu’il renouvela plus tard par ses découvertes. Il
devint médecin du roi. Toute sa vie est un long exemple de
travail, de science, de dévouement et de modestie.
[[File:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants p241.jpg|thumb|center|upright=1.7|AMBROISE PARÉ, né près de Laval vers 1517, mort à
Paris en 1590. Il fut le chirurgien des rois Henri II, François
II, Charles IX et Henri III.]]
Quand la peste éclata à Paris, le roi quitta la ville, mais
Ambroise Paré, quoiqu’il fût médecin du roi, refusa de
l’accompagner et voulut rester à Paris pour soigner les malades.
Il s’exposa à tous les dangers et parvint ainsi à sauver bien des
malheureux en risquant lui-même sa vie.
Les soldats l’appelaient leur ''bon père''. Un jour, dans une
campagne, il fut fait prisonnier par les Espagnols. On ne l’avait
point reconnu, mêlé à la foule des prisonniers ; mais un de ses
compagnons vient à tomber malade : il le soigne, il le sauve. On
le reconnaît aussitôt et on lui rend la liberté.
Ce grand homme avait une modestie égale à son génie. Un jour, on
le félicitait d’une guérison merveilleuse qu’il venait
d’accomplir. Il fit cette simple réponse, qui est devenue
célèbre :
— Je l’ai pansé, Dieu l’a guéri.
[[File:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants p241b.jpg|thumb|center|upright=1.7|ARDOISIERS D’ANGERS. — Quand les ardoises ont été
arrachées de la carrière par gros blocs, on les fend au moyen de
coins et de pics ; on obtient ainsi des feuilles de plus en plus
minces. De nos jours, on a inventé une machine au moyen de
laquelle on fend les ardoises avec rapidité.]]
David d’Angers a gravé ces mots au bas de la statue d’Ambroise
Paré qu’il a sculptée.
<br />
'''II.''' L’Anjou est plus fertile encore que le Maine ; les vents
tièdes de l’Océan rendent le climat assez doux, mais humide. On y
trouve
<references/>
|
Henri IV - Lettres Missives - Tome7.djvu/519
|
{{nr|!t96 |LETTRES MISSIVES|}}
fais ceste lettre pour vous dire que j’ay à plaisir, si Foccasion s’en
presente, que vous faciès oliice de ma part en sa faveur autant que la
dignité de mes aB’aires et.le bien de mon service le pourront per-
mettre : de quoy me remettant en vous, je prie Dieu, Mons' Jeannin,
qu’il vous ayt en sa saincte et digne garde. Escript à Paris, le mf jour
de mars 1608.
P Bnumixr. .
` [1608.] -- 7 mns.
Orio. auto ra he. — Collection de M. le chevalier de la Lande. - — Communication de M. Feuillet
D g P _
de Conches. ’
A MONS" DE VILLEBOY.
Mons' de Villeroy, J’ay veu la lettre que vous m’avés escripte pour
° response à celle que j’avois faicte à m' le chancelier sur les honneurs
( IG l’on clesiroit estre faicts à "leu mons' de Mont ensierl, et trouve
ll P
_ fort bon ceque vous en aves resolu ensemble, ce que _]e veux estre
sui, et lus, de remettre les choses à l’adveni1 comme elles doivent
V) P
et les oster de la confusion où les troubles passez les avoient mis
_jusqu’à ceste heure. C’est pourquoy, afin que le tout se face selon vos
advis, j’ay commandé à Lomenie de vous envoyer sept ou huict lettres
en blanc, tant pour les chevaliers et evesques que vous jugerés devoir
servir et assister à ceste ceremonie, que vous lerés remplir comme
vous jugeres à propos. J’ay commandé à m' de Fervaques de se rendre
demain à Paris et d’y faire ce que vous luy prescrires. Quant a ce O
t qui contribuerait à prouver que cette ne- de la Toison d`()r, gouverneur de Namur,
gociation aété publiée sur la copie et non était le second fils de Lamoral, comte
sur les originaux. d'Egmont, et de Sabine de Bavière. Il
“ Charles, comte d’Egn1ont, prince de mourut le 18 janvier 1620.
Gavres, baron de Fiennes, etc. chevalier _
’ Ce prince venait de mourir le 27 février.
<references/>
|
Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/80
|
LE SERPENT Nom ` 75
vers le temps des ligueurs et des huguenots. Cette
succession d’images à l’antique, l’anachronisme même
de leur melange me charmèrent comme le déc0r_de ces
images anciennes, où, les époques étant confondues,
on voit tantôt des soldats byzantins et florentins per-
cer le flanc du Christ en croix, tantôt le prince de
Troie faire visite au roi de France.
' Je me llattai de concevoir que le cadre était litté-
raire à souhait pour y saluer une belle dame. Conduit
par un croquant au chapeau galonné de velours
lâches, cet équipage me transporta, selon le trot d`un
cheval blond, dans une .campagne de bles verts et
d`avoines mùrissantes. Un soleil amical se jouait sur
la plaine,et faisait, à l’horizon, étinceler la mer. Nous
gravîmes des côtes, nous nous enfonçàmes dans les
chemins creux tapissés d’ajoncs et de ronces. Enün,
passé un pont, se décoiîvrit, à gauche, le plus déli-
cieux ensemble de maisonnettes roses penchées sur
le bord d`une crique profonde. Au bout, derrière le
phare trapu et deux brise-lames, la surface de la 1uer
lumineuse montait au ciel pâle en frissonnant pour le
plaisir des fenêtres ouvertes. Sur les quais, maints
pêcheurs bleus sommeillaient devant leurs canots
échouées à demi dans le reflux clapotant des eaux.
Aux versants de la crique, des vaches paissaient la
lande. Une colline déborde les toits de Sauzon et
tend au zénith la croix d'un calvaire. Le bourg s’étage
au flanc du_ terrain dodu. L’église neuve règne sur
une place ombragée par quelques arbres séculaires,
animée par le jeu des enfants. Les façades que nous
longeâmes s’ornaient de roses trémières et de fleurs
grimpantes. Nous gravîmed une pente semblable à un
praticable de théâtre. Nous doublâmes le coin d`un
<references/>
|
Bellanger - Histoire de la traduction en France, 1892.djvu/95
|
{{nr||— 80 —}}méthode de Burnouf devînt pour ceux-ci un admirable instrument
qui leur permit de satisfaire avec plus de sûreté aux nouvelles
exigences du public. Ajoutez à cela les immenses progrès de
la philologie, les travaux de Dübner, de Boissonnade, de Hase,
de Dindorff, de Fix, et de de Sinner, pour ne nommer que
ceux-là, qui vinrent compléter ou corriger les textes. Ce fut dans
ces conditions de supériorité relative que travaillèrent nos traducteurs contemporains, surtout à partir de la seconde moitié de ce siècle.
Mais si, d’un côté, ces diverses améliorations les mirent à même
d’obtenir des résultats plus parfaits, d’un autre côté, l’obligation de se rapprocher de plus en plus de la vérité augmenta chaque jour la
difficulté de leur tâche. Plus le traducteur se trouva condamné à
restreindre le champ de la fantaisie, et plus son travail exigea d’érudition et de sagacité. Aussi, à mesure que l’art de traduire représentera une plus grande somme de connaissances techniques et
d’efforts sérieux, verrons-nous diminuer le nombre des traducteurs
''hommes du monde'' et augmenter celui des ''traducteurs universitaires''. A part deux ou trois exceptions, toutes les traductions remarquables de cette période-ci sont dues à des professeurs soit de nos lycées, soit de nos Facultés.
Mais, avant d’examiner cette dernière série de travailleurs, véritable
lignée de Burnouf, il nous faut jeter un coup d’œil sur quelques
ouvriers et sur quelques ouvrages d’une date plus récente et
qui ont suivi immédiatement le grand mouvement littéraire de 1830.
L’un des ouvrages les plus intéressants de cette époque fut le
''Thucydide'' d’Ambroise-Firmin Didot. Il remonte à l’année 1833.
Il se distingue par une lutte attentive et souvent heureuse contre
les difficultés du texte, qu’il serre de très près.
Par une innovation hardie, Ambroise-Firmin Didot laisse aux
noms propres leur physionomie antique aussi souvent que cela lui
paraît possible. Sans heurter trop violemment les traditions invétérées, il proteste courageusement contre la routine. Il est un oseur, j’allais dire un romantique de la traduction. Il attache tant d’importance à cette réforme que dans la seconde édition de son ''Thucydide'' il expose les principes qui l’ont guidé dans la transcription des
<references/>
|
Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/67
|
{{tiret2|em|ployé}} votre temps beaucoup mieux. Personne,
parmi ceux qui ont le bonheur de vous entendre
ne peut trouver qu’il manque rien à
votre jeu. Ni vous ni moi n’avons une exécution
destinée aux étrangers. »
Lady Catherine qui s’impatientoit de ce
qu’on pouvoit faire la conversation sans elle,
demanda ce qu’on disoit. Alors Elisabeth se
remit à jouer du piano. Milady s’approcha ; et
après avoir écouté une minute, elle dit à
Darcy : “ Elle ne doigte point mal du tout ;
et je vous assure que si elle avoit été bien
montrée, elle joueroit à faire plaisir, Pour
le talent et le goût, je ne connois personne
comme ma fille. Si sa santé lui avoit permis
de travailler, elle auroit été d’une force très-distinguée. „
Elisabeth regarda Darcy, pour savoir s’il
entroit dans cet éloge de sa cousine. Mais
elle ne sut pas discerner le plus léger symptôme
d’inclination. Lady Catherine continua
à parler piano et exécution, tranchant sur
bien des choses qu’elle n’entendoit pas, et
donnant des avis et des leçons à Elisabeth,
qui les recevoit avec autant de politesse et
de modestie qu’elle savoit le faire. Tous les
intervalles d’un morceau à l’autre étoient
remplis de cette manière, et toujours Mr.
Darcy et le colonel redemandoient quelque
<references/>
|
Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/99
|
}}vais croire, et me tapis à l’abri d’un fouillis de roseaux.
J’y restai longtemps, trop effrayé pour bouger et même beaucoup trop affolé pour songer à quelque plan d’action. Le paysage farouche qui m’entourait dormait silencieusement sous le soleil et le seul bruit que je pusse percevoir était celui que faisaient quelques insectes dérangés par ma présence. Bientôt, me parvint un son régulier et berceur — le soupir de la mer mourant sur le sable.
Au bout d’une heure environ, j’entendis Montgomery qui criait mon nom, au loin, vers le nord. Cela me décida à combiner un plan d’action. Selon ce que j’interprétais alors, l’île n’était habitée que par ces deux vivisecteurs et leurs victimes animalisées. Sans doute, ils pourraient se servir de certains de ces monstres contre moi, si besoin en était. Je savais que Moreau et Montgomery avaient chacun des revolvers, et à part mon faible barreau de bois blanc, garni d’un petit clou — caricature de massue — j’étais sans défense.
Aussi, je demeurai où j’étais jusqu’à ce que je vinsse à penser à manger et à boire, et, à ce moment, je me rendis compte de ce que ma situation avait d’absolument désespéré. Je ne connaissais aucun
<references/>
|
Œuvres mêlées 1865 III.djvu/310
|
<div style="text-align:center;margin-bottom:5px">BILLET À LA MÊME.</div><div style="text-align:center;margin-bottom:25px;font-size:95%">(1695.)</div>
<p style="margin-bottom:10px">{{Sc|Vous}} me reprochez ma négligence de n’avoir pas fait des lettres pour vous ; je vous reproche avec plus de raison votre paresse de n’en pas faire pour vous-même. J’ai vu un temps que la construction ne vous manquoit pas moins que l’orthographe : vos pensées valoient toujours mieux que les miennes ; j’en entendois mieux que vous la liaison, et je vous étois en quelque façon nécessaire. Présentement, il n’y a rien que vous ne sachiez ; et c’est une trop grande nonchalance de ne vouloir pas écrire à M. de Miremont et à milord Essex. Vous voulez des lettres brillantes, dans les plus simples compliments. J’ai mal réussi à ma lettre de milord Gallway, pour ce style ; je réussirois plus mal encore, en celles que vous me demandez. Quand j’aurois eu autrefois quelque imagination, vous auriez tort d’en vouloir trouver aujourd’hui quelque misérable reste : je n’en ai plus ; et la perte en doit moins être attribuée à ma {{tiret|vieil|lesse}}
<references/>
|
Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/526
|
l’ombre, sentant la vie lui revenir et ses membres reprendre leur élasticité, tandis que sa peau halitueuse,
caressée par une brise légère, recouvre peu à peu de la
tonicité, que tout son organisme se remonte enfin, en secouant sa torpeur !
Autant il paraît drôle de concevoir le Sibérien sauvage
ou même les ancêtres préhistoriques de l’Européen méridional, se complaisant à une complète nudité ou se costumant légèrement, au milieu des frimas ou des neiges éternelles, autant il serait curieux de rencontrer l’Africain
inculte, s’imposant des vêtements sous le ciel brûlant de
la ligne équinoxiale, sans qu’une longue excitation morale
soit déjà venue le contraindre à cette gêne évidente. Partout donc ou l’on trouve des Nigritiens habillés, quelque
primitif que puisse être leur costume, on peut certifier
qu’ils ont accompli une certaine évolution morale, poussés
par le désir de plaire ou d’être décents. Pourrait-on en
dire autant des Européens ? Certainement non. Partout on
les rencontre couverts ; aux époques les plus reculées et,
parmi les plus sauvages de leurs ancêtres. Ce qui est chez
l’Africain la recherche d’une satisfaction immatérielle,
n’est chez ces derniers qu’une nécessité, qu’un besoin matériel.
Aussi, en comparant le développement des sentiments de
la pudeur dans les diverses races humaines, doit-on soigneusement écarter ces amplifications stupides ou l’on
montre les noirs comme des êtres inférieurs, parce qu’ils
vivent nus, au milieu de leurs forêts vierges, sans s’occuper
de cacher ce que le blanc éprouverait une honte indicible
à laisser voir ! Mais ce n’est pas le seul reproche qu’on
adresse à ceux qu’on veut classer comme les membres
d’une race inférieure. Ils n’ont, dit-on, aucun souci des
spectateurs dans l’accomplissement des actes les plus
impudiques et démontrent, par là, un degré d’avilissement
<references/>
|
Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/74
|
{{nr|70|{{sc|l’homme et la terre. — palestine}}}}base aient cru voir des dieux apparaître sur les sommets rayonnants.
Deux mille années avant le passage des Juifs, le Sinaï, dans la région d’influence égyptienne, était consacré à une divinité lunaire<ref>Sayce, ''{{lang|en|Patriarchal Palestine}}'', p. 59.</ref> ; les descriptions de l’''Exode'' le font se dresser dans le ciel comme habité par le dieu de la Foudre, et de tout temps des anachorètes, fuyant le monde, vinrent se blottir aux pieds de ses escarpements. Malgré le caractère formidable de la péninsule Sinaïque, cette contrée presque inhabitable était restée depuis un temps immémorial dans le cercle d’attraction des nations voisines, grâce à ses gisements de cuivre, pourtant relativement pauvres mais renfermant de précieuses turquoises et d’autres cristaux. Il y a près de sept mille années que l’on commença d’exploiter ces mines, abandonnées depuis vingt siècles au moins<ref>Berthelot, ''Revue scientifique'', 1896, {{rom|ii|2}}, p. 278.</ref>. Un des anciens documents que possèdent les savants relativement à l’histoire égyptienne des premiers âges est une stèle du roi Sosiris (Snefru), de la quatrième dynastie, que l’explorateur Benedite a découverte dans un oued de la péninsule Sinaïque<ref>Bonola, ''Bulletin de la Société khédiviale de Géographie'', 1896, n° 10.</ref>.
Les inscriptions hiéroglyphiques se continuent de siècle en siècle depuis les âges reculés jusqu’à l’époque où les Hébreux s’enfuirent de la terre d’Egypte<ref>Lepsius, ''{{lang|de|Denkmäler aus Ægypten und Æthiopien}}''.</ref> et n’ont point cessé de se produire depuis lors : les pèlerins de l’Afrique septentrionale ont à doubler les deux golfes de Suez et d’Akabah pour se rendre à la Mecque. Une certaine vallée, voisine du golfe de Suez, a reçu le nom de Oued Mokatteb ou « Ravin de l’Ecriture » d’après les innombrables gravures et dessins que les passants ont laissés sur les parois de rochers tournées vers le nord, c’est-à-dire baignées dans l’ombre ; on eût souvent risqué la mort en taillant des lettres sur les roches éblouissantes frappées en plein par le soleil. Cette multitude d’inscriptions pressées dans l’espace étroit d’un seul ravin pourrait s’expliquer en admettant que ce lieu avait été désigné comme champ de foire aux marchands étrangers par les tribus de la Péninsule<ref>Palmer, ''{{lang|en|The Desert of the Exodus}}''.</ref>. <includeonly>
{{ancre|c116}}{{Centré|'''N° 116. Péninsule du Sinaï.'''}}
[[File:D075-Péninsule du Sinaï.-L2-Ch5.png|440px|center]]
{{Colonnes|
{{a|1. Maghara.}}
{{a|2. Oued Mokatteb.}}
{{a|3. Djebel Serbal, Horeb de Lepsius.}}
{{a|4. Autre Horeb de certains auteurs.}}
{{a|5. Djebel Musa (Moïse), Horeb traditionnel, Couvent de sainte Catherine sur le flanc Est de la montagne.}}
{{a|6. Djebel Katherin, Sinaï traditionnel.}}
{{a|7. Djebel Monneïdja, « Mont de l’Entretien », cime où, d’après les Musulmans, Dieu conversait avec Moïse.}}
{{a|8. Djebel Um Chômer, « Mère du Fenouil ».}}
{{a|9. Faran Foïnikon.}}
| nombre = 2
| style = text-align:left; font-size:0.8em; line-height:1em;
Peut-être le climat du Sinaï était-il plus humide à ces époques anciennes et les voyageurs trouvaient-ils dans les vallées plus d’eau et de végétation qu’il n’en existe de nos jours ; toutefois, les descriptions
<references/>
|
Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/522
|
{{nr|512|{{sc|revue philosophique}}}}dans l’air et dans l’eau, trouva au contraire que dans le vide le
mouvement doit être d’autant plus rapide qu’il ne rencontre point
de résistance. Restait à montrer comment les atomes, tombant parallèlement dans le vide comme des gouttes de pluie, peuvent donner
naissance à des tourbillons de matière cosmique capables de former
éternellement des combinaisons nouvelles, c’est-à-dire des mondes.
Sans doute, la plus petite déviation de la ligne parallèle doit au
cours des siècles amener une rencontre, un choc d’atomes, et cela
une fois accordé, on concevrait, avec la naissance des tourbillons,
la possibilité de formation et de dissolution de mondes. Mais nous
ne voyons pas où est la ''nécessité'' que les atomes s’écartent de la ligne
droite. ''{{lang|la|Paulum clinare necesse est corpora.}}'' Voilà une des lacunes du
système d’Épicure. Lucrèce, en vrai Romain, tranche la difficulté :
il invoque et transporte aux atomes les mouvements ''volontaires'' de
l’homme et des animaux ! Du même coup, il explique la liberté humaine par la déclinaison des atomes ! On ne saurait rêver un plus
curieux contraste avec le matérialisme de nos jours, qui ramène
tous les mouvements de l’âme, spontanés, réflexes ou volontaires, à
des processus purement ''mécaniques''.
{{t4|Les religions monothéistes et le matérialisme.}}
C’est encore un problème historique fort obscur que celui de la
fin ou plutôt de la transformation du monde antique et de la conversion des peuples aryens d’une partie de l’Orient et de l’Occident
à une religion monothéiste. Le stoïcisme, surtout depuis Tibère et
Néron, avait été à Rome la philosophie, j’ai presque dit la religion
des classes élevées. Mais un jour vint, où les âmes désabusées de
l’effort moral et du vain orgueil du sage, se détournèrent de cette
espèce de puritanisme étroit et fanatique qui a desséché l’âme d’Épictète et faussé le génie de Tacite. Tandis qu’à Rome, à Alexandrie, à
Byzance, ce qui restait des grandes familles patriciennes périssait
de consomption ou d’excès de tout genre, le néo-platonisme et le
néo-pythagorisme, tout pénétrés de l’enthousiasme religieux de l’Orient et promettant l’union mystique avec l’Être ineffable, entraînaient
aux saintes orgies tous ceux qui cultivaient encore les lettres et la
philosophie. À force de réagir contre le matérialisme et le déterminisme scientifique, on en vint dans l’école de Platon à considérer la
vérité comme une révélation et à préconiser l’extase et la théurgie !
Mais ce ne sont ni les patriciens ni les philosophes qui changent la
face du monde. C’est bien plus bas, dans les couches inférieures ou
<references/>
|
Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/143
|
j’avise ? Rodolphe, ravisseur infâme et déloyal policier, qui plonge dans le vallon à la suite de sa proie. Sur quoi, je tombe du ciel, je t’offre un bain de pieds à la vase, j’entraîne Aurélie, et vogue la galère ? L’étang, la forêt, les grottes, c’était la liberté. Patatras ! voilà que tu siffles, et deux escogriffes se dressent à l’appel. Que faire ? Problème insoluble s’il en fut ! Non, une idée géniale... Si je me faisais avaler par le gouffre ? Justement un browning me crache sa mitraille. Je lâche mes avirons. Je fais le mort au fond du canot. J’explique la chose à Aurélie, et v’lan nous piquons une tête dans la bouche d’égout.
Raoul tapota la cuisse de Marescal.
— Non, je t’en prie, bon ami, ne t’émeus pas : nous ne courions aucun risque. Tous les gens du pays savent qu’en empruntant ce tunnel taillé en plein terrain calcaire, on est déposé deux cents mètres plus bas sur une petite plage de sable fin d’où l’on remonte par quelques marches confortables. Le dimanche, des douzaines de gosses font ainsi de la nage en traînant leur esquif au retour. Pas une égratignure à craindre. Et, de la sorte, nous avons pu assister de loin à ton effondrement, et te voir partir, la tête basse, alourdi de remords. Alors j’ai reconduit Aurélie dans le jardin du couvent. Son beau-père est venu la chercher en voiture pour prendre le train, tandis que moi j’allais quérir ma valise, j’achetais l’équipage et les frusques d’un paysan, et je m’éloignais, cahin caha, sans autre but que de couvrir la retraite d’Aurélie.
Raoul appuya sa tête sur l’épaule de Marescal et ferma les yeux.
<references/>
|
Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/262
|
quoiqu’il fût l’œuvre d’un exilé. Mais rien n’égale la tendresse avec laquelle il en a parlé à Mme de Mazarin en 1676, dans un autre écrit consacré, aussi, à l’amitié. « Comme je n’ai, y dit-il, aucun mérite éclatant à faire valoir, je pense qu’il me sera permis d’en dire un qui ne fait pas la vanité ordinaire des hommes ; c’est de m’être attiré complètement la confiance de mes amis ; et l’homme le plus secret que j’aie connu en ma vie n’a été plus caché avec les autres, que pour s’ouvrir davantage avec moi. Il ne m’a rien celé, tant que nous avons été ensemble ; et peut-être qu’il eût bien voulu me pouvoir dire toutes choses, lorsque nous avons été séparés. Le souvenir d’une confidence si chère m’est bien doux ; la pensée de l’état où il se trouve m’est plus douloureuse. Je me suis accoutumé à mes malheurs, je ne m’accoutumerai jamais aux siens ; et puisque je ne puis donner que de la douleur à son infortune, je ne passerai aucun jour sans m’affliger, je n’en passerai aucun sans me plaindre. »
Le portrait que Saint-Évremond consacre à Ruvigny, dans la conversation du duc de Candale, est d’un intérêt particulier, aujourd’hui que ce personnage nous est mieux connu, par les indiscrétions de Tallemant, son beau-frère. Henri Massués, marquis de Ruvigny, étoit d’une branche bâtarde de la riche et puissante maison de Bellengreville. Son père étoit fils naturel de l’abbé des Alleux, lequel étoit frère cadet de Joachim de Bellengreville, grand prévôt de l’hôtel, sous Henri IV, célèbre pour de beaux faits d’armes, pendant la ligue, et pour avoir épousé, à quatre-vingts ans, une jeune
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 36.djvu/799
|
les terres humides de la rive opposée et de la presqu’île de Jumiéges. L’espèce ne se distingue par aucun caractère particulier, et la supériorité de sa chair sur celle des canards de basse-cour ordinaires ne tient indubitablement pas à d’autres causes que la liberté dont jouissent ici ces oiseaux.
Les escarpes du plateau crayeux se dressent brusquement au-dessus de Duclair, et il a fallu en entamer le pied pour ouvrir le long de la Seine la route qui conduit à Rouen. L’exploitation de la falaise ainsi commencée se poursuit de place en place et fournit par la navigation des matériaux aux constructions lointaines ; les excavations qu’elle pratique sont souvent muraillées et converties en habitations. La solidité des produits si faciles à travailler de ce gisement est très supérieure à ce qu’annoncent les apparences ; la preuve en est dans la belle église de pure architecture normande de Saint-Georges de Boscherville, qui, construite de 1050 à 1060 par Raoul de Tancarville, n’exige, au bout de huit cents ans de durée, que quelques travaux de consolidation. À l’extrémité orientale de ce soulèvement se dresse la chaise vénérée où s’asseyait Gargantua quand il se lavait les pieds dans la Seine, et avec un peu de bonne volonté on peut en voir les bras dans deux roches qui percent le terrain supérieur : la hauteur du siège est d’une cinquantaine de mètres, ce qui se rapporte assez bien à l’idée que se font les Parisiens de la taille du plus célèbre bourgeois de leur ville, et confirme la véracité de la tradition, qu’on serait mal venu de contester devant certains habitans de Duclair. Plus près du bourg et sur le front de la falaise, des terrassemens d’une destination plus authentique forment l’enceinte des ''Catelins'', quadrilatère de 8 à 10 hectares garni de fossés à déblais retroussés dans l’intérieur et beaucoup plus profonds que ne les faisaient les Romains. Cette fortification ne peut être qu’un poste avancé de l’occupation de la presqu’île de Jumiéges par les Normands : comme l’attestent l’histoire et quelques vestiges de retranchemens tracés sur l’isthme, ils avaient fait de la presqu’île un de leurs repaires, et, maîtres de l’embouchure de la Seine, ils s’étaient appliqués à prendre des sûretés du côté de la terre et du haut de la rivière. C’est principalement dans le choix de ses positions que s’est partout manifesté le génie militaire de cette race.
Les bords tant célébrés du Rhône, du Rhin et du Danube sont à peine comparables, pour leurs beautés naturelles, à ceux de la Seine maritime ; on le reconnaît surtout en approchant de Rouen. Au-dessous de l’étage occupé par les bois, les coteaux, chargés d’arbres fruitiers, se couvrent de gracieuses habitations ; les prairies descendent jusqu’à la rivière ; des îles à ombrages épais surgissent du sein des eaux, dépouillées de la vase qui les souillait plus bas ; le mouvement
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/932
|
la France et l’Angleterre était, pour la rendre publique, une occasion merveilleuse. C’est encore une satisfaction nouvelle qu’elles se sont donnée de faire coïncider la notoriété de leur coup d’état avec le refroidissement des deux cabinets de Londres et de Paris. Puisque les deux grands gouvernemens qui depuis 1830 avaient montré un bon vouloir constant pour la cause de la Pologne se trouvaient en désaccord momentané sur de grands intérêts, il était probable qu’ils ne s’entendraient pas sur les protestations et les remontrances à faire au sujet de Cracovie. Cet espoir n’a pas été déçu : la France et l’Angleterre protestent, mais sans concert, chacune de son côté.
Voilà donc sur une question d’isolement qui commence pour la France. Toute situation qui est marquée d’un caractère de nécessité doit être acceptée sans étonnement comme sans faiblesse. Du côté du continent, nous nous distinguons, depuis seize ans, surtout, des trois puissances du Nord par les principes de notre constitution politique, par l’esprit d’une révolution qui est le fondement et le titre de la monarchie de 1830. Depuis la même époque, la France a suivi à l’égard du continent une politique de sagesse et de modération ; elle a manifeste le désir sincère de respecter les traités et les conditions de la paix européenne. Loin de prendre, à l’égard des autres peuples et des autres gouvernemens, une attitude, une physionomie révolutionnaires, elle s’est attachée, tout en pratiquant chez elle les institutions dont elle est justement jalouse à ne donner aucun sujet légitime d’ombrage, d’inquiétude, aux trois puissances dont la religion politique est différente de la nôtre. Il plaît aujourd’hui aux trois cabinets de violer ouvertement ces traités que nous n’avons pas enfreints. Qu’est-ce à dire, si ce n’est qu’ils tombent dans la faute que nous avons su éviter ? Nous avons montré, depuis seize ans, que la France n’avait pas besoin de la violence pour affermir et étendre son autorité morale ; sans rien usurper, sans rien reprendre sur personne, elle a su grandir et prospérer. Il y a dans cette situation plus de force que ne seraient tentés de le soupçonner les gouvernemens absolus qui paraissent aujourd’hui en humeur de se passer leurs fantaisies La France n’est plus une nation révolutionnaire, mais un pays constitutionnel qui représente en Europe les intérêts et les principes les plus vrais de la civilisation moderne. Ces intérêts et ces principes, la France ne les abdiquera pas pour courtiser l’incertaine amitié des gouvernemens absolus : en agissant ainsi, elle se désarmerait, elle perdrait sa valeur morale. Elle ne fera pas la faute d’effacer les contrastes qui la séparent des représentans de l’absolutisme, contrastes qui la constituent et lui attirent tant de sympathies.
Du côté de l’Angleterre, l’isolement qui commence a d’autres raisons. Par quelle fatalité le concours de l’Angleterre nous manque-t-il -toujours, lorsqu’une grande question s’élève en Europe ? Quoique l’affaire de Cracovie ait éclaté au milieu de la mésintelligence qui règne aujourd’hui entre la France et l’Angleterre, nous sommes loin de blâmer le gouvernement français d’avoir proposé au cabinet britannique de protester en commun contre la résolution des trois puissances. En effet, M. Guizot, aussitôt après avoir reçu communication officielle de cette résolution, a invité M. de Jarnac à voir lord Palmerston et à lui demander son concours pour une protestation qui serait faite au nom des deux cabinets de Londres et de. Paris. Sans opposer à cette demande un refus formel, lord Palmerston fit connaître à notre chargé d’affaires qu’il avait déjà
<references/>
|
Perochon - Nene.djvu/262
|
Et les larges mains de Madeleine s’ouvrent toutes
grandes sur le petit corps nu...
Mais l’enfant n’a pas jeté ses bras en avant comme
naguère. Au contraire il se cabre et frappe.
— Je m’appelle pas Jojo ! Je suis grand !
— Mon Jésus !
— Je t’aime plus !... va-t’en ! tu es méchante ! et
puis tu sens le fromage !
Un sanglot, profond comme un râle... Madeleine
se sauve.
Au bout du jardin elle bute contre une barrière ;
elle court : son paquet tombe, elle perd ses sabots...
Elle court droit vers l’étang, vers un endroit où
l’eau est profonde et noire ; elle court, elle court et
flouc !...
Très vite, elle revint à la surface, la poitrine
pleine d’eau. Un instant, autour de son visage mille
petites vagues clapotèrent, mille petites voix moqueuses
et cruelles chantèrent :
— Nêne... Nêne... Nêne...
Elle perdit connaissance et glissa tout au fond sur
le lit de boue.
Quelques bulles montèrent encore, puis l’eau se
calma tout à fait.
De beaux nuages semblables à des mérinos blancs
voyageaient avec lenteur. Le soleil brillait très haut ;
l’heure était éclatante et douce.
{{Centré|FIN}}
:::''Vouillé (Deux-Sèvres), le'' 31 ''mai'' 1914.
{{—}}
{{Centré|86361. — Imprimerie {{sc|Lahure}}, 9, rue de Fleurus, à Paris}}
<references/>
|
Defontenay, Star ou Ψ de Cassiopée, Ledoyen, 1854.djvu/178
|
comme définitif leur établissement sur ces deux
terres. Au contraire, le souvenir de leur patrie
primitive, entretenu et perpétué parmi eux par
les ouvrages descriptifs de Cosmaël, les tableaux
vivants de Mundaltor, et surtout les admirables
poèmes de Séelevelt écrits depuis la fuite de
Ramzuel, leur inspira à la fin un regret inextinguible.
Les Nemsèdes, qui ne s’étaient presque jamais
quittés et qui étaient, selon l’expression des Stariens,
les trois facultés d’une même âme, résumaient
pour la race exilée toute science et tout
souvenir. Pendant tout le temps que dura le séjour
des Stariens dans les satellites, ils furent
les patriarches et les directeurs arbitres du peuple.
À travers mille dangers, ils avaient conduit
d’âge en âge l’humanité starienne à une prospérité
parfaite ; mais pensant n’avoir point terminé
leur œuvre régénératrice tant que la nation entière
n’aurait point repris possession du monde
natal, ils s’efforçaient d’entretenir dans l’esprit
du peuple le désir et l’espérance de reconquérir
Star. Depuis un siècle déjà, les Stariens croyaient
à chaque instant entendre sonner l’heure du départ.
Un chant d’espérance, un hymne empreint
<references/>
|
Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/250
|
2^8 Correspondance. 11,266-267.
bonne, ny de qui i'efpere des iugemens plus finceres,
ie me fuis propofé de chercher particulièrement leur
protedion ; et pource que vous elles Tvn des princi-
paux de leur Cors "^^ & que vous m'auez toujours
fait l'honneur de me témoigner de Taffedion ; et fur 5
jtout à caufe que c'eft la caufe de Dieu que i'ay entre-
pris de deffendre, i'efpere beaucoup d'affiftance de
vous en cecy, tant par vollre confeil, en auertiifant
le Père Merfenne de la façon qu'il doit ménager cette
affaire, que par voflre faueur, en me procurant des 10
iuges fauorables, & en vous mettant de leur nombre.
En quoy vous m'obligerez à eftre paifionnément toute
ma vie,
Monfieur & R. P.,
Vollre tres-humble, & tres-obeïfîant i5
CCXVI.
[Leyde], 11 novembre 1640.
Texte de Clerselier, tome II, lettre 47, p. 267-268.
Cette lettre, comme la précédente, a été jointe à la lettre CCXIII
ci-avant^ puis remise par Hiiygens à Descartes, qui les adressa à
Mersmnt le 18 novembre, avec la leltf-e CCXVIII ci-apr-ès.
le vous enuoye enfin mon écrit de Metaphyfique,
a. i.e P. Gibieuf avait été reçu, en 1609, de la Société de Sorbonne,
��
�
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 26.djvu/755
|
bonne entente que s’étaient imposé la France et l’Angleterre était un frein salutaire pour l’une et pour l’autre : il devait neutraliser toute aspiration excessive dans la politique étrangère des deux peuples ; il était par conséquent une garantie de conservation libérale et de paix non-seulement pour eux, mais pour le reste de l’Europe. La formation de cette alliance avait été pour la France un sérieux succès, car elle avait détaché l’Angleterre de cette ligue des cours du Nord qui avait survécu aux coalitions de la fin de l’empire. Grâce à elle, nous pouvions entrer dans le concert européen avec l’avantage d’un concert antérieur et d’une prépondérance morale et matérielle assurée d’avance. Chacun des gouvernemens qui se sont succédé en France depuis trente ans a pu apprécier les bienfaits de cette alliance, ou ressentir l’inconvénient des troubles passagers qu’elle a subis ; chacun également en a connu et accepté la condition : c’était dans les grandes affaires européennes la convenance d’une entente préalable et une disposition réciproque, chez chacun des alliés, à déférer aux avis amicaux de l’autre dans la mesure de ses intérêts légitimes et de son indépendance.
Dans cette condition naturelle de l’alliance intime, dans cette mutuelle condescendance qui entraîne en certains cas, pour un pays, le sacrifice d’une part de sa liberté d’action, il est manifeste que l’Angleterre, comme la France, trouvait la sécurité nécessaire aux intérêts civils de la paix. Nous n’avons pas à examiner si le gouvernement français a, dans ces derniers temps, attaché autant de prix que le gouvernement anglais à cette sécurité ; mais tout démontre qu’à tort ou à raison les Anglais ont cru, depuis un an, que cette sécurité leur faisait défaut. Il y a un an, l’Angleterre était gouvernée par un ministère tory. Ce cabinet avait fait les plus grands efforts pour nous détourner de l’entreprise d’Italie, et lorsque la guerre eut éclaté, il sortit du système de l’alliance intime pour se réfugier dans celui de la stricte neutralité. Le ministère de lord Derby, au moment où la guerre allait finir, fut remplacé par le cabinet libéral de lord Palmerston et de lord John Russell. Les nouveaux ministres prirent position, eux aussi, dans la neutralité, mais il fut bientôt visible qu’ils voulaient et espéraient revenir à l’entente cordiale. Ils crurent avoir atteint leur but au mois de janvier 1860, lorsqu’ils nous fournirent, pour sortir des difficultés italiennes, le « sésame ouvre-toi » des quatre propositions, et lorsqu’ils signèrent le traité de commerce. Ils crurent nous prêter par-là un grand secours, et nous faire des concessions assez importantes pour avoir le droit d’influer sur nos résolutions ultérieures relativement à la Savoie. Ils eurent tort sans doute, et nous nous garderons bien de justifier leur illusion. Nous ne voulons qu’expliquer le sentiment qui a dû les animer lorsqu’ils ont déclaré qu’ils renonçaient à cette alliance virtuelle dont on faisait tant de bruit il y a deux mois. Deux fois en un an, les Anglais ont voulu obtenir du gouvernement français l’abandon de résolutions qui touchaient aux intérêts généraux de l’Europe, et deux fois, sous un ministère libéral comme sous un cabinet tory, ils ont
<references/>
|
Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/218
|
— Vous essayez de me tromper sur mon devoir, tous ! Si je laissais aller Maurin en ce moment et qu’on le sût, je perdrais ma place...
— Aimes-tu mieux perdre l’honneur des Corses ? cria Tonia.
Ce mot ralluma la colère du gendarme.
— Je perdrai mon honneur de Corse en ne pas arrêtant un assassin comme celui-ci ! cria-t-il... Tais-toi, femme ! Si tu te mettais à commander déjà ton fiancé, que ferais-tu un jour de ton mari !... Allons, laisse-moi passer !
Il saisit sa fiancée par le bras, l’écarta violemment et commit la faute stratégique de s’insinuer, à la suite de Maurin, entre la table et le mur.
— Si tu fais cela, alors, cria-t-elle, alors prends y garde ! j’aimerai mieux peut-être bandit comme lui, que gendarme comme toi !
Et elle s’engagea, à la suite du gendarme, entre le mur et la table, en criant :
— Profite, Maurin profite ! Laissez-le échapper, mon père !
Elle se cramponna des deux mains aux deux bras du gendarme dont elle paralysait les mouvements.
Maurin, mettant une main sur la table, bondit par-dessus sans l’effleurer des pieds, et prit la porte qui se referma à grand bruit.
— Je l’aurai ! cria Alessandri. Laisse-moi, laisse-moi, Tonia ! je te dis de me laisser.
Elle le retint encore.
Il dut, la traînant après lui, faire le tour de la table. Quand il parvint à la porte, il essaya vainement de l’ouvrir. Maurin, du dehors, l’avait fermée à double
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 106.djvu/520
|
On comprend que le roi de Prusse ait suivi de tels événemens avec l’anxiété la plus vive. Protestant des plus zélés, il était chrétien par-dessus tout ; il sentit bien que ces agressions démagogiques étaient dirigées contre le christianisme. Lors même que ses nobles sentimens ne l’eussent pas attaché dès le début de la lutte à la cause des catholiques injustement frappés, il n’aurait pas tardé à s’apercevoir qu’il était menacé dans ses amis de Neufchatel. Est-ce que les pasteurs les plus respectés de Genève et de Lausanne, est-ce que le représentant le plus illustre du protestantisme évangélique en Suisse, M. Alexandre Vinet, n’ont pas été opprimés en 1847 par les mêmes hommes qui poursuivaient le ''Sonderbund'' ? La haine du ''Sonderbund'' n’était qu’un masque ; le radicalisme s’attaquait plus haut. De 1841 à 1847, depuis la suppression des couvens d’Argovie jusqu’à la déroute du ''Sonderbund'' et bien au-delà encore, le prince de Neufchatel n’a cessé de voir dans les troubles de la Suisse un immense danger pour la civilisation chrétienne ; il désirait ardemment l’intervention de l’Europe.
Les grandes puissances étaient très partagées sur la conduite à tenir. Au mois de mai 1845, après l’attaque de Lucerne par les corps-francs, comme la défaite d’Ochsenbein, loin de terminer le conflit, présageait au contraire des luttes plus violentes, M. Guizot voulut connaître les intentions des divers cabinets. Il leur adressa une série de questions nettes et précises. Le roi de Prusse étant le plus directement engagé dans la question, M. Guizot avait écrit d’abord au marquis de Dalmatie, notre ministre à Berlin : « Si la guerre civile commence révolutionnairement en Suisse, nous ne devons, je crois, rien faire, ni même nous montrer disposés à rien faire avant que le mal se soit fait rudement sentir aux Suisses. Toute action extérieure qui devancerait le sentiment profond du mal et le désir sérieux du remède nuirait au lieu de servir. En aucun cas, aucune intervention ministérielle isolée de l’une des puissances ne saurait être admise, et quant à une intervention matérielle collective des puissances, deux choses sont désirables : l’une, qu’on puisse toujours l’éviter, car elle serait très embarrassante ; l’autre, que si elle doit jamais avoir lieu, elle n’ait lieu que par une nécessité évidente, sur le vœu, je dirai même sur la provocation d’une partie de la Suisse recourant à la médiation de l’Europe pour échapper à la guerre civile et à l’anarchie. Nous n’avons donc, quant à présent, qu’à attendre ; mais en attendant nous avons besoin, je crois, de nous bien entendre sur cette situation et sur les diverses éventualités possibles, car il ne faut pas que, si la nécessité de quelque action ou de quelque manifestation commune arrive, nous soyons pris au dépourvu. Parlez de ceci confidentiellement au baron de Bulow. Je n’ai pour mon compte aucune idée
<references/>
|
Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/151
|
{{t3|XXXIII.}}
Sur un carré de terrain derrière l’étable, les moineaux,
les petits moineaux qui font pit... pit-pit,
s’abattaient par bandes tourbillonnantes. Ils venaient
picorer dans la neige blanche, dans la balle
répandue qu’ils éparpillaient très vite, très vite, de
leurs pattes rapides, les grains d’avoine échappés au
crible.
P’tit Louis avait remarqué qu’il y en avait toujours
en grand nombre, des vieux papas moineaux
qui criaient fort, faisaient la loi à d’autres plus petits
qui devaient être des fils moineaux, et il était
accouru, sa « lignette » à la main...
— Non. plus loin, lui disait Claude... à gauche,
un peu... c’est là qu’ils viennent le plus... Bon,
mets un peu de paille et de balle.
— Ça vit ça, des moineaux, hein, Claude ?... Si
je pouvais en attraper... va...
... Depuis si longtemps qu’il machinait toutes espèces
de filets, p’tit Louis, qu’il travaillait à fabriquer
des lignettes qui n’étaient jamais à son goût...
Au fond il n’y avait rien de très compliqué dans la
construction... un cercle de tonneau quelconque,
des ficelles entrecroisées, des crins de cheval ajustés
en nœuds coulants pour emprisonner traîtreusement
les pattes ou les têtes d’oiseau. Mais il y avait
toujours des nœuds qui fonctionnaient mal et qu’il
fallait sans cesse remplacer.
<references/>
|
Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/129
|
Depuis l’aventure du ménétrier, il avait passé les nuits et les jours dans la douleur. La vicomtesse le trouva en larmes quand elle entra : « Aucassin, lui dit-elle, vous avez des chagrins, je veux les dissiper et vous faire voir choses qui vous amuseront : suivez-moi. » Il suivit, plein d’inquiétude et d’espérance. On lui ouvrit la chambre, et il vit, ô surprise ! Nicolette sa douce amie. À ce spectacle une telle joie le saisit qu’il resta sans mouvement. Nicolette, sautant légèrement en bas du lit, courut à lui les bras ou verts, et avec un doux sourire lui baisa les deux yeux. Ils se firent mille tendres caresses. Enfin quand il fut heure convenable, Aucassin conduisit sa belle à l’église où il l’épousa, et la fit dame de Beaucaire.
Ce fut ainsi qu’après bien des malheurs se trouvèrent réunis ces deux amants. Ils passèrent une vie longue et heureuse. Aucassin aima toujours Nicolette ; Nicolette aima toujours Aucassin ; et c’est ainsi que finit le joli chant que j’en ai fait.
<references/>
|
Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/137
|
À propos du jésuite Malagrida, brûlé à Lisbonne pour de bien faibles motifs, d’Alembert ajoute : « C’est une chose plaisante que l’embarras où les jésuites et les jansénistes se trouvent à l’occasion de cette victime immolée par l’Inquisition. Les jésuites, dévoués jusque-là à ce tribunal de sang, n’osaient plus en prendre le parti depuis qu’il avait brûlé un des leurs. Les jansénistes commençaient à le trouver juste dès qu’il eut condamné un jésuite aux flammes. Ils assurèrent et imprimèrent que l’Inquisition n’était pas ce qu’ils avaient cru jusqu’alors, et que la justice s’y rendait avec beaucoup de sagesse et de maturité. »
On aimerait à voir d’Alembert et Voltaire plus humains et moins aveuglés par la passion que les chrétiens fort imparfaits qu’ils attaquent ; ni l’un ni l’autre n’aurait allumé ni regardé le bûcher, mais ils en riaient et de loin feignaient d’y penser avec plaisir. D’Alembert, à l’occasion de la tragédie d’''Olympie'' faite par Voltaire en six jours, lui écrit :
« Donnez-nous vite votre œuvre des six jours, mais ne faites pas comme Dieu et ne vous reposez pas le septième. Ce n’est point un plat compliment que je prétends vous faire ; mais je ne vous dis que ce que j’ai déjà dit cent fois à d’autres. Vos pièces seules ont du mouvement et de l’intérêt et, ce qui vaut bien cela, de la philosophie, non pas de la philosophie froide et parlière, mais de la philosophie en action. Je ne vous demande plus d’échafaud, je sais et je {{tiret|res|pecte}}
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/362
|
cependant j’aimerais à citer, comme tout à fait supérieur, un morceau sur la moralité et la croyance, à propos d’Octave Feuillet, par le Révérend M. D. Coussirat, de l’Université de France, professeur d’hébreu et de littérature orientale à l’Université Mac Gill. Le poète attitré du Canada, Fréchette, était présent. Il nous dit un poème patriotique, éclos au milieu des terribles nouvelles du bombardement de Paris en 1870 :
::Tandis que d’un œil sec d’autres regardaient faire,
::.............
::Par-delà l’Atlantique, aux champs du Nouveau Monde,
::Que le bleu Saint-Laurent arrose de son onde,
::Des fils de l’Armorique et du vieux sol normand,
::Des Français, qu’un roi vil avait vendus gaîment,
::Une humble nation qu’encore à peine née,
::Sa mère avait un jour, hélas ! abandonnée,
::Vers celle que chacun reniait à son tour
::Tendit les bras avec un indicible amour.
::La voix du sang parla, la sainte idolâtrie
::Que dans tout noble cœur Dieu mit pour la patrie
::Se réveilla chez tous...
et, avec une émotion accrue par celle de son auditoire, le poète répète ce cri qu’alors poussa un million de voix : « Vive la France ! Il dit comment, à Québec, dans le quartier des fabriques, le faubourg Saint-Roch, ''la Marseillaise'', une ''Marseillaise'' bien détournée du sens révolutionnaire, éclata tout à coup :
::C’était le vieux faubourg,
::Qui grondant comme un flot que l’ouragan refoule,
::Gagnait la haute ville et se ruait en foule
::Autour du consulat...
Et voilà qu’un homme de la troupe, un forgeron, le scapulaire au cou, parle : il annonce que lui et les siens sont prêts à partir.
::«... Prenez toujours cinq cents.
::Et dix mille demain vous répondront : Présens ! »
::Hélas ! son instinct filial Ignorait que le code international,
::Qui pour l’âpre négoce a prévu tant de choses,
::Pour les saints dévouemens ne contient pas de clauses.
Nul n’aurait pu dire si les vers étaient bons ou mauvais, mais il y eut un long silence plus significatif que tous les applaudissemens. Pour rompre ce charme douloureux, l’auteur de ''la Légende d’un peuple'' nous lut, sans transition, une amusante histoire de
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 105.djvu/937
|
par le patriotisme, occupent, comme d’habitude, une assez
grande place dans la nef. Le plus volumineux, et qui ne réunit pas
moins de sept figures colossales, est le ''Monument national de Costa-Rica'', par M. Louis Carrier-Belleuse. On y voit, sur le devant, un cadavre de flibustier déjà puni, puis un autre flibustier
qui s’enfuit, et, derrière, debout, la république de Nicaragua, troublée par l’invasion, mais soutenue par sa voisine Costa-Rica. Trois
autres républiques centro-américaines, représentées par des indigènes, accourent encore au secours de leurs sœurs. Ce groupe,
très mouvementé, est traité avec franchise et vigueur, sans déclamation théâtrale, ce qui est difficile à éviter dans des scènes de
ce genre. Les deux statues de héros de l’indépendance américaine,
par M. Mac-Monnies, toutes deux destinées à des places de New-York, sont de simples figures de grandeur naturelle, mais exécutées avec une accentuation très simple et très grave du caractère des
personnages. Le premier, ''Nathan Hale'', exécuté par les Anglais,
comme espion, en 1776, est représenté au moment du supplice,
debout, les mains liées, lorsqu’il prononce ses dernières paroles :
« Je regrette de n’avoir qu’une vie à donner à mon pays. » Le second, ''James S.-T. Stranahan'', premier citoyen de Brooklyn-New-York, garde en effet tout l’air, dans son attitude de promeneur, d’un
de ces bons et intelligens bourgeois dont Franklin est resté pour
nous le type. Un autre Américain, un Canadien, M. Philippe Hébert, Français d’origine, nous offre une bonne effigie de ''Frontenac''
gouverneur français du Canada, en 1690. La sculpture de M. Hébert,
comme celle de M. Mac-Monnies, a, d’ailleurs, une tournure absolument française.
Les quatre figures de M. Allar, pour la basilique en construction
à Domrémy, composent un groupe remarquable. Néanmoins, on ne
pourra porter sur l’ensemble un jugement définitif que lorsque ces
figures seront en place, et exécutées dans la matière pour laquelle
elles ont été préparées. Ces quatre statues, ''Jeanne d’Arc entendant les voix, saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite, lui ordonnant de partir au secours de la France'' doivent être disposées sous le porche de l’église. L’artiste s’est donc trouvé, pour
les réunir, en présence de difficultés singulières; d’une part,
il fallait conserver à Jeanne d’Arc une place digne d’elle, ce qui
excluait la possibilité de nous la faire voir de profil et encore moins
de dos; d’autre part, il fallait assurer également aux trois saintes
la position prépondérante qu’elles doivent tenir dans un édifice qui
leur est consacré. M. Allar les a donc tous présentés de lace,
Jeanne sur le premier plan, en bas, en avant, sa quenouille à la
main, un genou en terre, se soulevant au murmure de ces voix
<references/>
|
Siefert - Rayons perdus.djvu/187
|
<poem>
Et calculent tout bas combien de lèvres roses
::::Ils ont entendu rire ainsi.
Ah ! le temps s’en va vite en son cours monotone !
Voici bientôt venir le cinquantième automne,
Le jour anniversaire où jadis ces époux
Se sont promis de vivre & de mourir ensemble.
Elle était svelte alors ainsi qu’un jeune tremble,
Lui rieur, éloquent, à la fois fier & doux.
Ils sont seuls maintenant à se donner encore
Les noms de leur jeunesse (ô vieux reflet d’aurore !),
À se remémorer les faits des temps passés,
Disant : « T’en souvient-il ? » ou bien : « Je me rappelle... »
Car tous ceux qu’ils aimaient & que leur voix appelle
::::Se sont peu à peu dispersés.
Hélas ! & chaque ride à leur tempe imprimée
Est comme le tombeau d’une mémoire aimée.
Mères, parents, amis, par la mort emportés,
Sont tombés autour d’eux. Comme aux forêts prochaines
Reste parfois debout un seul groupe de chênes
Surgissant au milieu des troncs décapités,
Ou bien comme l’on voit au soir d’une bataille
Deux compagnons, portant au sein plus d’une entaille,
</poem>
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/66
|
classes, ne laisse-t-il point subsister chez les autres une prétention légitime à la propriété, par exemple ? On dira que le devoir de charité répond à cette prétention, et cela est vrai pour les individus ; mais la collectivité même n’a-t-elle point ici à exercer un devoir de justice, ce que nous avions appelé jadis ici même « justice réparative ? » On est en présence d’effets collectifs et sociaux résultant de causes historiques et sociologiques, non d’un « procès » individuel conférant des titres individuels ; on ne peut donc armer l’individu d’un droit positif ; mais cela ne supprime pas les devoirs moraux de la collectivité. Les lois du fonctionnement même de la société ont pour résultat certains maux en même temps que certains biens ; comment la société, qui n’est pas un mécanisme aveugle, ne chercherait-elle pas à réparer moralement le mal qu’elle produit naturellement ? Comment pourrait-elle consentir à regarder comme sans remède ce qui résulte de rapports entre des êtres intelligens et aimans, non entre des rouages insensibles ? On a bien eu raison de le dire : « Il n’y aura jamais trop de vérité ni de justice dans le monde. »
L’idée de solidarité ne nous lie pas seulement au passé par des devoirs de justice réparative, elle nous lie à l’avenir par des devoirs de justice préventive. C’est une justice de ce genre, éminemment sociale et non individuelle, qui veut que l’Etat veille à la conservation de la race, au maintien de sa puissance de travail, de sa valeur physique, intellectuelle, morale. Les conséquences de l’abâtardissement retombent sur les générations suivantes, non seulement sur les individus qui en sont les victimes directes, mais sur tous les autres, qui en subissent les contrecoups. Ici encore, il a bien fallu que l’individualisme reconnût un lien supérieur de solidarité. De même que l’ivrogne ne se fait pas tort à lui seul et doit être puni au nom des autres, de même tout régime de travail qui aboutit à l’épuisement des travailleurs et à l’abâtardissement de leur génération intéresse non seulement les travailleurs eux-mêmes, mais la nation entière.
Enfin, par rapport au présent, la justice sociale doit considérer, outre les individus et leurs relations, les conditions nouvelles du milieu social tout entier. L’ère antique des « outils » et l’ère contemporaine des machines offrent des différences essentielles, dont Marx a eu seulement le tort de tirer des conséquences extrêmes. L’outil ne permettait guère à l’ouvrier que d’utiliser sa propre force personnelle ; il était pour l’individu, comme on l’a
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 106.djvu/663
|
''philosophie cartésienne''. En en faisant tenir un exemplaire à Bossuet, l’évêque d’Avranches y joignit une lettre, où il exprimait, par manière de badinage, la crainte que son illustre confrère « n’eût pas pour agréable un ouvrage si contraire à ses opinions. » Bossuet lui répondit, avec un peu d’aigreur, — « autant qu’il me parut, » nous dit Huet en ses ''Mémoires'' ; — sur quoi les historiens de la philosophie, sans y regarder davantage, ont conclu que « Bossuet ne put supporter en silence l’apostasie cartésienne de Huet. » C’est exactement le contraire qu’il fallait dire ; et, sans doute, je le répète, on n’avait pas la réponse de Bossuet sous les yeux, mais il était si facile de n’en pas supposer le contenu ! Nous reproduisons ici toute la lettre, comme ne figurant que dans une seule des éditions des ''Œuvres'' de Bossuet.
Je ne puis partir, Monseigneur, sans vous faire mes remercîmens, sur le présent que je reçus hier de votre part, ni aussi sans vous dire un mot de la lettre dont il vous a plu de l’accompagner. Vous dites que ''la doctrine que vous attaquez a eu le bonheur de me plaire'' ; — c’est Bossuet qui souligne ; — et vous dites aussi dans la ''Préface'', qui est tout ce que j’ai eu le loisir de lire de votre livre, que vous ne prenez la peine de combattre cette doctrine que parce qu’elle est contraire à la religion. Je veux croire, pour ma satisfaction, que vous n’avez pas songé à lier ces choses ensemble ; mais la foi, dans un chrétien et encore dans un évêque qui la prêche depuis tant d’années sans en être repris, est un dépôt si précieux et si délicat<ref> On remarquera, pour ne pas se méprendre sur le sens de cette phrase, que Bossuet était alors au fort des polémiques soulevées par son ''Histoire des variations''. </ref> qu’on ne doit pas aisément se laisser attaquer par cet endroit-là en quelque manière que ce soit, surtout par un confrère qu’on aime et qu’on estime autant que vous. Je vous dirai donc franchement ce que je pense sur la doctrine de Descartes ou des cartésiens. Elle a des choses que j’improuve fort, parce qu’en effet je les crois contraires à la religion, et je souhaite que ce soit celles-là que vous ayez combattues : vous me déchargerez de la peine de le faire, comme je le fais en toute occasion, et je serai ravi d’avoir un ouvrage de votre façon où je puisse renvoyer les contre-disans. Descartes a dit d’autres choses, que je crois utiles contre les athées et les libertins, et, pour celles-là, comme je les ai trouvées dans.Platon, et ce que j’estime beaucoup plus, dans saint Augustin, dans saint Anselme, quelques-unes même dans saint Thomas et dans les autres auteurs orthodoxes, aussi bien ou mieux expliqués que dans Descartes, je ne crois pas qu’elles soient devenues mauvaises depuis que ce philosophe s’en est servi : au contraire, je les soutiens de tout mon cœur, et je ne crois pas qu’on les puisse combattre sans quelque
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 1.djvu/244
|
Le 3 janvier 1837, un ''commando'' (expédition), consistant en cent sept Hollandais, quarante Griquas à cheval et soixante sauvages à pied, quitta Tchaba-Uncha, guidé par un prisonnier matabili, qui ne voulut jamais se risquer à reparaître devant son roi. Prenant considérablement à l’ouest du point de départ, ils traversèrent presque à sa source le ''Hart-River'', et tombèrent dans le chemin de Kurruman ; par cette manœuvre adroite, ils s’approchèrent des kraals de Moselekatse, précisément du côté où ce monarque devait le moins s’attendre à une attaque. Une gracieuse et fertile vallée, bornée au nord et au nord-est par les monts Korrichane, et formant un bassin de trois à quatre lieues de circonférence, renfermait le village militaire de Mosega et quinze des principaux kraals, dans lesquels se trouvait, avec une grande troupe de guerriers, le lieutenant Kapili, à peine guéri d’une blessure au genou reçue dans le dernier combat. Ce fut lui que se dirigèrent les Hollandais. Dès que les premiers rayons du soleil éclairèrent cette matinée du 17 janvier, si célèbre dans les annales des émigrans, la petite bande de Maritz sortit tout à coup en silence d’un passage caché dans les montagnes, et avant que le soleil atteignît le zénith, les cadavres de quatre cents guerriers choisis, la fleur de la barbare chevalerie des Matabilis, jonchaient la vallée ensanglantée de Mosega. Aucune créature humaine ne se doutait du danger, et le trou que fit une balle dans le contrevent de la chambre à coucher d’un des missionnaires américains fut le premier avertissement de l’attaque méditée. Un de leurs domestiques, Bechuana converti (Baba, qui servit d’interprète au capitaine), fut pris pour un Matabili, et poursuivi de si près, qu’il n’échappa qu’en plongeant dans la rivière comme un hippopotame... Les sauvages coururent aux armes à la première alerte, et se défendirent courageusement, mais ils tombèrent comme des moineaux à mesure qu’ils sortaient des retranchemens, car aucun d’eux ne put, avec sa javeline, percer la cuirasse de peau de bœuf qui couvrait la poitrine des Hollandais. »
Moselekatse ne se trouvait pas là ; enflé par le récent succès de ses campagnes, ce despote, retiré à Kapain, songeait tranquillement à sa gloire, et c’en était fait de lui si Maritz eût porté plus loin ses pas victorieux ; mais il se contenta de ramener sept mille têtes de bétail et ses chariots : les missionnaires revinrent aussi à Thaba-Uncha, ils craignaient avec raison le ressentiment de Moselekatse.
Le capitaine Harris avait donc visité Kapain entre la victoire et la défaite des Matabilis, entre la déconfiture d’Erasmus et l’attaque de
<references/>
|
Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/696
|
636 SOLUTION DE DIFFERENTS PROBLEMES
(A 2 -+- aiAf) — 2fjï[A s ’+i(4Af— .g)] + 2i/[A 2 + /(6Af — ag)] (A 2 -t-a/Af)
— ao/vA 2 (g — 2Af) — 6i’p(g — 2Af) -+- 6jo-A 2 (g — 2Af) + pL 2 = o,
— a -+- 2(jl — y [a A 2 H- /(aoAf — 8g)] — 3«<r(g — aAf) -+- i/L 2 = o,
-pA 2 — 6vA 4 — 97rA? -t- ttL 2 = o,
— roA 2 + 7f/.A 2 — aovA 4 — 5pA ! -+■ 4ffA 4 -+- pL 2 = o, .
a — 2p. -h i6vA 2 -t- 4p — 5 (j A 2 + <tL 2 = o,
ur , /,, ^ d$dz
— W — (p. — avA 2 )z<î> — v—r- 2 h& = o,
par où l’on déterminera les valeurs des coefficients K 2 , a, |3, y, d, s, -/j,
L 2 , p., v, 7r, p, 7, ainsi que celles de tf et de 3S>, en ayant soin de pousser
les valeurs de K 2 , L 2 et a jusqu’aux quantités de l’ordre de i 2 et in, celles
de j3,y, p,v jusqu’aux quantités de l’ordre de i et de n seulement, et
enfin de négliger dans les autres toutes les quantités affectées de i et de n.
. Si l’on regarde la quantité a comme connue, et qu’on s’en serve
pour déterminer g, on aura
g = aK 2 + aAf— nJU + *’(f J — a (3 A — ayB) -l- a«’v)«K 2 B;
ensuite, supposant
K = h -- ik et L = A -f- 17,
on trouvera
A’ = f-t-aAa + -^(4Afa + i5A 2 a 2 — 5A— B)+ ^(<£, +-2Jt,),
2 A a A
/ = f + aAa H r (4Afa -t-i5A 2 «’ — 5A — B) H 7 ,A> 4 ,
A a A
» i i i • /„ » i 3 .
p = i H — a, y = — hia-nh’, o = -> e= — -rtli 1 ,
*2 32
.. . ,,, 2 ./4f 6 + ctA 2 3 i5 .
u.= i(i5 -- lo-h’ja, v = — j- + ! -f-H 7- — ai rr=-5 p = hall’,
h’ A 3 A 2 / a r a
g" = $-+ a;’(3$j + 4«(3 / Oe^-H 4* 2 y !)!>:, / (cosH/) z’rfz,
ai = ¥ + (p — avA 2 )<ï>z + v •
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/24
|
l’affaire au point de vue du duc de Rohan, le Roi donna immédiatement la parole au rapporteur. Le maître des requêtes choisi pour exercer ces fonctions difficiles était Courson, le fils de l’intendant Bâville ; c’était la première fois qu’il parlait devant le Roi. Il garda la parole deux heures et s’exprima avec beaucoup de clarté, d’élégance et de précision. La conclusion, qui surprit tout le monde, fut entièrement en faveur du duc de Rohan<ref>Nous suivons le récit de Saint-Simon. Cependant d’après une lettre du Chancelier citée par M. de Boislisle en note de son tome XIV, p. 157, l’avis de Courson n’aurait pas été suivi dans la décision qui fut, comme on va voir, en faveur du duc de Rohan, d’où il faudrait conclure que l’avis de Courson ne fut pas, comme le dit Saint-Simon, « entièrement en faveur du duc de Rohan. »</ref>. La délibération s’ouvrit ensuite ; chacun prenait la parole suivant son rang en commençant par le juge du rang le moins élevé, suivant une habitude respectueuse de l’indépendance du juge qui ne date point, comme on le croirait, de nos jours. Quand vint le tour de Daguesseau, comme on le savait timide, s’exprimant avec hésitation, et comme son opinion semblait toujours « mourante sur ses lèvres, » on crut, dans le Conseil, qu’il éviterait peut-être de donner son opinion d’une façon formelle. Il n’en fut rien. Au contraire il parla cinq quarts d’heure, avec beaucoup de force et d’éloquence en faveur du duc de Rohan, et, dans une péroraison éloquente, il adjura le Roi de ne pas laisser révoquer en doute l’autorité des stipulations d’un contrat de mariage au bas duquel la Reine sa mère avait apposé sa signature, donnant ainsi une force particulière aux moindres stipulations de ce contrat. L’éloquence de Daguesseau entraîna le vote de Chamillart qui, abandonnant la cause de la princesse de Soubise, opina en faveur du duc de Rohan ; mais d’autres juges opinèrent en faveur de la princesse. Le duc de Rohan ne l’emportait que de deux voix au moment où le Chancelier, qui était le dernier des ministres à entendre, prit la parole. Après lui ne devait parler que le Duc de Bourgogne. Du sens dans lequel le Duc de Bourgogne se prononcerait pouvait dépendre l’arrêt. Aussi le Chancelier, grand ami de Mme de Soubise, s’appliqua-t-il dans son discours moins à faire valoir les argumens en faveur des Rohan qu’à mettre le Duc de Bourgogne dans l’embarras, en lui poussant directement des bottes et en réfutant ce qu’il pourrait dire. Sans doute, il espérait ainsi ou emporter la conviction du jeune prince, ou tout au moins mettre sa timidité à l’épreuve d’avoir à lui répliquer. Son calcul fut déjoué.
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/410
|
passent ensuite, pour cinq ans, dans l’armée territoriale, puis, pour huit ans, dans la réserve de l’armée territoriale. Quant à la troisième portion du contingent, elle passe un an et quatre mois dans la deuxième classe de l’armée de dépôt où elle pourrait être astreinte à une convocation, puis est directement versée dans la réserve de l’armée territoriale.
En 1902, sur 428 000 jeunes gens du contingent, 191 000 furent déclarés bons pour le service, ce qui indique un tri déjà bien autrement sévère que celui de nos conseils de révision. Sur ces 191 000, un décret impérial versa comme de coutume les plus faibles dans la deuxième classe de l’armée de dépôt, et le tirage au sort détermina parmi le reste ceux qui seraient incorporés dans l’armée active : le nombre de ceux-ci n’était que de 45 000. Il s’y ajoute 1 200 à 1 500 volontaires d’un an. Les officiers se recrutent exclusivement parmi les élèves de l’école spéciale militaire, qui ont eux-mêmes passé pour la plupart par les écoles de cadets où l’on peut entrer à partir de huit ans ; ils passent ensuite par une école d’application distincte suivant leur arme. Les sous-officiers sont généralement des sous-officiers de carrière. La base de l’armée japonaise, tant par le choix sévère qui peut s’exercer au recrutement et n’y admet que les sujets les mieux constitués, que par la constitution des cadres inférieurs, paraît ainsi vraiment solide.
Les douze divisions que compte cette armée, et auxquelles il faut joindre la Garde, qui en forme une treizième, ne sont pas groupées, comme dans la plupart des pays européens, en corps d’armée. Elles constituent des unités qui se suffisent à elles-mêmes et comprennent des troupes de toutes armes : deux brigades d’infanterie, composées chacune de deux régimens à trois bataillons de quatre compagnies ; un régiment de cavalerie à trois escadrons ; un régiment d’artillerie à six batteries de six pièces, un bataillon du génie et un escadron du train. Outre ces treize divisions, il existe deux brigades indépendantes de cavalerie et deux brigades d’artillerie, plus dix-neuf bataillons d’artillerie de forteresse et un bataillon du génie. L’ensemble donne un effectif de paix de 160 000 hommes, officiers, sous-officiers et soldats, dont 108 000 pour l’infanterie ; 19 000 pour l’artillerie, tant de campagne que de forteresse ; 4 000 pour la cavalerie ; 8 000 pour le génie ; 15 000 pour le train des équipages, et un peu plus de 6 000 pour les services non combattans
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/484
|
Les chiffres primitifs de M. Lloyd George ont été modifiés et
abaissés sur quelques points ; mais les principes de son budget sont
restés les mêmes et pour allécher les communes et les intéresser au
succès de la réforme, le chancelier de l’Échiquier a décidé de leur
abandonner une partie du produit des nouveaux impôts, ou du moins
de certains d’entre eux. Tout le monde a compris, tout le monde a dit
en même temps, les uns pour s’en réjouir, les autres pour s’en affliger
et s’en alarmer, que c’était là le premier budget socialiste qui avait
été présenté en Angleterre. Le pays s’est aussitôt partagé en partisans et en adversaires et une grande bataille a commencé, une de
ces batailles comme on les fait en Angleterre, avec verve, avec passion, avec emportement de part et d’autre, au moyen des argumens
les plus gros et les plus forts, sans autre souci que celui de vaincre,
à quelque prix que ce soit.
Le budget de M. Lloyd George, est actuellement discuté par la
Chambre des Communes et sera certainement voté par elle : le parti
libéral y dispose toujours, malgré les pertes qu’il a faites depuis les
élections dernières, d’une majorité qui ne laisse aucun doute à cet
égard. Mais que fera la Chambre des Lords ? Ses pouvoirs en matière
fiscale sont très limités, et ils ont été réduits par l’usage à un tel
point qu’on peut presque les considérer comme nuls. Mais aux grands
maux les grands remèdes ; à une situation révolutionnaire, il faut
opposer des moyens exceptionnels. Dans la bataille dont nous avons
parlé, lord Lansdowne a tiré le premier coup de canon, a lancé le
premier défi en disant, le 18 juillet dernier : « L’unité nationale est
en danger. La Constitution est en péril. Le droit qu’ont les citoyens
anglais de compter sur une certaine justice est menacé. Les fondemens mêmes de la société sont ébranlés... Vous verrez, quand l’heure
sera venue, qu’il n’est nullement probable que la Chambre des Lords
proclame que ce projet de loi n’engage point sa responsabilité, et que,
parce qu’il touche aux intérêts financiers du pays, nous sommes
obligés de l’avaler intégralement. » Aussitôt les ministres eux-mêmes
sont entrés en campagne. Le président du Conseil, M. Asquith,
M. Wiston Churchill, M. Lloyd George enfin se sont fait entendre dans
diverses réunions. Ils ont relevé le gant que leur avait jeté lord Lansdowne, et ont foncé contre l’aristocratie et contre les riches avec
une ardeur, une véhémence, une violence qui, de la part de membres
du gouvernement, sont chose nouvelle en Angleterre. M. Wiston
Churchill s’est naturellement distingué dans ces corps à corps. On
connaît son genre oratoire. Il a pris à partie son cousin, le duc de
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 31.djvu/791
|
pays, et on leur dira qu’un honnête homme ne doit pas concourir à faire des malheureux, lorsqu’il n’a pas la certitude que, loin de l’aggraver, il a adouci leur misère. Nous avons le bonheur d’avoir à Genève un beau modèle dans ce genre. M. de Barante, notre préfet, sait se faire aimer dans l’exécution même de la conscription et de la levée des impôts. Nous sentons que sa probité, sa douceur, sa justice, l’ordre parfait qu’il a établi dans tout ce qui dépend de lui, nous sauvent chaque jour des milliers de vexations, et que nous n’éprouvons d’autres maux que ceux qui sont inévitables. Avez-vous reçu un livre de son fils qui vient de paraître : ''De la Littérature française dans le dix-huitième siècle'' ? C’est un ouvrage où l’on trouve un esprit bien distingué et une bien grande étendue de connaissances pour un jeune homme... »
« 9 janvier 1809. »
Ces témoignages sont précieux à recueillir pour l’impartiale histoire ; il est bon que ces nobles figures ne soient pas effacées dans le mouvement tumultueux des grandes annales. On comprend toutefois que l’action d’un homme, si dévoué qu’il pût être à la justice, fût bien insuffisante pour compenser les misères d’une dictature rendue plus écrasante de jour en jour par la fatalité des événemens. Pour ce Sismondi, ces Bonstetten, ces Benjamin Constant, pour ces esprits libéraux dont la grande patrie est la civilisation elle-même et qu’on a nommés des ''citoyens du monde'', les guerres européennes étaient des guerres fratricides, ''plus quam civilia bella''. Sismondi, comme Mme d’Albany, avait des amis dans toute cette Europe du nord qui allait de nouveau se heurter contre nos victorieux bataillons. Il souffrait, et ne pouvait pas même exprimer sa souffrance. C’est une chose digne de remarque, assurément que, dans la seconde période de l''empire, les lettres de Sismondi à la comtesse d’Albany ne portent plus de signature. Il est manifeste que l’inquisition de la police a pris un développement formidable ; on n’ose parler, on n’ose écrire. Cette oppression, cet effroi, ce silence, ne vous frappent-ils pas dans ces paroles familières et poignantes ?
« Coppet, 22 mai 1809.
« J’ai reçu successivement, madame, les tomes divers des œuvres posthumes d’Alfieri que vous avez eu la bonté de m’envoyer, et aujourd’hui, je pense, les derniers. Je ne saurais vous dire combien cette succession d’envois a ajouté à ma reconnaissance. Je comptais bien assez sur votre bonté pour vous demander ce présent, mais je n’attendais point cette attention soutenue qui vous a fait vous occuper de moi pendant un mois de suite, pour faire partir chaque semaine un nouveau paquet. J’ai été aussi on ne peut pas plus touché de voir toujours l’adresse écrite de votre propre main, et ''cette correspondance silencieuse me donnait une certaine émotion propre au temps où nous vivons'', car, comme des choses qu’on pense il y en a les
<references/>
|
Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 35.djvu/30
|
examine les différentes formules proposées par
Prony, Fossembroni et Bezout. On trouve un autre mémoire inséré dans les ''Actes de la société italienne'' (t. 18, p. 139). L’auteur y parle de quelques conducteurs électriques frappés par la foudre ; et, sans contester l’efficacité des paratonnerres, il donne la raison pour laquelle ils ne remplissent pas toujours leur destination. Dans un mémoire sur les propriétés des nombres, il entreprend de généraliser la théorie de Kromp.
Les sciences exactes fut doivent encore d’autres services, notamment les expériences qu’il fit avec le P. Pino, son collègue, sur le ''bélier hydraulique'', dont il chercha un des premiers à expliquer les singuliers phénomènes. Religieux, tolérant, Racagni fut généralement estimé au milieu des agitations politiques de son temps. Il mourut le 5 mars 1822. Toujours utile pendant sa vie, il voulut l’être encore après sa mort, et légua un prix annuel de deux mille francs pour celui des élèves des sciences physiques qui s’y distinguerait le plus. Le cinquième volume des ''Mémoires de l’institut du royaume lombard-vénitien'' (Milan, 1838, in-4°) contient un mémoire posthume de Racagni ; il a pour titre ''Sopra i sistemi'', etc. (Sur les systèmes de Franklin et de Symmer concernant l’électricité). <div align="right">Z.</div>
<section end="RACAGNI (le père Joseph-Marie)" /><section begin="RACAN" /><nowiki/>
RACAN (Honorat de Bueil, marquis de}, naquit
en 1589 à la Roche Racan, château situé
l’extrémité de la Touraine, sur les confins du
Maine et de l’Anjcu, dans une des contrées les
plus poétiques de la France, et par son climat
délicieux, et par ses sites riants, et par les souvenirs
historiques dont elle abonde. C’est sans doute
à l’inspiration de ce beau pays qu’il fut redevable
de son goût pour la poésie et du caractère de son
talent. L’étude n’cxerça aucune influence sur les
directions que suivirent ses idées. Son père était
maréchal de camp ordinaire des armées du roi,
et t’on peut conjecturer avec raison que le chantre
des bergeries reçut une éducation toute militaire.
Il avait même tant d’aversion pour la langue
latine, qu’il ne put jamais, dit-on, retenir le
Con/ireor. Mais son jeune csjàrit, fécondé par les
images gracieuses que lui 0 rait la terre natale,
avait senti le besoin et deviné l’art des vers.
ltacan n’attendait qu’une occasion pour être
poëte. Le hasard lui fit trouver cette occasion
dans un séjour et dans un emploi où l’oo en
trouve ordinairement de toutes contraires. En
1605 il devint page de la chambre du roi. Placé
comme tel sous les ordres du duc de Bellegarde,
quelques liens de parenté qui l’attachaient é
l épouse du duc lui ouvrirent un libre accès dans
la maison de ce seigneur illustre, que le bon
Henri avait chargé alors de prendre llalherbe
pour commensal. Il était dans la destinée de
lalherbe. après avoir été le premier réformateur
de la poésie française, de créer encore des poëtes
français. Une de ses odes devait révéler I la
Fontaine le secret de son génie ; et lui-rnéme il
Z I ill
forma nacan par des leçons vivantes, et pour
alnsl dire parla pratique. Bientôt on ne distingua
us ni le disciple n le maître. ltlvaux et touours
amis, leur tendre attachement dura, sans
a moindre altération, jusqu’à la mort de Malherbe,
arrivée en [M8. Cette lialson sl honorable
pour tous deux ne se bornait pas a des
rapports littéraires. nevenant de Culs ou ll
avait servi au sortir des pages, Raean, inquiet
de la manière dont il devalt désormais régler
sa vie et s’établir dans le monde, pria Malherbe
de lui tracer un plan de conduite qui put obtenir ;
Vapprobation universelles On sait comment Italherbe
répondit en lui coulant l’ingénieux apologue
du Pogge, dont la Fontaine, qui s’est empare
de cette anecdote, a fait depuis sa belle fable intitulée
leulleunier, son Bla et l’dnc. llacan passe
pour avoir été un des seigneurs les plus galants
d’une cour qui s’était formée a l’école de Henri IV.
Il se maria l’âge de trente-neuf ans. En 165 !,
il perdit un fils âgé de seize ans, qui mourut
page de Mademoiselle, et dont il fit lui-même
épitaphe dans un sonnet. llacan fut un des premiers
membres de l’Académie française. Celul de
ses ouvrages qui eut le plus de vogue et devint le
fondement de sa réputation, c’est la pastorale des
Bergeriet. dont le titre est encore cité quelquefois,
mais qu’on ne lit plus guère. Fontenelle a dit qu’avant
Corneille le viol réussissait dans les pièces de
Hardy. Racan a fait de ce moyen antidramatique
un des incidents de son bizarre ouvrage où, Il
côté des ssages les plus monstrueux, se trouvent
quelquefois des vers d’une grâce naïve et
enjouée. La pièce de llacari la plus connue de
nos jours, est celle qui commence par cette
shnœ :
£."’.’.F.É’. ;JÈiî’ ;’î.."î !.’.îî.’i, I{{er}},2lâJî, .îii’.’î.î2 ; ine,
t ;â::::·.:::·: g·1 ::··:: g ::1 :**.g :%.*.1°.1 : ;* ; ;
Errer au gré des venu noaare net vagabonde ;
Il Clt knpa de jouit du délices du port.
On remarque dans toutes les stances un heureux
choix d’images et une légère teinte de mélancolie.
On est surtout frappé de la singulière perfection
de style qui s’y soutient d’un bout à I autre.
Rien ne pmuve mieux combien le choix même
des mots dépend du degré de vérité dans l’émotion.
Racan, sous l’inspiration d’une heureuse et
forte idée, écrit avec une élégance et une pureté
que Malherbe se plaignait de trouver trop rarement
dans ses veus. Presque pas une expression
qui ait vieilli. Il est vrai que le génie de Racan
ne le sert jamais mieux que lorsqu’il s’aglt de
peindre la rapidité de la vie, l’inconstance de la
fortune, le néant de la gloire. Parmi les autres
productions de ce poëte, nous signalerons a la
curiosité moderne un discours contre les sciences.
prononcé à l’Académie française le 9 julllet
1635. Bien qu’en général Racan tiràt assez volontiers
vanité de son ignorance, et aücctat en
homme de cour un dédain chevaleresque pour
t<section end="RACAN" />
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/214
|
{{nr|208|REVUE DES DEUX MONDES.}}accordé à la musique ; on pourrait se plaindre parfois qu’il lui refuse trop aussi. Il ne reconnaît d’influence et de beauté morale que dans les rythmes et les mélodies :
:Dans l’ordre successif des sons aigus et graves, non dans leur production simultanée ; la consonance n’a pas de caractère moral ({{lang|grc|οὐκ ἔν τῆ μίξει : ἀλλ’ ἡ συμφωνία οὐκ ἔχει ἦθος}}).
Une telle restriction, — qui surprend le musicien moderne, — n’avait rien que de naturel, étant données les bornes de la musique antique. Deux élémens, le rythme et la mélodie, la constituaient presque tout entière. Elle ignorait, ou ne faisait que soupçonner l’harmonie et l’instrumentation, ces deux autres élémens dont l’apparition et le développement ont renouvelé, sinon renversé les conditions de notre art. Au point de vue de l’''éthos'' instrumental, c’était peu de chose que des flûtes et des lyres. Il a fallu que l’orchestre moderne se formât, que la nature lui donnât, en quelque sorte, pour la mêler à notre âme, son âme tout entière, celle de ses métaux et de ses bois. Alors naquit la psychologie des timbres, dont l’étude aujourd’hui serait aussi vaste, aussi féconde que celle des rythmes ou des mélodies.
Quant à l’harmonie, si pauvre qu’elle fût alors (ne comportant jamais plus de deux sons), elle n’était peut-être pas dépourvue de tout pouvoir expressif ou sentimental. Aristote a beau dire que « la consonance n’a pas de caractère moral, » à peine l’a-t-il dit qu’il semble sinon se contredire, au moins se reprendre, et qu’il ajoute :
:Nous prenons plaisir aux accords consonans, parce que la consonance est une fusion d’élémens opposés, ayant entre eux un certain rapport. Or, un rapport proportionnel, c’est l’ordre, que nous avons déjà dit être conforme à notre nature. Au reste, une substance mélangée est plus agréable qu’une substance pure ; surtout lorsqu’il y a pour la perception sensorielle une juste proportion entre les deux élémens opposés.
N’est-ce pas là consacrer, dans une certaine mesure, le caractère moral des consonances ? Que dis-je ! c’est en quelque sorte prévoir celui des dissonances elles-mêmes ; c’est deviner l’''éthos'' futur de l’harmonie tout entière. On sait quelles en sont aujourd’hui l’étendue et là puissance, et qu’après le domaine ou l’ordre des notes successives, la musique a conquis et prodigieusement accru celui des notes simultanées. Qu’il soit de Palestrina, de Bach ou de Mozart, de Beethoven ou de Wagner, un accord, une
<references/>
|
Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/15
|
{{tiret2|indi|quant}} l’effort continu de la pensée ; ses cheveux, d’un noir
mat, commençaient à blanchir aux tempes ; il était correctement
vêtu de noir et portait à une boutonnière de sa
redingote la rosette de la Légion d’honneur.
Son fils, bien qu’il eût à peine vingt ans, en paraissait
au moins vingt-cinq ; il avait près de six pieds, sa taille,
élégante et admirablement prise avait cette souplesse
gracieuse que donne la force, toute sa personne avait un
indicible cachet de distinction, malgré cette apparence
athlétique ; ses traits fiers, énergiques, éclairés par de
grands yeux noirs pleins de feu, respiraient à la fois l’intelligence,
la loyauté et une volonté indomptable ; son nez
était droit, un peu fort, aux narines transparentes et mobiles ;
sa bouche un peu grande, admirablement meublée,
bordée de lèvres rouges à demi cachées sous une longue
moustache soyeuse et brune, avait un sourire d’une douceur
infinie ; son menton carré et un peu avancé dénonçait
son origine basque ; bref, sa physionomie, essentiellement
caractérisée, attirait le regard et éveillait la sympathie.
Ce jeune homme portait dans toute sa pureté pittoresque
l’élégant costume basque, c’est-à-dire qu’il était vêtu
de velours bleu ; un foulard, noué à la Colin et passé
dans un anneau d’or orné d’un magnifique diamant, laissait
voir son cou nerveux comme celui de l’Antinoüs, en
laissant retomber le col de sa chemise de batiste, d’une
blancheur immaculée ; son gilet rouge était serré aux
hanches par une ceinture de soie de même couleur, dans
laquelle était passé un couteau catalan pliant ; il avait les
pieds chaussés de sandales en cordes, nommées dans le
pays ''spartianac'', qui ne sont autres que les ''alpargattas''
espagnoles ; son béret bleu garni d’un long gland de soie
floche, coquettement posé sur l’oreille, laissait échapper
en foule les boucles brunes, molles et soyeuses de son
opulente chevelure, qui tombaient jusque sur ses épaules ;
il tenait de la main droite l’inévitable bâton à crosse, en
bois de néflier, dont les Basques ne se séparent jamais.
Le père et le fils causaient sans remarquer que le {{tiret|so|leil}}
<references/>
|
Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/11
|
PREFACE
Cher Monsieur Glaser,
Votre fonction consiste à passer chaque semaine la
revue de toutes les formes de l'esprit français. Vous
rendez compte à peu près de tous les livres qui parais-
sent, surtout des ouvrages d'agrément. Pour suivre
le mouvement de notre librairie, ou mieux de la mode
littéraire au jour le jour, il faut lire vos chroniques du
Figaro. Et si l'on cherche à se faire une idée d'ensem-
ble, on doit consulter vos recueils, dont voici le tome
neuvième. Où en est la pensée française? Je me le
demandais en vous feuilletant. Il me semble qu'on
méprise l'anarchie; elle a cessé de satisfaire les âmes,
en même temps que les idées élevées et les grandes
œuvres retrouvent de la popularité. Il est passé, le
temps où des êtres inférieuis pouvaient tirer gloire
de se révolter contre les chefs-d'œuvre de notre race.
Certes, chacun de nous possède au fond de son être
quelque instinct qui l'empêche de vivre, tout d'abord,
avec les hautes œuvres. Il nous faut nous surmonter.
Par exemple, il nous faut de la volonté pour vivre
auprès d'un Pascal. Que chacun de nous refasse en
esprit le chemin par lequel il est parvenu à s'appro-
cher de la pensée de ses maîtres. C'est une suite de
véritables efforts, l'effet d'une amélioration morale,
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/753
|
la couche de sable fut entraînée par la mer, et le câble, ballotté sur
les roches, fut bientôt coupé; il fut réparé et, pour prévenir le retour
de cet accident, scellé aux rochers avec des crampons de fer. Un
autre accident eut lieu, huit mois plus tard, à 7 kilomètres au large
de Portland, sur un fond de roc où, par 40 mètres de profondeur,
le câble était roulé par les courans de marée. Cette portion fut relevée, réparée et reportée sur un fond de sable voisin. En d’autres
endroits, l’enveloppe de fer fut promptement oxydée, étant successivement immergée et mise à sec par le flot de marée ; ailleurs le
câble s’enfonça dans la vase, qui rongeait l’enveloppe ; ailleurs il
était recouvert de zoophytes et de végétations marines qui produisaient le même effet. Enfin, et ceci ne peut être qu’une négligence
de l’ingénieur ou des employés, une décharge d’électricité atmosphérique eut lieu dans le fil conducteur et y produisit un défaut d’isolement très grave.
On ne peut voir dans tous ces accidens que la preuve d’un mauvais choix du conducteur. Il est clair que de tels échecs ne peuvent
faire désespérer de la télégraphie océanique. Récemment le grand
câble de Weymouth à Alderney a été détruit sans que nous sachions
par quelle cause et ne paraît pas avoir été réparé. Un conducteur
immergé entre Jersey et Coutances fait communiquer les îles de la
Manche avec le continent.
Nous arrivons à la grande ligne de la Mer-Rouge et de l’Océan-Indien, celle de toutes qui, après le câble transatlantique, mérite la
plus sérieuse étude. Deux tracés étaient également praticables pour
joindre les Indes à l’Europe : l’un par Alexandrie, Suez, la Mer-Rouge et l’Océan-Indien, l’autre par la vallée de l’Euphrate, Bassorah et le Golfe-Persique. La Mer-Rouge paraissait peu propice
à l’établissement d’une ligne télégraphique. Cette mer, isolée des
grands courans océaniques qui mêlent incessamment les eaux tièdes
de l’équateur aux eaux froides des régions polaires, est en quelque
sorte une chaudière à évaporation continue. Le fond est rocailleux et
produit beaucoup de coraux. D’un autre côté, la vallée de l’Euphrate
n’était pas assez tranquille pour la sécurité des communications télégraphiques, et puis le gouvernement turc se serait sans doute réservé l’exploitation des lignes entre Constantinople et Bassorah. Or les
Anglais tenaient avant tout à s’assurer avec les Indes une communication aussi indépendante que possible du contrôle des pays traversés. Ce dernier motif, joint à l’utilité plus grande d’une ligne suivant
le trajet ordinaire des correspondances postales, fit sans doute préférer la voie de la Mer-Rouge. Dans l’hiver de 1856 à 1857, MM. Lionel Gisborne et Forde obtinrent des gouvernemens turc et égyptien
l’autorisation d’établir une ligne télégraphique à travers l’Egypte et
<references/>
|
Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/146
|
n’est donc point par souci de l’égalité des droits de la
femme que le congrès a adopté cette formule ; sa galanterie
n’a point pour mobile un idéal de justice, mais
un sentiment de défense.
Les socialistes de Tours ont pris cette formule de
justice comme moyen de déguiser le fond de leur
pensée.
Puis ils continuent plus franchement, disant :
« La femme mariée sera bannie de l’atelier ». Mais ils
n’ont pas dit que l’homme prenait l’engagement de
subvenir d’autant plus complètement à ses besoins
qu’il rapporterait sa paie intégrale à la maison. Ils
bannissent la femme mariée de l’atelier, cependant
elle fait, dans beaucoup de manufactures, des travaux
pour lesquels les hommes seraient fort maladroits. Si
son salaire, ajouté à celui de l’homme, permet, au
ménage, non seulement plus d’aisance, mais encore
l’épargne, l’assurance pour les vieux jours, par quelle
tyrannie les socialistes de Tours lui défendront-ils
de mieux vivre et de commencer à acquérir un capital,
en se donnant de la peine ?
Et si l’homme éprouve un chômage, et si l’homme
ne subvient pas complètement aux besoins du ménage,
ils interdisent à la femme mariée d’intervenir,
et ils rejettent tout le ménage à la mendicité de la
rue ou du bureau de bienfaisance ! Singulière manière
de comprendre la dignité du travailleur !
En revanche, comme compensation, les socialistes
de Tours assurent « qu’elle jouira des mêmes droits
que l’homme, et qu’elle sera émancipée politiquement. »
En proclamant ses droits, ils oublient le premier
<references/>
|
Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/398
|
ditz sieurs députez mesmes prirent la pêne d’en
escrire eux mesmes chacun une copie, pour icelle
envoier en toute diligence chacun en sa province.
Ce discours particulièrement m’envoya promptement
monsieur du Plessis à Paris pour iceluy faire voir à
noz plus confidens amys, et à messieurs de l’Eglize
de Paris, premier que le faire imprimer ; lesquelz
aussy le jugèrent très nécessaire, et en tesmoignage
d’approbation trouvèrent bon que quelques lignes
fussent adjoustées en teste du dit discours, par lesquelles
il apparust que les Eglises en faisoient leur
cause propre.
Ce discours envoya monsieur du Plessis imprimer
à la Rochelle, et à moy me remit le soin de le faire
imprimer ou à Paris ou en tel autre lieu que j’adviseroy,
portant touteffois impatiemment que je tardasse
là pour la crainte qu’il avoit que l’affection
que j’apportay à cest affaire et le courroux du Roy
qui s’augmenta depuis qu’il sceut monsieur du Plessis
party, ne me causast quelque inconvénient. Car
il est certain que comme le Roy vit qu’il s’estoit retiré, désespéré de l’avantage qu’il s’estoit promis de
ceste action, parce qu’il jugeoit bien que monsieur
du Plessis ne s’en pouvoit taire, il en montra une
animosité qui ne se pouvoit estancher, ne rencontrant
personne de la Religion à qui il ne s’en dégorgeast,
et prenant à partie tous ceux qui tant soit
peu taschoient de l’addoucir. Tellement que quelques
uns de noz meilleurs amys de ce advertyz,
monsieur le Duc de Bouillon mesme, ayant veu ce
discours, envoya exprès vers monsieur du Plessis,
l’exhortant à se contenter d’escripre ce qui {{tiret|concer|noit}}
<references/>
|
Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/509
|
prendre parti, quelques-uns comme mariniers, et beaucoup
même comme forçats.
Verrina fit couler adroitement, dans les compagnies de la
ville, quinze ou vingt soldats qui étoient sujets du comte, et en
gagna d’autres de la garnison. Il se fit promettre par les plus considérés
et les plus entreprenans d’entre le peuple toutes sortes
d’assistances pour exécuter, leur disoit-il, un dessein particulier
qu’il avoit contre quelques-uns de leurs ennemis. Calcagno et
Sacco travailloient de leur côté avec beaucoup de diligence et de
soin ; et il me semble que l’on ne peut mieux exprimer l’adresse
avec laquelle ces quatre personnes conduisirent cette entreprise,
qu’en disant qu’ils y engagèrent plus de dix mille hommes
sans en découvrir le véritable sujet à aucun.
Les choses étant ainsi disposées il ne manquoit qu’à choisir le
jour pour les exécuter : à quoi il se trouva quelques difficultés.
Verrina étoit d’avis que l’on priât à une nouvelle messe André
et Jeannetin Doria, et Adam Centurione, avec ceux de la noblesse
qui étoient les plus affectionnés à ce parti. Il s’offroit de les
tuer lui-même. Cette ouverture fut aussitôt rejetée par le comte,
qui conçut une telle horreur de cette proposition, qu’il s’écria
que jamais il ne consentiroit à manquer de respect au mystère le
plus saint de notre religion, pour faciliter le succès de son dessein.
L’on proposa ensuite de prendre l’occasion des noces d’une
sœur de Jeannetin Doria avec Jules Cibo, marquis de Masse,
beau-frère du comte ; et l’on trouvoit que l’exécution en seroit
facile dans cette rencontre, parce que Jean-Louis auroit le prétexte
de faire un festin à tous les parens de cette maison, et la
commodité entière de les perdre tous à la fois. Mais la générosité
du comte s’opposa encore à cette noire trahison, ainsi que beaucoup
de personnes l’assurent, et qu’il est aisé à croire d’un
homme de son naturel, quoique les partisans de Doria aient publié
qu’il avoit résolu de se servir de ce moyen, si une affaire qui
engagea ce même jour Jeannetin à un petit voyage hors de Gênes ne
lui en eût fait changer la pensée. Enfin après plusieurs délibérations,
la nuit du second jour de janvier fut choisie pour cette
entreprise, et en même temps les ordres nécessaires furent donnés
pour cet effet avec beaucoup de conduite ; Verrina, Calcagno et
<references/>
|
Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/94
|
— Dieu vous a bien éprouvée, madame.
Elle soupira :
— J’avais un petit enfant... Lui aussi...
Ses paupières battaient, M. de Chanteprie, ému, se
reprochait de ne savoir rien dire... Fanny, veuve
désolée, malheureuse, ne l’effrayait plus : il aurait
souhaité lui exprimer sa sympathie, mais une invincible
pudeur lui ferma la bouche. Et il se trouva
ridicule et sot.
La jeune femme secoua la tête, comme pour écarter
un souvenir.
— Dans ce monde où j’ai vécu, et que vous
ne connaissez pas, il y avait assurément quelques
prétendus catholiques. Je songeais à eux, tout
à l’heure, en vous écoutant, et je faisais la comparaison...
Oui, il y avait des artistes qui se disaient
« mystiques » ; c’étaient des chevaliers du Graal, des
âmes de cygne, des rose-croix. Mon père s’en amusait...
Il y avait aussi des catholiques par convenance,
par tradition, qui vivaient en francs païens, je vous
assure... Mon père les méprisait.
— Moi aussi, je les méprise, dit Augustin. Mais
comment des gens, qui ont la foi, peuvent-ils vivre
dans un pareil monde, et, s’ils n’ont pas la foi, pourquoi
se disent-ils chrétiens ?
— Croyez-vous que des gens du monde peuvent
conserver intacte leur foi ?
— C’est difficile, mais Dieu garde ceux qu’il a
choisis.
Il pensait : « Et vous, madame, avez-vous la foi ? »
La terrible question brûlait ses lèvres.
— Je m’étonne, reprit-il, que l’évidence de la vérité
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 69.djvu/81
|
fois par le physicien anglais Wheatstone et que M. Helmholtz a mise au-dessus de toute contestation, présente à l’esprit je ne sais quoi de singulier qui d’abord choque l’esprit. Cela tient à ce que la voix humaine est, de tous les sons, celui que nous sommes le moins habitués à analyser. Il ne nous vient jamais à l’esprit de considérer une émission de voix autrement que comme une chose ''simple ;'' nous sommes trop habitués à l’écouter avec d’autres préoccupations que les sons ordinaires ; pour nous, la voix a une valeur symbolique, représentative, une expression qui en déguise la nature purement matérielle. Aussi, malgré l’extrême complexité harmonique de la voix humaine, elle se dérobe à l’analyse plus que les sons de tout autre instrument, et les résonnateurs artificiels sont ici particulièrement nécessaires. La richesse de la voix dépend, on le comprend aisément, de l’état de la glotte et surtout de la fermeture plus ou moins hermétique de cet orifice. Le moindre rhume irrite les lèvres de l’anche et altère la qualité des sons. À une glotte qui ferme mal correspond une voix terne, sourde, pauvre ; quand les ligamens vocaux débordent et battent l’un contre l’autre, le timbre devient dur et rauque. Un infiniment petit fait ces voix enchanteresses dont le charme victorieux nous procure de si vives jouissances.
Au moment où la voix naît sur les lèvres tremblantes de la glotte, elle se compose d’une série de vibrations accordées sur une longue série d’harmoniques. Si rien ne la modifiait, les notes supérieures diminueraient graduellement d’intensité en s’écartant de la note fondamentale, : et c’est bien ce qui arrive à peu près lorsqu’on chante la bouche grande ouverte, et que par conséquent le résonnateur buccal agit avec le moins d’efficacité ; mais quand on diminue l’orifice de ce résonnateur et qu’on en modifie la forme, soit à l’aide des lèvres, soit à l’aide de la langue, il se produit une véritable sélection parmi les harmoniques ; celles dont la vibration peut s’accorder avec les dimensions nouvelles du résonnateur s’accusent fortement, les autres sont étouffées, et c’est ainsi qu’est modifié le timbre de la voix. Le professeur de philosophie de M. Jourdain n’était pas si sot quand il expliquait doctement à son élève étonné de quelle façon il faut remuer la bouche et la langue pour prononcer les diverses voyelles.
Il n’est pas difficile de découvrir quelles sont les vibrations appropriées au résonnateur humain dans les diverses formes qu’il peut prendre, et il importait de le chercher pour savoir quelles sont les notes qui donnent, qu’on me permette le mot, la couleur aux diverses voyelles. Tenez un diapason vibrant devant la bouche, et il résonnera plus fort quand la vibration buccale sera d’accord avec
<references/>
|
Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/218
|
— Dès que le jour a paru, j’en ai fait l’inspection moi-même,
Monsieur.
— Vous avez vu les pierres, les gibernes et les baïonnettes, je
pense ?
— Rien n’a été oublié, Monsieur. – Vous rappelez-vous, capitaine,
l’affaire à laquelle nous avons pris part près du Fort
Duquesne ?
— Vous voulez parler de la défaite de Braddock, je suppose
Joyce ?
— Je n’appelle pas cela une défaite, capitaine Willoughby. On
nous a rudement traités ce jour-là, mais je ne puis dire que ce fut
une défaite. Il est vrai que nous avons été repoussés et que nous
avons perdu des armes et des bagages ; mais enfin nous nous
sommes ralliés sous notre étendard. Non, Monsieur, je ne puis
pas appeler cela une défaite.
— Vous avouerez au moins que nous fûmes pressés de la bonne
manière, et qu’il aurait pu nous en arriver bien pis sans le secours
d’un certain corps colonial qui arrêta bravement les sauvages.
— Oui, Monsieur, je le reconnais. Je me souviens de ce corps ;
et celui qui le commandait était, avec la permission de Votre, Honneur,
un colonel Washington.
— C’est vrai, Joyce. Et savez-vous ce qu’est devenu ce même
colonel Washington ?
— Je n’ai jamais pensé à m’en informer, Monsieur, car c’était
un provincial. J’ose dire qu’il aurait pu commander un régiment
ou même une brigade alors, et l’un ou l’autre auraient été bien
dirigés.
— Vous n’y êtes pas tout à fait, Joyce ; c’est maintenant un
général en chef.
— Vous voulez plaisanter, capitaine, le général en chef vit
encore.
— C’est Washington qui conduit l’armée américaine dans la
guerre contre l’Angleterre.
— Hé bien, Monsieur, ils remporteront vite des avantages alors ;
je ne doute pas qu’un si bon soldat ne sache se faire obéir.
— Pensez-vous qu’il ait eu raison d’embrasser la cause des
Américains ?
— Je ne pense rien là-dessus, Monsieur. Celui qui a pris du
service avec le congrès, comme ils appellent le nouveau quartier
<references/>
|
Mirbeau - Théâtre III.djvu/271
|
L’amour est partout... son mystère circule au long des avenues invisibles, sous les fourrés, dans les clairières... et son souffle agite les branches... à peine... C’est délicieux !... {{didascalie|(Montrant le banc — avec attendrissement.)}} Et voici un banc, un vieux banc, pas trop moussu, pas trop verdi... un très vieux banc de pierre, large et lisse comme une table d’autel... un autel où se célèbreraient les messes de l’amour...
{{didascalie|(Il déclame.)}}
{{c|...J’aime les bancs de pierre, le soir, au fond des bois.}}
{{didascalie|(Un temps.)|d|2}}
... Mesdames, Messieurs, quand le rideau se lève sur un décor de théâtre où se dresse un banc à droite près d’un arbre, d’une fontaine, ou de n’importe quoi, c’est qu’il doit se passer inévitablement une scène d’amour... Ai-je besoin de vous révéler que tout à l’heure, parmi cette nuit frissonnante, — ô mélancolie des cœurs amoureux ! — l’amant, selon l’usage, viendra s’asseoir, sur ce banc, près de l’amante, et que là, tous les deux, tour à tour, ils murmureront, gémiront, pleureront, sangloteront, chanteront, exalteront des choses éternelles... {{didascalie|(Regardant à travers le parc.)}} Qu’est-ce que je disais ?... J’entends un bruit de feuilles frôlées, je vois deux ombres s’avancer lentement à travers les branches... Les voici... Comme ils sont tristes !...
{{AN|(Entrent lentement l’amant et l’amante. Ils sont tristes tous les deux... L’amante est emmitouflée de dentelles, l’amant est en smoking... Dès qu’ils ont apparu, le Récitant salue le publie et sort, à reculons, discrètement.)|fs=85%}}
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/588
|
l’aimable et savant P. Delattre, qui voulut bien m’entretenir, me prodigua les paroles rassurantes. Quelques jeunes Pères Blancs, qui rentraient de Tunis, nous crièrent, en passant sous le préau :
— C’est fini I Tout est tranquille !
Et puis, comme je sortais du couvent, j’aperçus un agent de police et quelques soldats qui venaient se mettre en faction au sommet de la colline de Byrsa. Je demandai ce que signifiait cet appareil belliqueux. Un prêtre, qui me suivait, me dit :
— Il paraît que les Arabes de Sidi-Bou-Saïd vont attaquer Carthage, à quatre heures ! On vient d’avertir, par téléphone, le receveur des postes !
Etait-ce donc vrai ? Comme au temps de Salammbô, les Barbares étaient en marche contre Carthage ?... Pourtant, rien de suspect ne se décelait aux alentours ! Pure imagination sans doute, ou simple menace prise au sérieux par des gens épouvantés ! Il n’y avait, au bas de la colline, qu’une noce indigène, qui s’avançait dans un tapage assourdissant de noubas et de tambourins.
Mais, quand nous arrivâmes en gare de La Goulette, une bande d’Arabes cerna le tramway électrique, en brandissant des matraques. Les portières claquaient, les glaces s’abaissaient fébrilement : « Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que c’est encore ? »
— C’est la révolution ! me dit le conducteur du train, un Italien, qui était blême de peur.
Au bout de dix minutes de clameurs et d’effroi, le train démarra je ne sais comment, tandis que le conducteur, mal remis de son émotion, nous contait :
— Hier, ''ils'' nous ont tiré des coups de fusil. Le wattman a failli être tué ! Tous les voyageurs se couchaient sous les banquettes !...
Là-dessus, nouvel affolement dans le wagon. Chacun cherchait un abri derrière les portes de communication. Certains voulaient descendre, exigeaient qu’on arrêtât le train. Ce fut ainsi jusqu’à Tunis.
Sans doute, nous pouvions lire sur les murs de la ville le texte en trois langues d’un décret promulgué par Son Altesse le Bey, « possesseur du Royaume de Tunis, » lequel prohibait les attroupemens sur la voie publique et le port des armes « apparentes ou secrètes. » Mais, pour assurer l’exécution de ce beau
<references/>
|
Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/176
|
dans un corridor. Puis, comme il se désespérait, il était tombé sur deux chambres, étroites à la vérité, mais dans un bon hôtel, l’hôtel des Apparitions, un des mieux fréquentés de la ville. Les personnes qui les avaient retenues venaient de télégraphier que leur malade était mort. Enfin, une chance inouïe, dont il semblait tout égayé.
Onze heures sonnaient, le lamentable cortège se remit en marche, par les places, par les rues ensoleillées ; et, quand elle fut à l’Hôpital de Notre-Dame des Douleurs, Marie supplia son père et le jeune prêtre d’aller déjeuner tranquillement à l’hôtel, puis de se reposer un peu, avant de revenir la prendre vers deux heures, au moment où l’on devait reconduire les malades à la Grotte. Mais, à l’hôtel des Apparitions, après le déjeuner, les deux hommes étant montés dans leurs chambres, M. de Guersaint, brisé de fatigue, s’endormit d’un si profond sommeil, que Pierre n’eut pas le cœur de le réveiller. À quoi bon ? sa présence n’était point indispensable. Et il retourna seul à l’Hôpital, le cortège redescendit l’avenue de la Grotte, fila le long du plateau de la Merlasse, traversa la place du Rosaire, au milieu de la foule sans cesse accrue, qui frémissait et se signait, dans la joie de l’admirable journée d’août. C’était l’heure glorieuse d’un beau jour.
De nouveau installée devant la Grotte, Marie demanda :
— Mon père va nous rejoindre ?
— Oui, il se repose un instant.
Elle eut un geste, disant qu’il avait bien raison. Et, d’une voix pleine de trouble :
— Écoutez, Pierre, ne venez me chercher que dans une heure, pour me conduire aux piscines... Je ne suis pas assez en état de grâce, je veux prier, prier encore.
Après avoir désiré si ardemment être là, une terreur l’agitait, des scrupules la rendaient hésitante, au moment
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/42
|
<center>V. — DU STATUT EUROPÉEN DE L’ALLEMAGNE</center>
L’Europe de 1648, l’Europe de 1814-1815, était un système fondé sur le droit des traités qui avait pour principe la raison et pour moyen l’équilibre. Désorganisée par l’ascension de la dynastie militaire prussienne, cette Europe n’en a pas moins subsisté, pour ainsi dire, à l’état latent. En la débarrassant d’une encombrante superfétation, on la retrouve dans ses cadres anciens : c’est le bénéfice naturel d’un retour au ''statu quo ante''.
Cependant, il est impossible à l’histoire de remonter son cours et d’en revenir soit à l’année 1866, soit, mieux encore, à cette année 1848, où la Diète de Francfort délibérait sur la meilleure constitution à donner à l’Allemagne réalisant son unité. Depuis lors, les faits et les idées ont marché. Pour construire une bonne Allemagne, sagement articulée au dedans et au dehors, il faut tenir compte des événemens du passé, certes, et des enseignemens qu’ils apportent, mais aussi des faits récens et des habitudes nouvelles. Il n’entre dans la pensée de personne d’anéantir les populations allemandes ni même de porter atteinte à leur liberté. La limite précise de l’intervention de l’Europe est celle de sa propre sécurité.
Depuis l’année 1848, l’Europe, réalisant le vœu de la Révolution française, a cherché la formule de son évolution dans un principe ignoré des siècles antérieurs, le « principe des nationalités. » Quoique le monde politique ait vécu, depuis près d’un siècle, sur ce principe, il est presque impossible de le définir avec une suffisante précision : c’est un « lieu commun, » un truisme à peu près insaisissable, comme beaucoup de truismes qui, parce qu’ils sont acceptés sans discussion, laissent de la marge à l’imprécision et au rêve.
La ''nationalité'' suppose, chez des peuples unis ou séparés, un certain nombre d’aspirations communes, résultant soit d’une parenté d’origine, soit de l’habitat géographique, soit d’une certaine communauté de langage, de mœurs, d’éducation, de religion, etc. L’idée de ''nationalité'' est plus large et plus floue que l’idée de ''nation''. La nation a des contours mieux définis et une volonté de vie commune plus forte. Mais l’analogie entre les mots, une interprétation plus ou moins exacte de certains événemens historiques (par exemple le partage de la Pologne,
<references/>
|
Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/702
|
EXPOSITION DE LONDRES
Deuxième saison
DE MAI A OCTOBRE 1872
L’Exposition de Londres, qui a maintenant atteint toute sa splendeur, présente, à qui lit les éloges prodigués par les journaux anglais à notre haute industrie de luxe parisienne, la préface authentique de l’Exposition de Lyon. Par intérêt ou par caprice, c’est l’Angleterre que, cette année, Paris préfère éblouir.
Nous profitons de l’instant qui nous reste avant la solennité du parc de la Tête-d’Or, pour nous rendre en grande hâte dans le verdoyant quartier de Kensington, et tromper quelque peu l’impatience publique.
Muni des Catalogues et du Guide Officiel, nous avons pris le train de marée de la gare du Nord à Charing-Cross, ne quittant de l’œil ces documents que sur le bateau de Boulogne à Folkestone, pour regarder la mer pendant une heure. Quelle admirable route de terre, suivie par les deux lignes de chemins de fer française et anglaise, nous omettons de voir ! Mais nous savons, maintenant, ce que nous allons étudier et ce que nous allons ne pas étudier; et c’est moins en touriste qu’en amateur préparé, que nous alignerons sur notre carnet les notes suivantes. Avant tout, donnons-leur pour titre ce cri dont les gamins, vendeurs de livrets, nous rebattent les oreilles aux abords du palais : PIow to see the Exhibition in one visit. « La façon de voir l’Exposition dans une visite. »
Peu importe par où nous soyons entrés et si je vous ai violemment arrachés à votre première admiration devant des objets de provenance reconnue : vous êtes, avec moi, lecteurs, dans les jardins de la Société Royale d’Horticulture, qui occupent le centre des constructions de l’Exposition. Je ne vous laisserai pas, non plus, vous attarder, dans ce parterre, avec un étonnement dont je devine la cause. « Cela un jardin anglais ! » dites-vous. « Mais que sont devenus les accidents nécessaires du
<references/>
|
Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/507
|
{{tiret2|ca|rabine}}, Bois-Rosé était à deux pas, couvrant d’un {{corr|reregard|regard}}
d’une profonde tendresse le groupe des deux
jeunes gens.
C’était la réalisation de son rêve dans l’îlot de Rio-Gila.
« Oh ! mon père, s’écria douloureusement Fabian,
me pardonnerez-vous d’avoir été vaincu ?
– Qui ne l’eût été à votre place, mon Fabian bien-aimé ?
dit en souriant le Canadien.
– J’ai trahi mes serments, reprit Fabian ; je vous
avais promis de ne plus aimer que vous. Pardon, mon
père.
– Enfant, qui implores un pardon quand c’est à
moi de le demander ! dit Bois-Rosé. Vous avez été plus
généreux que moi, Fabian. Jamais lionne qui arrache
son lionceau des mains des chasseurs ne l’a emporté au
fond de sa tanière avec un amour plus sauvage que je
ne vous ai arraché aux habitations pour vous entraîner
dans le désert. J’y étais heureux, parce qu’en vous se
concentraient toutes les affections de mon cœur ; j’ai
pensé que vous deviez l’être aussi. Vous n’avez pas murmuré,
vous avez sacrifié sans hésiter les trésors de votre
jeunesse. C’est moi qui n’ai pas voulu qu’il en fût ainsi,
et je n’ai encore été qu’égoïste au lieu d’être généreux :
car, si le chagrin vous eût tué, je serais mort aussi.
– Que voulez-vous dire ? s’écria Fabian.
– Ce que je veux dire, enfant ? Qui a épié votre
sommeil pendant de longues nuits, pour lire sur vos
lèvres les secrets désirs de votre cœur ? C’est moi. Qui
a voulu accompagner jusqu’à cet endroit l’homme que
votre intervention m’avait fait sauver des mains des
Apaches ? Qui l’a envoyé vers cette belle et gracieuse
jeune fille, savoir s’il y avait dans son cœur un souvenir
pour vous ? C’est encore moi, mon enfant, car votre
bonheur m’est mille fois plus précieux que le mien.
Qui vous a persuadé de tenter cette dernière épreuve ?
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/859
|
aussi radicale ? Un exemple très curieux, qu’il nous sera permis de généraliser, va nous donner une réponse affirmative.
Nous rencontrons à Oudjda Ali-ben-Maïmoune, âgé de cinquante-cinq ans, qui est précisément un ancien nomade de la catégorie que je viens de décrire. Après une jeunesse orageuse, des meurtres nombreux, des razzias fructueuses, Ali-ben-Maïmoune s’est rangé. Fatma, que nous voyons à ses côtés, a fixé le volage qui avait eu successivement six épouses, dont deux sont mortes et les autres ont été répudiées. Fatma, bien conservée malgré ses quarante printemps, est une femme intelligente et une bonne maîtresse de maison. Le ménage a un fils marié, âgé de dix-neuf ans, Mohammed, vivant avec ses parens, une fille de dix-sept ans, mariée depuis deux ans à Taza, une fille de douze ans et une fille de sept ans.
Ali-ben-Maïmoune, se trouvant par suite d’héritage propriétaire de deux maisons, de quatre magasins, ainsi que de champs qu’il loue et d’un jardin potager, qu’il cultive, a un revenu régulier de 1 800 francs. Ce serait déjà l’aisance pour des gens qui dépensent très peu, mangent deux fois de la viande par semaine et ne boivent que de l’eau ; mais Ali-ben-Maïmoune ajoute à ce revenu le produit d’un petit commerce auquel il se livre à ses momens perdus. Il va acheter à Géryville, Tiaret et Tlemcen des couvertures qu’il revend à Oudjda.
Notre Fra Diavolo converti, qui, avant trente-cinq ans, n’avait guère travaillé, car la maraude n’est pas un travail, s’est transformé tout à coup en petit rentier, vivant bourgeoisement, cultivant son jardin, et faisant un peu de commerce. Il n’a même plus de fusil.
Il me dit quelle satisfaction il éprouve aujourd’hui en dormant sans souci, quand le soir la porte de la rue est close, tandis qu’autrefois, sous la tente, il vivait dans une alerte perpétuelle, reposant peu et se nourrissant mal.
Cet homme, qui a pratiqué le vol à main armée, n’a pas pour cela la mentalité de nos apaches : il considérait le brigandage comme un sport très noble, personne ne lui ayant appris à discerner le bien du mal. Ce sont les circonstances et non une évolution morale qui l’ont amené à adopter un nouveau genre d’existence.
Depuis qu’il a quitté la tente, il a fait un séjour en Oranie,
<references/>
|
Jaurès - Les Preuves.djvu/121
|
ouvrir cette piste par un faux, si l’on avait déjà des soupçons graves contre Esterhazy ? Et si on n’avait pas à cette époque la moindre connaissance d’Esterhazy, par quel miracle la piste ouverte par un faux conduira-t-elle précisément à un homme dont l’écriture ressemble « effroyablement » à celle du bordereau ?
La vérité, c’est qu’à cette date, personne aux bureaux de la guerre, personne non plus parmi ceux qui croyaient à l’innocence de Dreyfus, n’avaient la moindre connaissance d’Esterhazy.
Personne ne pouvait donc songer à fabriquer un faux destiné à le perdre. Ce faux était inutile dans tous les cas. Il était inutile s’il n’y avait pas d’autres charges contre Esterhazy ; il était inutile aussi s’il y avait d’autres charges.
<div align="center">'''V'''</div>
Enfin, voici qui coupe court à toute controverse. Depuis deux ans, depuis l’automne de 1896, depuis que le colonel Picquart, en enquêtant sur Esterhazy, a découvert qu’il était l’auteur véritable du bordereau, le traître véritable, des haines effroyables se sont abattues sur le colonel Picquart.
Les bureaux de la guerre, responsables de l’enquête contre Dreyfus et de la condamnation d’un innocent, ont juré une haine sans merci à l’homme qui, en découvrant leur erreur, humiliait leur amour-propre et compromettait leur avenir.
La haute armée, exaspérée par le rude coup qu’un officier portait à l’infaillibilité militaire, est acharnée à le perdre.
La réaction cléricale et antisémite, qui, il y a quatre ans, a saisi le juif Dreyfus comme une proie et qui ne veut pas le rendre, dénonce le colonel Picquart comme un malfaiteur public.
Les gouvernants, incapables de résister à l’opinion
<references/>
|
Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/276
|
— Elle n’est pas longue, mais elle est émouvante, répondit-il sur le même ton.
— Bon ! est-ce qu’il y a eu du grabuge ?
— Pas trop ; mais assez. Le père la Dèche a dévissé son
billard.
— Comment ! il est mort ?
— Oui, nous avons eu la douleur de le perdre ; il gigotte, à c’te heure, dans les filets de Saint-Cloud.
— Bon ! comment cela est-il arrivé ?
— Dame ! comme ça arrive généralement, il a voulu
estourbir le bourgeois de la rue Bénard, tu sais ?
— Oui, oui ! va toujours.
— C’est un rude gars tout d’méme ! Il a étranglé net le
père la Dèche, voilà ! C’est pas plus malin que ça !
— Tant pis pour lui. Passons à autre chose de plus
réjouissant.
— T’as raison, ma vieille, d’autant plus qu’c’est d’sa
faute ; j’lui avais cependant bien dit. Pour lors, j’m’avais
collé avec mon camaro dans l’renfoncement d’une échoppe
de libraire de la cour des Fontaines ; j’avais légèrement
déboulonné la devanture, de façon à tout voir sans être
aperçu. Vers une heure du matin, arrive le bourgeois de
Montrouge avec un autre qui marchait derrière lui ; mais
celui-la était un simple passant, il a continué sa route et
a pris la rue d’Valois. Le bourgeois, lui, s’était arrêté,
après avoir reluqué de tous les côtés. N’voyant personne,
— c’était pas l’moment d’crier not’nom sur les toits, — le
bourgeois se mit à siffler d’une certaine façon ; une fenêtre s’ouvrit à une maison faisant l’angle à droite de la
cour, et un homme cria : « C’est-y vous ? — Oui, a répondu le bourgeois, descendez, j’peux pas monter. — Je
viens, a dit l’autre. » Pour lors la f’nétre s’est r’fermée,
et au bout de cinq minutes, l’homme de la maison est
sorti. « V’nez, a dit l’bourgeois, ne restons pas là. » Ils
sont venus alors se planter juste sous l’renfoncement où
nous étions cachés. J’aurais pu les toucher en étendant
les bras ; c’était d’la chance.
<references/>
|
Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/118
|
{{tiret2|pro|priété}} dont cette vapeur jouit de perdre tout ressort, ou
de se précipiter quand on la refroidit ;
Moyens divers, et plus ou moins avantageux, d’opérer ce refroidissement.
Personne ne contestera que ce soient là les traits
principaux des machines en usage. Or, j’ai prouvé que
les deux premières idées appartiennent à Papin. Reconnaître
la vérité de ma démonstration, c’était mettre fin
au débat, c’était avouer que les Français sont entrés
pour une très-grande part dans l’invention de la machine
à vapeur. Aussi s’est-on bien gardé de me faire cette
concession. Cependant la publication de Papin est incontestablement
antérieure de plusieurs années aux publications
de Savery, de Newcomen et de Cawley ; la discussion
n’était pas soutenable sur ce terrain-là, et M. Ainger, qui
sans doute l’a reconnu, en a choisi un tout différent : il a
décidé que la découverte de Papin se trouverait, coûte
que coûte, dans un auteur plus ancien, et c’est Héron
d’Alexandrie qu’il a choisi. Il est bien vrai que par là on
faisait une nouvelle et large brèche à cette assertion : « La
machine à feu n’est due qu’à des Anglais ; » mais le désagrément
était comparativement peu de chose, dès qu’on
parvenait à exclure tous les noms français. Examinons
donc les nouveaux titres d’Héron, découverts par M. Ainger.
« Dans un autre appareil d’Héron, dit M. Ainger, EF
(fig. 12) est un globe à moitié rempli d’eau qui se convertit
en partie en vapeur (''wich is partly converted into vapour'') quand on l’expose au soleil. De là résulte sur la
surface de l’eau une pression qui fait monter ce liquide le
<references/>
|
Annales de mathématiques pures et appliquées, 1824-1825, Tome 15.djvu/292
|
{{c|<math>\frac{\operatorname{Sin}.A}{\operatorname{Sin}.a}=\frac{\operatorname{Sin}.B}{\operatorname{Sin}.b}=\frac{\operatorname{Sin}.C}{\operatorname{Sin}.c}.\qquad(ii)</math>}}
On peut tirer la même chose de la formule (''I''). Elle donne en effet,
{{c|<math>
\left.
\begin{align}
&\operatorname{Sin}.C\operatorname{Sin}.A\operatorname{Cos}.b=\operatorname{Cos}.B+\operatorname{Cos}.C\operatorname{Cos}.A,\\
&\operatorname{Sin}.A\operatorname{Sin}.B\operatorname{Cos}.c=\operatorname{Cos}.C+\operatorname{Cos}.A\operatorname{Cos}.B\,;
\end{align}
\right\}\quad(40)
</math>}}
{{SA|d’où, en ajoutant et retranchant successivement,}}
{{c|<math>
\begin{align}
&\operatorname{Sin}.A(\operatorname{Sin}.C\operatorname{Cos}.b+\operatorname{Sin}.B\operatorname{Cos}.c)=(1+\operatorname{Cos}.A)(\operatorname{Cos}.B+\operatorname{Cos}C),\\
&\operatorname{Sin}.A(\operatorname{Sin}.C\operatorname{Cos}.b-\operatorname{Sin}.B\operatorname{Cos}.c)=(1-\operatorname{Cos}.A)(\operatorname{Cos}.B-\operatorname{Cos}C)\,;
\end{align}
</math>}}
{{SA|ce qui donne, en multipliant membre à membre et simplifiant}}
{{c|{{Taille|<math>\operatorname{Sin}.^2C\operatorname{Cos}.^2b-\operatorname{Sin}.^2B\operatorname{Cos}.^2c=\operatorname{Cos}.^2B-\operatorname{Cos}.^2C=\operatorname{Sin}.^2C-\operatorname{Sin}.^2B\,;</math>|95}}}}
{{SA|ou bien, en transposant,}}
{{c|<math>\operatorname{Sin}.^2B\left(1-\operatorname{Cos}.^2c\right)=\operatorname{Sin}.^2C\left(1-\operatorname{Cos}.^2b\right)\,;</math>}}
{{c|<math>\operatorname{Sin}.^2B\operatorname{Sin}.^2c=\operatorname{Sin}.^2C\operatorname{Sin}.^2b\,;</math>}}
{{SA|ce qui donne, par l’extraction des racines et la permutation des lettres,}}
{{c|<math>\frac{\operatorname{Sin}.a}{\operatorname{Sin}.A}=\frac{\operatorname{Sin}.b}{\operatorname{Sin}.B}=\frac{\operatorname{Sin}.c}{\operatorname{Sin}.C}\,;\qquad(II)</math>}}
{{SA|double égalité qui revient à celle que nous avons trouvée plus haut.}}
En éliminant <math>\operatorname{Cos}.b</math> entre les deux équations (39), mettant pour
<references/>
|
Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/28
|
que de quinze mille abeilles ; il y en a certainement de bien plus nombreux ; ce seroit toujours quarante-cinq mille abeilles, qui auroient toutes une mère commune. Toutes ces jeunes abeilles ne partent pas avec les essaims ; il en reste toujours pour remplacer celles qui meurent ou de vieillesse, ou par accident : celles qui naissent dans le courant de l’année, lorsque la saison de la sortie des essaims est passée, ne quittent point l’habitation ; elles réparent les pertes journalières que fait la république par la mort de ses citoyennes ; celles qui demeurent peuvent former un nombre aussi grand que celui d’un essaim ; une mère-abeille donne par conséquent naissance, au moins, à soixante mille abeilles.
C’est un calcul très-facile à faire que celui de trouver le nombre des abeilles qui composent un essaim. M. de Réaumur, dont on peut être assuré de l’exactitude, a pesé des abeilles, & il a trouvé que 336 donnoient le poids d’une once ; par conséquent 5376 celui d’une livre de seize onces. Pour connoître le poids d’un essaim, il faut peser la ruche avant de l’y recevoir : quand il y est, il faut encore la peser ; l’excédent qu’on trouvera la seconde fois sur son premier poids, sera celui de l’essaim. Une bonne ruche, comme il a été dit, peut donner trois essaims : s’ils sont forts, ils doivent peser cinq à six livres ; il y en a qui en pèsent huit ; ils sont rares, il est vrai. Selon le calcul que nous venons d’indiquer, un essaim de six livres sera composé de 32256 abeilles ; une ruche qui en donne trois, fournit par conséquent une population de 96768 abeilles qui sont toutes provenues de la même mère. Il est vrai que, lorsque M. de Réaumur a calculé combien il falloit d’abeilles pour le poids d’une livre, il en a pris qui étoient mortes, qui pesoient sans doute moins que si elles avoient été vivantes ; mais quand il y auroit un tiers à diminuer, le nombre seroit toujours très-considérable.
{{t3|{{sc|''Des Faux-Bourdons.''}}|CHAPITRE III.}}
{{t4|''Description des Faux-Bourdons.''|{{sc|Section première.}}}}
Les anciens naturalistes ont très-peu observé les faux-bourdons ; ils pensoient sans doute qu’un être oisif & fainéant, qui consommoit le fruit des travaux des abeilles, ne méritoit pas qu’un philosophe s’occupât de lui : {{img float|file=Rozier - Cours d’agriculture, tome 1, pl. 1 fig2.png|align=left|width=90px}} la plupart les ont traités avec tant de mépris, qu’ils ne les appelloient que des êtres imparfaits : s’ils avoient connu leur organisation particulière, ils auroient eu plus de considération pour eux, & ne les auroient pas regardés comme de vils esclaves que les ouvrières, au rapport de Pline, chargeoient des travaux les plus pénibles, & les punissoient de mort quand ils ne s’en acquittoient pas.
On distingue aisément les faux-bourdons, de la reine & des autres abeilles : leur corps est moins long que celui de la reine, & plus gros que celui des ouvrières, (''Fig. 2, Planche 1'') leur tête est arrondie, & leurs yeux à {{corr|reseaux|réseaux}}, beaucoup plus grands que ceux des ouvrières, se touchent au-dessus de la tête où
<references/>
|
Scribe - Théâtre, 9.djvu/406
|
{{PersonnageD|UN DES CONVIVES de la gauche|c|à Frédéric, en lui montrant Canivet.}}
Quel est donc ce monsieur ?
{{PersonnageD|FRÉDÉRIC|c|à demi-voix.}}
C’est M. Saint-Martin, fameux capitaliste, qui
demeure ici près, {{di|(Tous les convives se lèvent et saluent Canivet)}}
et j’ai pensé que c’était une connaissance utile à vous
faire faire.
{{Personnage|TOUS LES CONVIVES.|c}}
{{PersonnageD|SAINT-EUGÈNE|c|à Canivet.}}
Je me suis placé à côté de vous, pour que nous
puissions causer ensemble, et parler raison.
Oui ; que les principes trouvent au moins un refuge
dans notre coin.
{{PersonnageD|SAINT-EUGÈNE|c|à Canivet.}}
Vous ne mangez pas ?
Je n’ai pas faim.
Ni moi non plus ; mais il faut faire comme tout le
monde.
{{PersonnageD|CANIVET|c|présentant son assiette.}}
En ce cas, donnez-moi quelques truffes.
{{PersonnageD|FRÉDÉRIC|c|à Canivet.}}
Vous ne buvez pas ?
Je n’ai pas soif.
Ni moi non plus ; c’est égal, il faut faire comme
tout le monde. {{di|(Il remplit son verre et celui de Canivet)}}
<references/>
|
Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/349
|
cyniquement à ses convives d’exécrables principes... tu as craint pour les jours de cet homme... tu t’es élancé sur moi... l’arme que je portais est partie par hasard... de là tout le tumulte...
— Vous êtes indulgent, Claude ; mais je me reprocherai d’avoir pu, dans ma folle épouvante, vous croire capable d’un meurtre... vous... vous, Claude !
— Je jure Dieu, qui nous entend, mon enfant, — dit le braconnier d’une voix solennelle, — qu’emporté par une indignation légitime, je voulais seulement, à la face des convives de Duriveau, lui donner un dernier et redoutable avertissement, et lui crier : Repens-toi, repens-toi, il en est temps encore... et...
— Avez-vous besoin de me jurer cela ? — s’écria Martin, en interrompant le braconnier, — vous Claude, meurtrier, vous...
— Un jour viendra où je serai à la fois juge et vengeur... — dit le braconnier d’une voix sourde, — j’userai d’un droit terrible... mais meurtrier... jamais.
— Je le sais, Claude, — répondit Martin profondément ému ; — oh ! il a fallu, je vous le répète, que je fusse frappé de vertige pour concevoir de telles craintes ; mais la violence des paroles du comte, les justes motifs de votre haine contre lui...
— Tout-à-l’heure, nous parlerons du comte, — dit le braconnier d’une voix brève, — ta mère ?
— Je n’ai pu la voir encore, — répondit Martin avec un abattement douloureux ; — j’ai craint pour elle une impression trop vive. La personne chez qui elle a été transportée avant-hier, m’a fait savoir ce matin que l’état de ma pauvre mère n’avait pas du moins empiré.
<references/>
|
Encyclopedie Planches volume 5.djvu/293
|
{{tiret2|ba|quets}} & de leurs paniers. V T chaudieres non garnies. 1 & 2 piliers qui supportent le manteau de la hotte de la cheminée. 10, 10 le manteau. 10, 9, 9, 10 la hotte construite en briques. 9, 8, 8, 9 la cheminée qui donne issue aux vapeurs de l'évaporation; la cheminée qui donne issue aux fumées, est adossée à celle-ci, comme on le voit fig. 1. I porte de communication de la raffinerie avec l'attelier de la crystallisation. M M cet attelier. N porte de communication à l'attelier, où on met égoutter les bassins, après en avoir décanté l'eau-mere.
PLANCHE III.
La vignette représente l'intérieur de l'attelier de la raffinerie, les quatre chaudieres & la hotte qui les recouvre. G porte de communication du magasin du brut avec la raffinerie. a treuil à cable pour enlever les chaudieres de dessus leurs fourneaux lorsqu'il y a quelques réparations à y faire. 10, 10 le manteau de la cheminée supporté par les poteaux. 1 & 2, 10, 9, 9, 10 la hotte de la cheminée. T & X les deux chaudieres où les ouvriers travaillent.
Fig. 1. Ouvrier qui après avoir puisé le salpêtre dans la chaudiere avec la cuiller nommée puisoir, le verse dans une bassine pour être transporté par deux autres ouvriers dans les bassins de l'attelier de la crystallisation, c'est pour cela que la bassine a deux anses, elle est posée sur un baquet ou autre support convenable.
2. Ouvrier qui ayant enlevé avec l'écumoire le sel marin crystallisé au fond de la chaudiere, le verse dans le panier qui est au-dessus pour qu'il s'égoutte dans la chaudiere; l'opération d'écumer se fait de même avec l'écumoire, mais on verse les écumes dans le baquet, d'où on les transporte sur une ci-viere ou brouette sur les terres des fosses de la salpêtrerie, pour y étant mêlées servir à les amander.
1. Rable de fer servant à débraiser le fourneau. c a b crochet du rable. c d la tige. d la douille qui reçoit le manche de bois d e.
2. Fourche de fer ou pincette servant à attiser le feu & à enfoncer le bois. a c les deux fourchons. b e l la tige. d la douille. d e manche de bois qui y est reçu.
3. Pelle de fer, a c b la pelle. b d la tige. d la douille qui reçoit le manche d e qui est de bois; ces trois outils qui servent aux tisarts des fourneaux sont dessinés sur une échelle double.
4. Puisoir dont se sert l'ouvrier fig. 1. de la vignette, cet outil est de cuivre rouge & il est emmanché de bois.
5. Ecumoire dont se sert l'ouvrier fig. 2. de la vignette, elle est aussi de cuivre rouge & emmanchée de bois.
6. Bar servant à porter l'eau de la pompe ou réservoir dans les chaudieres; cet instrument est de bois.
7. Bassine servant à transporter le salpêtre dans les bassins où on le laisse crystalliser, ce vase est de cuivre rouge.
8. Bassin de cuivre rouge dans lequel on transvuide les bassines, on recouvre les bassins avec des ronds de bois pour laisser refroidir lentement ce qui favorise la crystallisation.
PLANCHE IV. Plans & Coupes d'un des Fourneaux.
1. & 2. Plans du fourneau.
La fig. 1. représente la moitié du plan du fourneau au niveau de son âtre, par lequel on voit qu'il est construit en briques. A C B C le tisart par lequel on met le bois. A B largeur du tisart de quatorze pouces. B D ou A C sa longueur. DGEFC circonférence du foyer ou de l'âtre. E i k h projection d'une des ventouses ou soupiraux.
La fig. 2. représente la moitié du plan au niveau de l'ouverture qui reçoit la chaudiere. F I K H projection d'une des ventouses, cheminées ou soupiraux pour diriger la flamme autour de la chaudiere; il y a des fourneaux qui n'en ont qu'une. 2 est le plan d'un des deux poteaux qui soutiennent la hotte de la cheminée qui recouvre les chaudieres.
3. Coupe verticale du fourneau par un plan perpendiculaire qui passe par le milieu du tisart. X niveau du sol au-devant des tisarts. A C G niveau de l'âtre. A a, C c hauteur du tisart de vingt pouces. C c, G g hauteur du foyer. c d, g f hauteur de la capacité elliptique qui environne la chaudiere sans y toucher, comme la ligne ponctuée le fait connoître. d l f m hauteur de la partie conique renversée qui s'applique à la chaudiere & lui sert de support. n n niveau du sol de la raffinerie. F I K H ventouse, cheminée ou soupirail, par lequel sort la fumée qui est conduite au-dehors par la cheminée 5, 7 dans la fig. 1. de la Planche II.
PLANCHE V.
1. Chaudiere du fourneau représenté dans la Planche précédente avec ses appartenances; la chaudiere a intérieurement six piés de diametre & cinq de profondeur, elle est de cuivre rouge. a b c d les quatre anneaux rivés qui servent à enlever & à placer ou déplacer la chaudiere sur son fourneau. A B, C D les deux barres de fer que l'on met en travers sur la chaudiere pour supporter le baquet aux écumes E & le panier au sel E.
2. Fragment du sol de l'attelier M M M Planche premiere où se fait la crystallisation. On place sur le sol des bassins de cuivre rouge, dans lesquels on transvuide le salpêtre qui est apporté dans la bassine, on couvre ensuite ces bassins avec des ronds de bois composés de doubles planches, dont le fil s'entre-croise pour plus de solidité; on charge ces ronds avec d'autres bassins que l'on recouvre de même, & ceux-ci d'un troisieme & dernier rang aussi recouverts de ronds de bois, ce qui fait la hauteur à laquelle les ouvriers peuvent porter commodément leur bassine; on étouffe soigneusement les joints pour conserver la chaleur de la dissolution concentrée, & favoriser par un refroidissement insensible l'arrangement des parties du salpêtre qui se crystallise par refroidissement.
3. Fragment de l'attelier O O O de la Planche premiere nommé égouttoir, on voit les bassins dont on a décanté l'eau-mere couchés deux-à-deux sur les recettes, dans lesquelles on les laisse s'égoutter, ils sont chacun soutenus par un coin de bois; les recettes qui sont des baquets enterrés au niveau du sol, sont quelquefois doublés de cuivre. On voit en A une recette vuide, & en B la cuiller qui sert comme d'une écope pour relever la liqueur qui s'y est écoulée.
4. Fragment du sol de l'attelier Q R S S Planche premiere, dans lequel on arrange les pains de salpêtre au sortir des bassins pour les faire sécher; ces pains ont à l'extérieur la forme de l'intérieur des bassins d'où ils sortent, & l'intérieur est creux, traversé d'aiguilles de salpêtre en différens sens, comme le comporte l'arrangement spontané de la crystallisation; les pains de salpêtre, après avoir séché, sont mis dans des tonneaux pour être portés aux moulins à poudre, & être employés à sa fabrication que l'on trouvera dans les Planches suivantes.
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/830
|
Il y avait deux moyens possibles : le chemin de fer, la route.
Que permettait, d’abord, de réaliser le réseau ferré ?
Cette étude n’était pas nouvelle, car, dès le printemps de 1917, on s’était préoccupé de la possibilité d’amener des renforts du front français au front italien<ref>C’était le général Foch qui était désigné pour prendre, éventuellement, le commandement d’une armée française en Italie. On avait discuté déjà le choix de la base, Milan ou Turin, dont l’installation serait nécessaire à l’entrée en action de cette armée. </ref> ; des reconnaissances de détail avaient même été faites pour l’organisation de la ligne de communication, particulièrement par le lieutenant-colonel Payot, alors chef d’État-Major chargé de la Direction de l’Arrière au G. Q. G. et qui, devenu directeur de l’Arrière en 1917, allait prendre la responsabilité de l’organisation d’ensemble de tous les transports et de tous les ravitaillements de cette nouvelle armée d’Italie<ref>Rattachée administrativement au G. Q. G. français. </ref>. — On ne saurait donc parler de surprise dans le problème des mouvements à réaliser par voie ferrée ; mais ce qui était inattendu, c’était précisément le caractère de rapidité de la réalisation.
Or, il n’y a que deux voies ferries, celle de Modane-Bardonnèche-Bussoleno, et celle de Menton-Vintimille-Savone, qui permettent d’établir deux courants de transports entre la France et l’Italie. Il était donc, — premier point, — mathématiquement impossible de dépasser ''une certaine densité'' de transports : il y avait un maximum de tonnage et de vitesse. Et c’est pourquoi, auprès de la voie ferrée, tout autre moyen devait être bon. De plus, — second point, — la densité même de ces courants était encore réduite de ce fait qu’il était absolument nécessaire de réserver un certain nombre de trains au trafic normal : ''ceux qui portaient le charbon'' pour les chemins de fer italiens.
Ce que firent les chemins de fer, dans cette circonstance, est hors du cadre de la présente étude. Nous devons dire seulement ici que, dès le 29 octobre, au soir, 12 000 wagons, rassemblés en 24 heures, commençaient à embarquer les divisions françaises en arrière du front de Champagne, et leurs rames se
<references/>
|
Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/710
|
LUC, {{sc|Evangile de saint}}, (''Théol''.) nom d’un
des livres canoniques du nouveau Testament, qui
contient l’histoire de la vie & des miracles de Jesus-Christ, écrite par saint ''Luc'', qui étoit syrien de nation,
natif d’Antioche, medecin de profession, &
qui fut compagnon des voyages & de la prédication
de S. Paul.
Quelques-uns, comme Tertulien, ''liv. IV. contre Marcion, ch. v''. & S. Athanase ou l’auteur de la synope
qu’on lui attribue, enseignent que l’''évangile de S. Luc'' étoit proprement l’évangile de saint Paul ; que
cet apôtre l’avoit dicté à S. ''Luc ;'' & que quand il
parle de son évangile, comme ''Rom. xj. 16. & xvj. 25. & II. Thessalonic. xj. v. 13'', il entend l’''évangile de S. Luc''. Mais S. Irenée, ''liv. III. ch j''. dit simplement
que ''S. Luc'' rédigea par écrit ce que S. Paul prêchoit
aux nations, & S. Grégoire de Nazianze, que cet
évangéliste écrivit appuyé du secours de S. Paul. Il
est certain que S. Paul cite ordinairement l’''évangile de S. Luc'', comme on peut voir ''I. Cor. xj. 23. 24 & 25, & I. Cor. xv. v. 5''. Mais S. ''Luc'' ne dit nulle part
qu’il ait été aidé par S. Paul ; il adresse son évangile,
aussi bien que les actes des apôtres, à un nommé
''Théophile'', personnage qui n’est pas connu, & plusieurs
anciens ont pris ce nom dans un sens appellatif
pour un homme qui aime Dieu. Les Marcionites ne
recevoient que le seul ''évangile de S. Luc'', encore le
tronquoient-ils en plusieurs endroits, comme l’ont
remarqué Tertullien, ''liv. V. contra Marcion. &'' saint
Epiphane, ''hæres. 42''.
Le style de S. ''Luc'' est plus pur que celui des autres
évangélistes, mais on y remarque plusieurs expressions
propres aux juifs hellenites, plusieurs traits qui
tiennent du génie de la langue syriaque & même de
la langue grecque, au jugement de Grotius. ''Voyez la préface'' de dom Calmet sur cet évangile. Calmet,
''Dictionn. de la Bible''.
<section end="LUC, Evangile de saint"/>
<section begin="LUCANIE, la"/><nowiki/>
LUCANIE, {{sc|la}}, (''Géogr. anc'') région de l’Italie
méridionale, nommée ''Lucania'' par les Romains, &
{{lang|grc|Λευκανία}} par les Grecs.
Elle étoit entre la mer Tyrrène & le golfe de Tarente, & confinoit avec les Picentins, les Hirpins,
la Pouille & le Brutium. Le Silaris, aujourd’hui le
Silaro, la séparoit des Picentins ; le Brodanus, aujourd’hui le Brandano, la séparoit de la Pouille ; le
Laus, aujourd’hui le ''Laino'', & le Sibaris, aujourd’hui la ''Cochile'', la séparoient du Brutium.
Pline, ''liv. III. ch. v''. dit que les Lucaniens tiroient
leur origine des Samnites. Elien rapporte qu’ils
avoient une belle loi, laquelle condamnoit à l’amende
ceux qui refusoient de loger les étrangers qui arrivoient
dans leurs villes après le soleil couché ;
cependant du tems de Strabon ce peuple étoit tellement
affoibli, qu’à peine ces mêmes villes, si bonnes
hospitalieres, étoient-elles reconnoissables. Le P.
Briet a tâché de les retrouver dans les noms modernes ;
mais c’est assez pour nous de remarquer en
général que l’ancienne ''Lucanie'' est à-présent la partie
du royaume de Naples qui comprend la Basilicate
(demeure des anciens Sybarites), la partie méridionale
de la principauté citérieure, & une petite portion
de la Calabre moderne.
Il y a un grand nombre de belles médailles frappées
dans les anciennes villes de cette contrée d’Italie : il faut lire à ce sujet Goltzius, Nonnius, & le
chevalier Marsham. (''D. J''.)
<section end="LUCANIE, la"/>
<section begin="LUCAR"/><nowiki/>
LUCAR, s. m. (''Hist. anc''.) l’argent qu’on dépensoit
pour les spectacles, & sur-tout pour les gages
des acteurs Ce mot vient de ''locus'', place, ou ce
que chaque spectateur payoit pour sa place. Le salaire
d’un acteur étoit de cinq ou sept deniers : Tibere
le diminua. Sous Antonnin, il alla jusqu’à sept ''aurei ;''
il étoit défendu d’en donner plus de dix : peut-être
faut-il entendre que sept ou cinq ''denarii'' furent le{{DeuxColonnes}}
salaire du jour ou d’une représentation ; & sept ou
dix ''aurei'', le mois. On prenoit les frais du fisc, &
ils étoient avancés par ceux qui donnoient les jeux.
{{sc|Luçar}}, ''San, cap'', (''Géog''.) cap de l’Amérique septentrionale
dans la mer du Sud ; ce cap fait la pointe
la plus méridionale de la Californie. Nous savons
que sa ''longitude'' est exactement {{angle|258|3|0|d}}.
{{sc|Lucar}} ''de'' {{sc|Barrameda}}, ''San'', (''Géogr''.) ville &
port de la mer d’Espagne dans l’Andalousie, sur la
côte de l’Océan, à l’embouchure du Guadalquivir,
sur le penchant d’une colline.
Les anciens ont nommé cette ville ''{{lang|la|Lux dubia, phosphorus sacer}}'', ou ''{{lang|la|Luciferi fanum}}''. Son port est également bon & important, parce qu’il est la clé de Seville, qui en est à 14 lieues ; & celui qui se rendroit
maître de ''Saint Lucar'' pourroit arrêter tous les navires
& les empêcher de monter. Il y a d’ailleurs une
rade capable de contenir une nombreuse flotte. ''Long. 11. 30. lat. 36. 50''.
{{sc|Lucar}} ''de'' {{sc|Guadiana}}, ''San'', (''Géog''.) ville forte
d’Espagne dans l’Andalousie, aux confins de l’Algarve
& du Portugal, & sur la rive orientale de la Guadiana. ''Long. 10. 36. lat. 37. 20''.
{{sc|Lucar}} ''la'' {{sc|Mayor}}, ''San'', (''Géogr''.) petite ville
d’Espagne dans l’Andalousie, avec titre de duché &
de cité depuis 1636. Elle est sur la Guadiamar, à 3
lieues N. O. de Seville. ''Long. 12. 12. lat. 37. 25''.
(''D. J''.)
<section end="LUCAR"/>
<section begin="LUCARIES"/><nowiki/>
LUCARIES, ''Lucaria'', s. f. pl. (''Littérat''.) fêtes
romaines qui tomboient au 18 Juillet, & qui prenoient
leur nom d’un bois sacré, ''Lucus'', situé entre
le Tibre & le chemin appellé ''via salaria''. Les Romains
célébroient les ''lucaries'' dans ce lieu-là, en mémoire
de ce qu’ayant été battus par les Gaulois, ils s’étoient
sauvés dans ce bois & y avoient trouvé un heureux
asyle. D’autres tirent l’origine de cette fête des offrandes
en argent qu’on faisoit aux bois sacrés, &
qu’on appelloit ''luci''. Plutarque observe que le jour de
la célébration des ''lucaries'' on payoit les comédiens
des deniers qui provenoient des coupes réglées qu’on
faisoit dans le bois sacré dont nous parlons. (''D. J'')
<section end="LUCARIES"/>
<section begin="LUCARNE"/><nowiki/>
LUCARNE, s. f. (''Architect''.) espece de fenêtre
sur une corniche dans le toît d’un bâtiment, qui est
placée à plomb, & qui sert à donner du jour au dernier
étage. ''Voyez'' {{EncL|Fenêtre|FENÊTRE|F|6}} ''& nos Pl. de Charp''.
Ce mot vient du latin ''lucerna'', qui signifie ''lumiere''
ou ''lanterne''.
Nos architectes en distinguent de différens genres,
suivant les différentes formes qu’elles peuvent avoir.
''Lucarne quarrée'', celle qui est fermée quarrément
en plate bande, ou celle dont la largeur est égale à la
hauteur.
''Lucarne ronde'', celle qui est cintrée par sa fermeture,
ou celle dont la base est ronde.
''Lucarne bombée'', celle qui est fermée en portion de
cercle par le haut.
''Lucarne flamande'', celle qui, construite de maçonnerie,
est couronnée d’un fronton & porte sur l’entablement.
''Lucarne damoiselle'', petite ''lucarne'' de charpente qui
porte sur les chevrons & est couverte en contre auvent
ou triangle.
''Lucarne à la capucine'', celle qui est couverte en
croupe de comble.
''Lucarne faîtiere'', celle qui est prise dans le haut
d’un comble, & qui est couverte en maniere de petit
pignon fait de deux noulets.
<section end="LUCARNE"/>
<section begin="LUCAYES, les"/><nowiki/>
LUCAYES, {{sc|les}}, (''Géogr''.) îles de l’Amérique
septentrionale dans la mer du Nord, aux environs
du tropique du cancer, à l’orient de la presqu’île de
la Floride, au nord des îles de Cuba & de Saint-Domingue.
Ces îles, qu’on met au nombre des Antilles, &
dont Bahama est la plus considérable, sont presque<section end="LUCAYES, les"/>
</div>
</div>
|
Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/221
|
{{tiret2|intel|ligence}} remplie de sagesse, de justice & de
bonté ; ce principe seul suffit pour conduire
insensiblement aux absurdités les plus grossières
quand on voudra se montrer conséquent.
Cela posé, tous ceux qui nous parlent de la
bonté, de la sagesse, de l’intelligence divines ;
qui nous les montrent dans les œuvres de la nature ;
qui nous donnent ces mêmes œuvres comme
des preuves incontestables de l’existence d’un
dieu ou d’un agent parfait, sont des hommes
prévenus ou aveuglés par leur propre imagination,
qui ne voyent qu’un coin du tableau de l’univers
sans embrasser l’ensemble. Enivrés du phantôme
que leur esprit s’est formé, ils ressemblent à ces
amans qui n’apperçoivent aucuns défauts dans
l’objet de leur tendresse ; ils se cachent, se
dissimulent
& se justifient ses vices & ses difformités ;
ils finissent souvent par les prendre pour des
perfections.
L’on voit donc que les preuves de l’existence
d’une intelligence souveraine, tirées de l’ordre,
de la beauté, de l’harmonie de l’univers, ne sont
jamais qu’idéales, & n’ont de la force que pour
ceux qui sont organisés & constitués d’une certaine
façon, ou dont l’imagination riante est propre
à enfanter des chimeres agréables qu’ils embellissent
à leur gré. Néanmoins ces illusions
doivent souvent se dissiper pour eux-mêmes dès
que leur propre machine vient à se déranger ; le
spectacle de la nature, qui dans de certaines
circonstances leur a paru si séduisant & si beau,
doit alors faire place au désordre & à la confusion.
Un homme d’un tempérament mélancolique,
aigri par des malheurs ou des infirmités, ne peut
<references/>
|
Mémoires de la comtesse de Boigne Tome II 1921.djvu/110
|
Le Roi était à la promenade et ne rentrerait pas de
plusieurs heures. Il trouva plus simple que nous allassions
la porter au duc de Richelieu. J’y consentis. Le duc de Richelieu nous reçut plus que froidement et me dit qu’il n’avait personne dans ses bureaux qui eût
l’habitude ni le talent d’ouvrir les lettres. Je me sentis courroucée. Je lui répondis qu’apparemment ce talent-là
ne se trouvait pas plus facilement dans ma chambre,
que ma responsabilité était à couvert, que je n’avais
pas cru pouvoir me dispenser de remettre ce document
en mains compétentes. Ce but était rempli et,
lorsque l’homme qui n’avait pas voulu être nommé viendrait
le lendemain, je lui dirais qu’elle était restée chez
un ministre du Roi. Monsieur de Richelieu voulut me la
rendre ; je me refusai à la reprendre et nous nous séparâmes
également mécontents l’un de l’autre.
Deux heures après, monsieur d’Herbouville (directeur
des postes à cette époque) me rapporta cette lettre avec
des hymnes de reconnaissance ; elle avait été ouverte et
son importance reconnue. Monsieur Decazes, ministre
de la police, vint deux fois dans la soirée sans me trouver.
Le lendemain matin, ma femme de chambre, en entrant
chez moi, me dit que monsieur d’Herbouville attendait
mon réveil ; c’était pour me dire combien les renseignements
de la veille avaient fait naître le désir de se
mettre en rapport direct avec l’homme qui les avait
procurés. Monsieur Decazes me priait d’y employer tous les moyens.
Marshall arriva à l’heure annoncée ; je m’acquittai du
message dont j’étais chargée. Il fit de nombreuses difficultés
et finit cependant par indiquer un lieu où on
pourrait le rencontrer ''par hasard''. Je crois que, par
toutes ces précautions, il voulait augmenter le prix
<references/>
|
Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/151
|
manière sensible, ou de faire
éprouver à leurs parties, des déplacemens
reconnoissables, par rapport à celles des autres
organes qui les entourent. Tous leurs mouvemens
sont intérieurs ; ils se passent dans leur
intime contexture ; et les parties qui les
éprouvent, ou qui les exécutent, sont si déliées,
que l’action s’en est jusqu’à
présent dérobée aux observations les plus
attentives, faites avec les instrumens les plus
parfaits.
Au reste, cette distinction du sentiment et du
mouvement, mais sur-tout des facultés qui s’y
rapportent, nécessaire en physiologie, et sans
inconvéniens pour la philosophie rationnelle, se
déduit de tous les faits évidens, sensibles, les
seuls sur lesquels doivent porter nos recherches
et s’appuyer nos raisonnemens : car les vérités
subtiles, infécondes de leur nature, sont
principalement inapplicables à nos besoins les
plus directs ; et l’on peut dédaigner
hardiment celles qui n’offrent pas une certaine
prise à l’intelligence.
Tous les points ci-dessus étant bien convenus et
bien éclaircis, reprenons la suite de nos
propositions.
On voit donc clairement, et cela résulte
<references/>
|
Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/153
|
française avec les richesses et les récoltes qu’ils voulaient mettre en sûreté. La veuve de Dost-Ali vint en grand appareil demander asile à Dumas, qui lui ouvrit les portes de la place et la reçut avec honneur. La femme de Chunder-Sahib prit le même chemin, et fut aussi bien accueillie. Dès que Ragodji eut appris que la colonie française recelait tant de butin, il bloqua Pondichéry en même temps qu’il faisait le siège de Trichinopoly et qu’il pillait toutes les villes sans défense. Trichinopoly ne tint pas longtemps : Chunder-Sahib, qui s’était enfermé dans cette forteresse, fut fait prisonnier et emmené par les Mahrattes à Sattara, leur capitale, en attendant une rançon ; Sabder-Ali, fils du malheureux Dost-Ali, fit la paix avec les vainqueurs moyennant le paiement de grosses sommes d’argent. Les Mahrattes, après avoir occupé le Carnatic pendant plus d’un an, retournèrent enfin dans leur pays. Pondichéry avait été tout ce temps le refuge des vaincus. Aussi Sabder-Ali se crut obligé à une marque spéciale de reconnaissance. Dès qu’il se revit en possession paisible du royaume paternel, il agrandit d’une façon notable le territoire de la compagnie française ; en même temps l’empereur mogol conférait à Dumas et à ses successeurs le titre de nahab, et lui donnait le commandement de 1,500 cavaliers équipés et entretenus aux frais de la cour de Delhi. Aucun Européen n’avait encore obtenu une telle faveur. Avec le rang de nabab, le gouverneur de la colonie française acquérait les prérogatives d’un souverain indigène vassal du Grand-Mogol. Dumas quittait Pondichéry au moment où ces honneurs venaient de lui être conférés. Il avait singulièrement accru la puissance de la colonie qu’il administrait depuis six ans. Il eut de plus la bonne fortune d’avoir pour successeur Dupleix, l’homme le plus capable de développer ces germes de prospérité.
À qui étudie l’histoire du {{s|XVII}} d’un point de vue général, Dupleix se présente comme un aventurier d’une hardiesse remarquable, mais parfois peu scrupuleux. Lorsqu’on examine ses actes de plus près, on trouve en lui l’étoffe d’un général, d’un diplomate, d’un administrateur. Doué de grands talens, placé sur un théâtre assez vaste pour user les forces du plus puissant génie, il ne lui a manqué que d’être soutenu par son pays et d’avoir des successeurs qui fussent dignes de lui. Né à Landrecies en 1697, il était fils d’un fermier-général et fut destiné dès l’enfance au commerce. Une campagne dans l’Atlantique et l’Océan indien lui inspira de bonne heure un ardent désir d’entrer au service de la
<references/>
|
Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/104
|
et si vous le désirez... mon frère, ce sera le confesseur qui vous entendra.
— Vous obéissez même aux lois... que vous n’approuvez pas ? dit M. Hardy, étonné de cette soumission.
— Mon frère, quoi que l’expérience nous apprenne, quoi qu’elle nous dévoile..., reprit tristement Gabriel, un vœu formé librement... sciemment... est pour le prêtre un engagement sacré... est pour l’homme d’honneur une parole jurée... Tant que je resterai dans l’Église... j’obéirai à sa discipline, si pesante que soit quelquefois pour nous cette discipline.
— Pour vous, mon frère ?
— Oui, pour nous, prêtres de campagne ou desservants des villes, pour nous tous, humbles prolétaires du clergé, simples ouvriers de la vigne du Seigneur ; oui, l’aristocratie qui s’est peu à peu introduite dans l’Église est souvent envers nous d’une rigueur un peu féodale ; mais telle est la divine essence du christianisme, qu’il résiste aux abus qui tendent à le dénaturer, et c’est encore dans les rangs obscurs du bas clergé que je puis servir mieux que partout ailleurs la sainte cause des déshérités et prêcher leur émancipation avec une certaine indépendance... C’est pour cela, mon frère, que je reste dans l’Église, et, y restant,
<references/>
|
Subsets and Splits
No community queries yet
The top public SQL queries from the community will appear here once available.